Youri Gagarine : une éternelle étoile !

Il y a soixante ans, le 12 avril 1961, Vostok 3KA décollait depuis le cosmodrome de Baïkonour à 9h07, heure de Moscou. Onze minutes plus tard, Gagarine entamait le tour de la Terre en orbite. C’était la première fois que l’homme quittait l’atmosphère terrestre. 108 minutes plus tard, le cosmonaute retrouvait sans encombre le plancher des vaches. Il faudra attendre huit ans, et que Neil Amstrong pose le pas sur le sol lunaire, pour retrouver une telle émotion à l’échelle de la planète bleue. Un vieux rêve de l’humanité venait d’être accompli, Gagarine entrait pour l’éternité dans les livres d’histoire.
Le Vostok ressemblait à une grosse ampoule de 2,30 mètres de diamètre et offrait un espace habitable de... 1,6 mètre cube. C’est dans cet espace confiné que cet aventurier a effectué cet exploit technologique à fort
relent politique. L’URSS, alors toute puissante, et les USA se livraient une guerre froide sans merci et recherchaient dans la course aux étoiles autant le prestige que de nouveaux moyens pour la technologie militaire.
Ce coup réussi par Moscou allait piquer au vif le président Kennedy, qui donna des moyens considérables à la NASA pour conquérir la lune.
La petite histoire veut que Gagarine ait demandé au chauffeur de bus le conduisant au pas de tir de s’arrêter pour faire pipi. Une sage précaution d’avant le décollage, devenue depuis une tradition imitée par tous les
cosmonautes des missions suivantes et jusqu’à nos jours encore.

Atterrissage dans un champ de patates

Ce premier vol avait été précédé par d’autres qui n’étaient pas habités, sauf celui de la chienne Laïka, qui fut le premier être vivant dans l’espace à bord de Spoutnik II en 1957. La présence humaine en orbite avait pour but de préparer les futurs voyages sur la lune, mais dans cette course les Américains coiffèrent les Russes au poteau. Après plus d’une heure et demie de vol, Gagarine s’est éjecté de la capsule Vostok à sept kilomètres du sol et a atterri à 10h55 heure locale avec son parachute en plein champ dans la région de Saratov devant un paysan et sa fille médusés. Il venait de
passer 89 minutes en orbite terrestre et revenait vivant de cet exploit, ce qui n’était pas forcément acquis au décollage...
Les Soviétiques ont longtemps laissé croire, pour des questions d’homologation, qu’il s’était posé en restant à bord de Vostok.
Le cosmonaute fut alors invité dans le monde entier, produit tête de gondole pour un communisme triomphant. Réceptions, honneurs, timbres-poste commémoratifs, monument à sa gloire, rien ne fut trop beau pour le célébrer.
Celui qui, parfait pour cette expérience hors du commun, avait été choisi parmi trois mille candidats a "bêtement" trouvé la mort au cours d’un banal vol d’entraînement aux commandes d’un MIG 15 qui s’écrasa en mars 1958 près de Moscou. Dans une neige épaisse, devenue aussi éternelle que la légende de cet homme au destin incroyable.