Moya et Ribà à Cagnes-sur

Moya et Ribà à Cagnes-sur-Mer

C’est dans la villa Barcarolle et dans ses jardins du vallon des Vaux à Cagnes-sur-Mer que le jeune Patrick Moya a conçu et réalisé ses premiers travaux et expositions. Un demi siècle plus tard, il est à l’honneur dans sa ville, au château-musée Grimaldi, dont les salles reçoivent des expositions d’art contemporain. Il y présente son univers en compagnie des sculptures de Pierre Ribà.

Cette expo préparée par la commissaire Simone Dibo-Cohen est justement intitulée «  Dualité résonnante » tant les univers des deux créateurs appartiennent à la même galaxie de l’imaginaire. Comme pourrait l’écrire un célèbre guide touristique, cette manifestation vaut à la fois le détour et aussi… la montée vers le sommet du vieux Cagnes pour arriver jusqu’au château dont les plafonds peints font écho aux œuvres présentées.

« Travailler vers l’universel »

On commence la visite au premier étage par la découverte des œuvres de Pierre Ribà, jeune homme de 92 ans, connu pour ses sculptures réalisées en carton ondulé contrecollé. Avec ce matériau utilitaire et ordinaire, cet artiste qui se définit comme un homme « lent ayant besoin de beaucoup de temps pour dire les choses » utilise « peu » et « simple ».
Il réalise un travail qui évoque en même temps le brut primitif et la sophistication épurée. « Je tends à libérer mon travail de l’anecdote, à décanter la réalité de ses scories, de ses pesanteurs. Je veux aller vers l’essentiel, m’épanouir dans la sobriété, la simplification des formes. Je cherche à travailler vers l’universel  ». Une quarantaine de ses travaux sont présentés à Cagnes. Ils peuvent évoquer les forces du passé et sont comme «  imprégnés d’un pouvoir supérieur ». Ils présentent des failles et des déchirures sculptées dans cette matière rêche qu’il fut l’un des premiers à utiliser dans l’art. « Il y a trente ans, cela n’a pas tout de suite séduit. L’utilisation du carton laissait encore les gens perplexes. Aujourd’hui, c’est totalement banal, les plasticiens utilisent n’importe quel type de matériau », explique l’artiste qui vit et travaille à Gallargues-le-Montueux dans le Gard.

Environnement futuriste et coloré

L’exposition se poursuit au deuxième étage par les travaux de Patrick Moya. On ne présente plus ce peintre, sculpteur, artiste numérique et créateur de mondes virtuels, auteur de nombreuses performances. La palette de ses talents se conjugue sur des supports variés, toujours très colorés, suggérant un environnement futuriste et coloré. Qu’il s’agisse de ses toiles ou de ses constructions en volumes, en passant par le métavers où le visiteur peut interagir, on retrouve la fraîcheur, la tendresse, la drôlerie de son monde imaginaire (on aimerait tant que ces qualités se retrouvent dans le réel). « Plasticien, performer et artiste numérique, Patrick Moya travaille en arborescence, jonglant entre œuvre réelle et mondes virtuels, dans une démarche invasive et immersive qui prend comme prétexte son nom et son image ».
Au château Grimaldi, il présente dans la clarté obscure des salles de grandes toiles représentatives de son monde dans lequel il fait si bon s’abandonner, en retrouvant un regard et une âme d’enfant, en devenant une sorte de Petit Prince.

Jean-Michel CHEVALIER

Ribà Moya – Dualité résonnante
Exposition jusqu’au 9 juin 2025
Château-musée Grimaldi

Photo de Une : Moya ©JMC