Expo : la petite musique des insectes géants
- Par Jean-Michel Chevalier --
- le 14 décembre 2024
« C’est leur petite taille qui fait que nous sommes incapables de nous représenter l’apparence des insectes. S’il était possible d’imaginer un mâle Chalcosoma avec son armure de bronze poli et ses encornures complexes qui aurait la taille d’un cheval ou simplement celle d’un chien, il deviendrait l’un des animaux les plus impressionnants de la planète. » Cette citation du naturaliste Charles Darwin accueille les visiteurs de l’exposition « Anima (ex) Musica, la symphonie des insectes géants » que l’on peut voir actuellement à la galerie Port Lympia de Nice.
Elle porte bien son nom puisqu’il est question à la fois de ces bestioles à six pattes et de musique : on vous explique pourquoi.
Compositions
Créée il y a presque dix ans, l’association « tout/reste/à/faire » regroupe des artistes travaillant sur le thème d’un bestiaire utopique. Ils ont réalisé pour ce projet douze maquettes d’insectes à partir de pièces d’instruments de musique hors d’usage. Ici, un plastron de contrebasse devient les élytres d’un lucane géant ; là, un piano est mis à contribution avec ses touches qui se transforment en thorax pour un cloporte, tandis que ses mécaniques entrent aussi dans de savantes compositions mélangeant ébénisterie et entomologie.
Une expo qui donne finalement autant à voir (et à s’émerveiller) à la fois du travail des artistes et de la beauté de la nature qu’à l’entendre.
Bien sûr, ces maquettes sont animées et reproduisent à leur façon les mouvements des insectes qu’elles représentent en taille XXL. Chacune des structures intègre une composition musicale dont l’orchestration renvoie aux instruments ayant servi à sa fabrication. Une musique enregistrée se déclenche au passage du visiteur, contribuant à l’étrangeté de la rencontre.
Leçon de science
Des cartons explicatifs permettent de faire mieux connaissance avec les héros de cette exposition. On apprend ainsi que la puce peut sauter jusqu’à 30 centimètres de haut
« grâce à ses pattes postérieures longues et dotées d’adaptations sophistiquées » alors qu’elle mesure seulement 1 mm pour le mâle et 1,5 mm pour la femelle. On est bien contents d’apprendre que Pulex irritans, qui contribua à la propagation de l’épidémie de peste noire et fut responsable de la mort de la moitié des Européens au XIVe siècle, a pratiquement disparu de nos jours grâce au chauffage des habitations (ce sont désormais les puces de chat qui sont responsables de la plupart des piqûres sur les humains). Un brin frimeur, le phasme goliath mesure de 12 à 14 cm pour le mâle et jusqu’à 20 cm pour la femelle. Leurs œufs sont dotés d’un petit appendice charnu, le capitulum, qui attire les fourmis. Celles-ci s’en saisissent pour les porter jusqu’à leur nid, assurant ainsi la dispersion des descendants.
Chaque bestiole est ainsi présentée, entre leçon de science naturelle et admiration pour la qualité de la restitution. On y apprend beaucoup, on s’amuse, et on ressort en se disant que la nature est bien faite puisqu’elle n’a pas donné aux insectes les grandes dimensions de leurs avatars en bois et métal.
Jean-Michel CHEVALIER
Jusqu’au 26 janvier