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Italie : bras de fer avec Bruxelles pour le budget 2019

Pour la relance de leur économie et financer des mesures sociales, nos voisins ont prévu de laisser filer le déficit, au risque de sanctions ou... d’une sortie de l’UE.

Droit devant !

"Nous avons la conviction que ce budget est celui dont le pays a besoin pour redémarrer". Cette phrase du vice-premier ministre italien Luigi Di Maio (Mouvement populiste 5 étoiles du comique Beppe Grillo) semble annoncer un bras de fer avec Bruxelles qui reproche à nos voisins de laisser filer le déficit au risque de subir des sanctions financières...

Sanctions aléatoires

La Commission européenne a demandé au ministre des finances de revoir sa copie pour le budget 2019. Mais ni Matteo Salvini, patron de la Ligue (extrême droite) ni le chef du gouvernement, Giuseppe Conte ne semblent vouloir infléchir la ligne retenue par Rome. À dire vrai, le risque de sanctions effectives (0,2% du déficit) reste aléatoire et cette mesure aurait surtout une valeur de symbole.

Un Italexit ?

Le gouvernement d’extrême droite et de personnalités autoproclamées "anti-système" peuvent-il aller jusqu’à l’Italexit, version transalpine du Brexit ? Leur attitude actuelle penche en ce sens, en tous cas "ils ne s’y prendraient pas autrement" s’ils voulaient arriver à ce résultat.
Un départ de l’Italie de l’UE serait une catastrophe car même si l’économie de la Botte est en mauvais état, elle pèse lourd.
Pour ne rien dire des effets mortifères de cet éventuel nouveau départ de l’un des pays fondateurs.

Négociations

Comme les bons négociateurs, les responsables italiens demandent à Bruxelles de "la flexibilité", arguant d’événements exceptionnels tels les récentes inondations catastrophiques ou l’effondrement du pont de Gênes. Une "souplesse" qui permettrait d’engager des dépenses tout aussi exceptionnelles...

Relance sociale

Le gouvernement italien présente son budget comme un rempart contre l’austérité. Il entend favoriser l’emploi, la baisse des impôts, les retraités, la version transalpine du revenu universel. Autant de dispositions généreuses, destinées à soulager les populations les plus fragiles dans un pays vieillissant (un des plus faibles taux de natalité du vieux continent) mais qui sont autant de bombes budgétaires à retardement puisqu’il faudra bien un jour ou l’autre payer ces mesures.
Bref : reculer pour mieux sauter ?

Déficit, croissance...

Pour la Commission, le budget "tel quel" risque de porter le déficit à 2,9 % en 2019 et à 3,1 % en 2020. Elle prévoit une croissance de +1,2 % seulement, alors que l’Italie espère +1,5 %. Quant au FMI, il est encore plus pessimiste : 1% de croissance pour 2020.

Orthodoxie et raison

Paris et Berlin espèrent encore que le gouvernement italien ramènera son budget "dans les clous", la feuille de route présentée jusqu’alors paraissant être une fuite en avant peu raisonnable.
Même Angela Merkel, qui est pourtant sévère sur les dérives de ses voisins accusés de trop laisser filer le déficit (y compris la France...) est prête "à tendre la main" à Rome qui ne doit pas (trop) s’éloigner des règles communes.

Les chiffres

L’Italie est actuellement le deuxième pays le plus endetté de l’UE avec une dette publique qui s’élève à 133,10 % de son PIB au deuxième trimestre.
La France occupe la cinquième place, avec une dette représentant 99,10 % de son produit intérieur brut, soit environ 17 points au-dessus de la moyenne de l’UE selon Eurostat.
En Italie, le taux d’emploi est de 59,1% (75,4% en France), le chômage des jeunes de 31% contre 20,2% en France.

Photo de Une DR

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