Décret plage : une autre

Décret plage : une autre utilisation du domaine public maritime

Longtemps resté lettre morte, le texte de 2006 est mis en application par les préfets à l’occasion du renouvellement des concessions. Ce qui provoque des vagues...Décryptage !

Bouleversement

En vertu du décret de 2006, nombre de commerces installés sur les plages ont été démolis, tant sur la Côte d’Azur que sur la façade atlantique. Un bouleversement, pour les exploitants - qui avaient cependant eu le temps de voir le coup venir - et aussi pour la clientèle habituée de ces établissements dont certains étaient installés depuis la fin de la seconde guerre.

Concessions

Longtemps resté en veilleuse, le décret-plage a été utilisé par le préfet des A-M à l’occasion du renouvellement des concessions de Juan et de Golfe-Juan. Il n’y a pas eu de négociation ni de demi-mesure entre les exploitants et la Direction départementale des territoires et de la mer. Situation identique dans d’autres stations littorales, où le décret s’applique aussi dans toute sa rigueur. Malgré la mobilisation de stars habituées de ces adresses, comme Robert de Niro ou notre Bébel national...

Un décret qui vient de loin...

Signé par Jean-Louis Borloo, le "décret-plage" destiné à promouvoir un "développement durable et maîtrisé" réduit l’occupation privée et oblige les plagistes à détruire toutes les installations en dur pour reconstruire des bâtiments modulables, qui doivent être démontés à chaque fin de saison. Ce texte est le lointain héritier de la loi... Colbert de 1621 qui rend inaliénable le domaine maritime.

Place limitée

Les commerces ne peuvent désormais s’installer que sur 20% des plages naturelles et 50% des plages artificielles. Pour l’économie des stations balnéaires et pour l’emploi, c’est un coup dur : ce secteur représente 1 500 établissements en France et 10 000 salariés selon les chiffres du syndicat de l’hôtellerie restauration.

Bulldozer

Au terme de quatre années de procédures, le TA de Nice a ordonné en mars 2018 la démolition de huit restaurants de plage à Juan-les-Pins avant l’été. Leurs exploitants ont obtempéré, faisant raser les établissements à leurs frais (voir page 2). À Golfe-Juan en revanche, Tétou, Nounou (et sa fresque en céramique réalisée par Jean Marais) ainsi que Vallauris-Plage avaient
jusqu’au 11 janvier pour démolir, mais ayant refusé, l’État s’est donc substitué en envoyant des pelleteuses... aux frais des restaurateurs-plagistes.

En douceur

Il y a pourtant des villes où l’application du décret s’est fait plus en douceur : Nice par exemple, qui a bien amorti le passage aux nouvelles concessions (les plagistes ont accepté de réduire drastiquement leurs surfaces "privées"), ou Cannes qui avait théoriquement huit plages condamnées mais qui a pu en "sauver" quatre. Les concessionnaires participent financièrement à l’opération de "réengraissage" en sable qui a permis d’augmenter la surface des plages publiques de la Croisette.

Vœu pieux

L’UMIH souhaite que les 20% d’occupation privée du littoral soient mesurés au niveau de la commune, et non plus par "anse" comme c’est encore le cas actuellement. Ce qui permettrait de redistribuer plus harmonieusement les surfaces en DSP mais ce vœu des professionnels n’a pas été entendu.

Pampelonne

Près de Saint Tropez, des centaines de matelas vont disparaître sur les plages de Pampelonne à la suite des nouvelles concessions accordées par la mairie.
Des plages tenues depuis des années par les mêmes exploitants viennent d’être confiées à des hôtels de luxe, ce qui ne va pas sans faire jaser dans les soirées estivales de la presqu’île...

deconnecte