
Musique : Pierre Boulez, hirondelle du « Printemps des Arts »
- Par Marie Lesimple --
- le 1er mars 2025
Le Printemps des Arts de Monte-Carlo se réinvente à chaque édition. Du 2 mars au 27 avril, un parcours explorant la musique dans un très large éventail - ancienne et contemporaine, instrumentale, vocale, lyrique - sillonnera la Principauté. L’opéra, la cathédrale, les églises et la Bacon MB Art Fondation recevront concerts et déambulations musicales. Une excursion à Nice est aussi prévue.
Le festival est placé sous l’égide de Pierre Boulez dont on fête cette année le centième anniversaire. C’est l’occasion de tracer un ambitieux portrait du compositeur et chef d’orchestre. Un tableau de Francis Bacon illustre l’affiche pour que soit rappelée l’amitié qui unissait ces deux créateurs, malgré une certaine incompréhension que le peintre disait ressentir pour la musique. Au-delà de l’esthétique, ce tableau de Bacon illustre l’esprit du festival.
Boulez, génie protéiforme, a nourri des rapports privilégiés avec un grand nombre de compositeurs contemporains.
Le directeur artistique du « Printemps », Bruno Montovani, récemment embarqué dans cette aventure exaltante, a eu la chance de le côtoyer. Il peut en parler longuement avec affection. En artisan de ce festival qu’il souhaite « tout sauf démagogique », il se sent habilité à mettre en avant la musique contemporaine, à défendre avec conviction des créateurs qui, comme Alban Berg, que personne à l’époque ne voulait jouer et que Pierre Boulez a soutenu, ont ouvert les voies d’une musique nouvelle. Un événement parmi tant d’autres : la monumentale 8e symphonie de Bruckner, peu jouée en un seul concert, en raison de son exigence. Elle figure au programme de ce Printemps, le 13 mars, et sera interprétée par l’orchestre symphonique de Monte-Carlo.
À l’affiche également des œuvres de Luciano Berio, Karlheinz Stockhausen, André Jolivet, György Ligeti, Arnold Schönberg et Olivier Messiaen. Mais aussi des compositeurs vivants (Marc-André
Dalbavie, Philippe Manoury, Philippe Hurel, Yan Maresz, Raphaël Cendo…) et des interprètes qui, s’ils ne sont pas forcément distingués par les prix médiatisés, servent loyalement la musique et mènent des carrières internationales. Par exemple, le quatuor féminin Akilone, ou encore le jeune Thomas Hospital. Il y aura aussi des invités prestigieux, comme le BBC Symphony
Orchestra et les ballets de Monte-Carlo. Et puisqu’on en est à exalter les expressions stylistiques les plus modernes, on ne peut pas ignorer le jazz que Pierre Boulez... était loin de porter aux nues. Il y trouvait à redire : pour lui ce n’était « qu’une musique de bar, une sorte d’onanisme en public ». Mais la note bleue est tout de même invitée au festival. Pour les Niçois, une répétition commentée suivie d’un concert par l’ensemble Orchestral Contemporain au théâtre des Franciscains. Et pendant ces semaines, des projections, tables rondes, masterclasses, rencontres, immersions backstage, concerts en famille, et gratuité pour les moins de 25 ans.