Impôts : leur histoire,

Impôts : leur histoire, véridique et souriante, remonte à la nuit des temps

Le prélèvement à la source n’est qu’une péripétie dans la longue histoire des impôts. Depuis l’antiquité, les pouvoirs ont organisé un système de collecte.

Au temps des pharaons

L’histoire de l’impôt est vieille comme le monde, ou presque. Sans doute a t-elle débuté dès l’homme des cavernes, lorsque les plus forts allaient se servir dans "l’assiette" des plus faibles... En tout cas, le premier système de prélèvement organisé remonterait à la IIème dynastie de l’ancienne Égypte, c’est-à-dire vers - 2700. On ignore s’il y avait déjà le prélèvement à la source en ces temps reculés...

Le bon roi, le bon peuple...

Vers l’an mille, les droits féodaux sont attachés à la terre, et ceux qui la travaillent doivent verser le "cens" au propriétaire.
Ce qui n’empêche pas le roi de faire appel régulièrement aux espèces sonnantes et trébuchantes pour financer les guerres. Ainsi Louis VII, qui créa le "vingtième" en 1147, pour la deuxième croisade. Ou en 1355, Jean le Bon et la "gabelle". Mais l’année suivante, le bon peuple ne voulut pas payer la rançon exigée par les Anglais qui le retenaient prisonnier à Londres.
Un premier pas vers le Brexit...

La première "2042"

Monarche extrêmement dépensier, Louis XIV a lancé dès 1710 la première déclaration de revenus. Un visionnaire ! À l’époque, sous peine d’amende, on devait obligatoirement rédiger sa 2042 sur papier, à l’exclusion de tous moyens numériques...
Les guerres, les fêtes, la construction de Versailles et autres fantaisies mirent les finances du pays à sec, tandis que Colbert s’arrachait les derniers cheveux de sa perruque pour boucler les fins de mois.
Il eut bien l’idée de l’ISF, mais le roi s’y opposa...

Sortez par la porte...

Pendant la Révolution, les sans-culottes abolirent derechef les impôts et taxes de l’ancien régime.
Mais comme il fallait bien quelques monnaies pour payer la soldatesque, ils créèrent en 1790 les impôts sur les portes et fenêtres. Un député du Tiers, très insoumis, proposa sans succès une taxe sur les carrioles 4x4 qui encombraient alors les rues de Paris.

D’accord ?

Le principe du "juste partage de la charge fiscale à proportion des
facultés contributives des contribuables" remonte à la Révolution. Le "consentement" à l’impôt (ne devrait-on pas plutôt dire soumission ?) étant depuis, et jusqu’à nos jours, justifié par le vote de la représentation nationale.

Injustices, rejet...

Du principe à la réalité... Pendant tout le XIXème siècle, le système fiscal français est resté paralysé et injuste, provoquant un rejet de la population.
Le très mélenchoniste Joseph Proudhon, objet d’une perquisition domiciliaire, dira même dans un excès de colère : " L’État, par l’impôt proportionnel, se fait chef de bande. C’est lui qu’il faut traîner sur le banc des cours d’assises".

1914

Députés et sénateurs, sentant la guerre venir, votèrent le 15 juillet 1914 l’impôt progressif sur l’ensemble des revenus, après plus de 60 ans de débats sur la fiscalité. Le président Poincaré est à la manœuvre pour... imposer la déclaration fiscale annuelle, tandis que le sieur Cahuzac et Laura Flessel crient à "l’inquisition" sur les plateaux télé et les réseaux sociaux. Jusqu’en 1950, seuls 20% des foyers payaient de l’IR.

Le juste prix

En 1945, sous l’impulsion du Comité National de la Résistance, le quotient familial est introduit. Trois ans plus tard, ce fut la création de l’impôt sur les sociétés. Depuis, le progrès ne s’est pas arrêté : CSG, IFI, plus-values, taxes diverses... Pour se consoler, cette phrase du ministre du budget de Roosevelt : "Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée". C’est pour cela que la France est grande !

Photo de Une : DR

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