Flyskam : le phénomène

Flyskam : le phénomène qui inquiète les compagnies aériennes européennes

Le développement du trafic aérien et son impact sur l’environnement sont dénoncés par un mouvement d’opinion grandissant, surtout chez les jeunes. Décryptage.

80 000 avions à livrer

Alors que presque un terrien sur deux a pris l’avion l’an dernier (4,1 milliards de passagers), les deux géants du secteur Boeing et Airbus ont programmé la livraison de... 80 000 appareils au cours des vingt prochaines années !
La progression du pouvoir d’achat et une explosion démographique dans plusieurs régions du monde et en particulier en Asie expliquent cette "frénésie" de voyage qui concerne toute la planète.

Tarifs : l’explication ?

La démocratisation du transport aérien joue également un grand rôle dans le développement de ce secteur d’activité qui représente à lui seul 3,5% du PIB mondial.
Il est aujourd’hui souvent (beaucoup) moins cher de prendre l’avion pour se rendre à Paris ou Rome depuis Nice que d’emprunter le chemin de fer, pourtant plus "écologique" puisque rejetant moins de CO2 dans l’atmosphère par kilomètre/passager.

Les low cost en pointe

En imaginant un nouveau business model, en n’ayant pas à supporter les contraintes des compagnies historiques – en particulier en matière de salaires, charges et impôts au mieux optimisés - les low cost ont réussi en une vingtaine d’années à s’imposer dans un ciel européen propice à leur activité (faibles distances à parcourir, zones densément peuplées). Ryanair et easyjet font désormais jeu égal avec les géants : groupe Lufthansa, British,
Air-France-KLM, Turkish…

Trafic en hausse

Le trafic mondial devrait continuer à augmenter de 4 à 6 % par an selon les experts du Airport Council International. Le ministère de la Transition écologique a même calculé une augmentation de 5 % pour le seul ciel français, avec 12 millions et plus de passagers sur les aéroports de la Côte d’Azur (Nice et Cannes-Mandelieu).

Des appels à la "modération"

Cette croissance, qui réjouit les avionneurs, n’est pas forcément une bonne nouvelle pour l’environnement. Des voix commencent à s’élever sur l’impact du trafic aérien sur l’évolution climatique. En Europe du Nord, des groupes de pression en appellent même les voyageurs à renoncer à l’avion pour leurs trajets courts pouvant être effectués par le train. Encore marginale, cette position inquiète cependant le secteur qui craint une dégradation de l’image de marque de l’avion, qui a déjà perdu le statut de prestige qui était encore le sien dans les années 70.

Le "flyskam"

Peut-être les compagnies aériennes n’ont-elles pas tort de s’inquiéter : en Suède, le mouvement "flyskam" qui se traduit par "honteux de prendre l’avion" a déjà un impact, modéré mais quand même, avec une baisse du nombre de passagers sur les vols intérieurs. La militante écolo et lycéenne Greta Thunberg a manifestement sensibilisé le public jeune, réceptif aux messages environnementaux.

Les trains de nuit

Le phénomène peut-il profiter au rail ? Sans doute en Suède, où le trafic passager a augmenté depuis quelques mois. Peut-être en Allemagne, où les Verts pèsent leur poids d’influence dans l’opinion, en Suisse et en Autriche où des gens se mobilisent pour le retour des… trains de nuit (il n’en reste plus que deux en service en France). Mais encore rien de significatif chez nous.

Pas encore d’alternative

Si l’on devait interdire l’avion sur les liaisons intérieures lorsqu’il est en concurrence avec le train, les TGV et autres Ouigo devraient transporter… 25 millions de passagers supplémentaires. Ce serait évidemment une bonne affaire pour la SNCF, mais il est à craindre que les infrastructures ferroviaires soient débordées. Nice n’est toujours pas reliée à la grande vitesse et pourrait bien ne pas l’être avant l’hypothétique et dispendieuse Ligne Nouvelle qui n’en est encore qu’au stade des réunions d’information...

Photo de Une : DR

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