Détroit d'Ormuz : la (...)

Détroit d’Ormuz : la dangereuse bataille navale des pétroliers...

Un bras de fer militaro-économique est en cours dans cette zone où transite un tiers du brut mondial. À la manœuvre : l’Iran et les USA. En danger : la planète.

Jouer avec le feu

Nul besoin aujourd’hui d’aller chez Disney à Marne-la-Vallée pour voir la célèbre attraction "Pirate des Caraïbes". Il suffit de regarder les informations télévisées pour découvrir que, comme à l’époque de la flibuste, des supertankers transportant du brut sont détournés par des états pour des raisons politico-économiques. Un petit "jeu" très dangereux, et pas seulement pour des raisons écologiques...

Gardiens de la révolution

Les "incidents" se multiplient actuellement dans le détroit d’Ormuz où transite le tiers du pétrole transporté par voie maritime sur la planète. En dépit des conventions et du droit maritime, l’Iran s’est emparé par la force à la mi juillet de deux tankers qui naviguaient dans les eaux internationales.
L’un a été rapidement relâché, mais l’autre "retenu" dans le port de Bandar Abbas sous la surveillance des gardiens de la Révolution.

Piraterie

Une réponse du berger à la bergère ? Oui. Début juillet, un pétrolier iranien avait été arraisonné à Gibraltar car il était soupçonné de livrer du brut à la Syrie, en violation des sanctions décidées par l’Union européenne contre Damas. La Cour suprême de Gibraltar a immobilisé ce tanker pour un mois, le temps de mener l’enquête. D’où la colère de Téhéran, qui dément les accusations, crie à l’acte de "piraterie" et promet des "réponses appropriées"...

Attaques ciblées

En juin, deux pétroliers, un norvégien et un japonais, avaient déjà été attaqués en mer d’Oman et l’on avait pu voir à la télévision des images des deux navires "visés au niveau, ou sous, la ligne d’eau, près de la salle des machines", dont l’un était la proie d’un début d’incendie...

Une escorte internationale

À Washington, la semaine dernière, une centaine d’ambassadeurs a été réunie pour analyser la situation et éviter une escalade. En vue, la création d’une coalition internationale pour escorter les navires marchands qui transitent par Ormuz. Les USA, qui viennent pour la première fois depuis 2003 d’envoyer des troupes en Arabie-Saoudite riveraine du détroit, promettent leur soutien militaire et vont assurer la surveillance aérienne de la zone.

L’atome en embuscade

Derrière les enjeux pétroliers se cache bien sûr le nucléaire iranien. Les États-Unis ayant dénoncé de façon unilatérale l’accord (difficilement) signé par Obama, les Iraniens ont repris l’enrichissement de leur uranium, qui peut conduire à la réalisation de la bombe atomique...

Compte à rebours

Étranglé par les sanctions économiques, le régime des mollahs a promis
d’augmenter le taux d’enrichissement de l’uranium tous les deux mois...
Il se sert donc des pétroliers comme moyen de pression pour dessérer le blocus américain qui a conduit de grandes entreprises internationales (dont les françaises Total et Peugeot) à ne plus commercer avec Téhéran. Alliée des US, la Grande-Bretagne est en première ligne et a envoyé des navires de la Navy croiser dans le détroit pour sécuriser les convois.

Décidément, une épidémie...

Ce qui n’est encore qu’une "escarmouche" des pétroliers, a donné des idées à... Kiev qui a saisi ce jeudi 25 juillet le tanker soupçonné d’avoir été utilisé par Moscou en novembre 2018 pour bloquer l’accès de la mer d’Azov. Vingt-quatre marins ukrainiens sont toujours détenus en Russie. La marine de Poutine avait bloqué avec ce navire l’accès à la mer et ouvert le feu sur des vaisseaux militaires ukrainiens. Le Tribunal international du droit de la mer, une instance de l’ONU, a ordonné le 25 mai aux autorités russes de relâcher
les marins ukrainiens. Sans résultat. Le bras de fer se poursuit entre les deux pays

Photo de Une illustration (DR)

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