Tabernacle... ! Réensauvag

Tabernacle... ! Réensauvageons-nous !

Alors que beaucoup rêvent de désensauvager notre société, d’autres se prennent au contraire à espérer un réensauvagement... de la nature pour sauver ce qui peut encore l’être après l’effondrement de la biodiversité causé par les multiples pollutions que nous faisons subir à notre environnement. S’abandonner à la fatalité serait une erreur comme le montre une expérience menée au Québec.
Imaginez une île de 120 hectares au milieu du Saint Laurent. On y produisait du maïs et du soja jusqu’en 2020. Mais l’utilisation massive d’engrais et de pesticides mit à mal les populations de poissons du lac Saint Pierre situé en aval, et l’ouverture de champs de culture grignota les haies, habitat de nombreux animaux.
Nos cousins de la Belle Province décidèrent alors de redonner à ces terrains leur vocation première. « Depuis, 102 hectares de terres riches, inondées annuellement sont redevenus des prairies. Une renaturalisation dont les premiers effets ont semblé presque instantanés » se réjouit le journal local...
C’est une très bonne nouvelle : la nature reprend très vite ses droits et il y a dans cette expérience canadienne des enseignements à introduire ici et dès maintenant.
Depuis cette nouvelle orientation, les naturalistes ont en effet observé le retour des oiseaux, des insectes, de nouvelles espèces venues s’installer sur cet ilôt et sur d’autres dans les environs.
30 000 arbres aussi ont été plantés sur un chapelet d’îles du grand fleuve, et les promeneurs peuvent emprunter des chemins de randonnée en ne craignant qu’une seule mauvaise rencontre : les moustiques (maringouins en langage local). Et, tabernacle, Dieu sait qu’il n’en manque pas au pays de l’érable et des caribous !
Ailleurs, le retour en masse des rongeurs et des cerfs a cependant été mortel pour nombre de chênes, de noyers et de micocouliers fraîchement plantés : ils ont servi de "garde-manger" aux nouveaux (re)venants, faut bien vivre....
Même si l’on y met beaucoup de bonne volonté, rien n’est simple avec la nature réensauvagée. Alors autant ne pas attendre qu’il soit trop tard.
Parce que chez nous, on assiste encore à l’éradication des haies, à l’arrosage intempestif de cultures par pompage des nappes phréatiques et l’on peine vraiment à interdire dans les faits l’usage de produits que l’on sait pourtant dangereux pour l’environnement.
Expérience vécue : j’ai traversé la France en voiture début août et, au terme de 850 kilomètres, mon pare-brise était aussi propre qu’au départ. Il y a encore vingt ans, j’aurais été obligé de m’arrêter dans une station service pour le débarrasser des insectes crashés autour des essuie-glaces. C’est parmi d’autres un signe à bas bruit qui ne trompe pas sur l’effondrement de la biodiversité.

deconnecte