Photos : Les « Black (…)

Photos : Les « Black Panthers » à Mougins

Les expositions se suivent sans se ressembler au Centre de la photographie de Mougins, même si elles sont guidées par une vraie logique. De l’approche esthétique, purement plastique, aux démarches documentaires et narratives, le public trouvera à chaque rendez-vous de nouveaux sujets à explorer. La pratique photographique contemporaine, revêt des formes très multiples, ici mises en valeur.

Après les cyanotypes rendant hommage à la nature de la Finlandaise Anna Niskanen, reçue en résidence à Mougins, après les images de Jessica Backhaus vibrantes au soleil, on passe maintenant de la lumière à l’ombre, de la couleur au noir et blanc, avec un retour documentaire sur le XXe siècle. Le titre de l’exposition estivale « Comrade Sisters/les panthères noires  » fait référence à un livre d’entretiens menés auprès de 50 femmes par Erika Huggins, une ancienne dirigeante du groupe.

Cette exposition, qui fait partie de la programmation des Rencontres d’Arles, est le premier volet d’une trilogie africo-américaine.
Elle sera suivie par les photos de Bayeté Ross Smith et de Kwame Brathwaite, en lutte pour les droits civiques.

Au cœur du mouvement

Pour Angela Davis, militantisme et activisme n’ont pas attendu le nombre des années. (© S. Shames)

Le photo-journaliste Stephen Shames plonge dans une réalité plutôt méconnue (ou déjà oubliée ?) du mouvement Black Panther Party. Des femmes en lutte dans les années 60-70 pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis, engagées aussi dans une lutte contre la pauvreté, la malnutrition des enfants, l’illettrisme, la santé. De ce côté de l’Atlantique, on a surtout retenu la figure charismatique d’Angela Davis auquel le mouvement est irrémédiablement attaché. Un moment d’histoire qu’on ne peut oublier, parce qu’il rejoint une actualité brûlante.

Le musée présente des photos très fortes, très vivantes.

Erika Huggins a réuni les témoignages des Black Panthers. (© S. Shames)

Elles constituent des documents précieux parce qu’approchant au plus près la réalité de cette époque. Étudiant blanc, Stephen Shames, s’est très tôt intéressé à la vie dans les rues du Bronx. Il avait 20 ans lorsqu’il est entré en contact avec les prémisses de ce que sera le « Black Panther Party ». C’est un photographe engagé qui s’intéresse aux questions de misère sociale, de pauvreté, notamment celle des enfants. Il a accompagné l’histoire de ce mouvement jusqu’à sa dissolution. Il s’est trouvé au cœur de l’organisation, auprès des principaux dirigeants (Bobby Seale, Gloria Abernethy, Evon
Carter, Kathleen Cleaver, et Ericka Huggins et Angela Davis
). Ces femmes vont collecter de la nourriture, organiser des campagnes de vaccination, mettre en place des petits déjeuners gratuits pour les écoliers, distribuer des journaux.

Le mouvement des Black Panthers n’était pas seulement révolutionnaire, anti-impérialiste, anticolonialiste et de revendications pour les droits civiques. Il était un mouvement d’entraide sociale, organisé en actions concrètes sur le terrain, soutenu aussi par des hommes.
© S. Shames

Visuel de Une © S. Shames