Parce que c'est bio, (...)

Parce que c’est bio, ce serait bon. Vous en êtes vraiment sûrs ?

Le magazine 60 millions de consommateurs a mené l’enquête et met en garde
contre certaines idées reçues. Vous ne regarderez plus jamais pareil vos cerises...

Promesses

Des pommes et des cerises régulièrement pulvérisées avec des produits... beurk ! L’agriculture "conventionnelle" n’a plus la cote auprès des consommateurs, qui préfèrent payer plus cher pour disposer de produits alimentaires bio, censés être meilleurs pour la santé que ceux issus des exploitations "industrielles". Si le bio est préférable, on peut quand même se demander s’il tient toutes les promesses de sa communication..

En développement rapide

Le bio représente désormais 5% des achats alimentaires, avec près de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Les grandes surfaces se sont engouffrées sur ce marché porteur, lui donnant un élan certain et concourant à la conversion des exploitations. 10% des exploitations travaillent désormais en bio pour 7,5% des surfaces cultivées, soit plus de deux millions d’hectares. Et aussi 15% de l’emploi agricole...

La face cachée

Mais il y a un revers à la médaille de l’engouement des consommateurs : la demande est telle, et arrivée si rapidement, que bon nombre de produits sont encore importés. Pas bon pour le bilan carbone ! Surtout, le magazine 60 Millions a passé au microscope 130 produits étiquetés "bio" dans lesquels on a (quand même) trouvé des cocktails peu ragoûtants : des plastifiants et des phtalates dans de l’huile d’olive, et davantage de polluants dans des fruits et légumes bio que dans ceux cultivés conventionnellement.

Impressions fausses

De la même façon, les analyses ont révélé que des produits transformés contiennent autant de sel, sucres et matières grasses que des produits non bio.
Il y a donc encore des marges de progrès... surtout sur les étiquetages, qui induisent des impressions fausses chez les consommateurs.

Dégâts collatéraux

De la même façon, des conditions de culture sont pointées du doigt : serres chauffées pour produire hors saison des tomates bio, utilisation d’huile de palme qui provoque la déforestation, exploitations bio qui "bénéficient"
des retombées polluantes de leur environnement etc. La situation idéale ne pourrait exister qu’en laboratoire, certes, mais le bio a lui aussi quelques travers...

Les enfants

L’on note cependant des progrès spectaculaires, bien qu’insuffisants, comme pour la culture des grandes céréales qui ont quadruplé leurs surfaces en cinq années seulement, aboutissant à la création d’une nouvelle filière (il a fallu construire des silos dédiés, programmer des circuits de distribution, etc.). Les cantines scolaires se mettent de plus en plus au bio, sensibilisant les nouvelles générations à une nourriture plus goûteuse et plus saine.

Le conventionnel aussi

La prochaine étape sera la lutte contre la pollution de l’air, de l’eau et des sols, commente la Fédération nationale de l’agriculture biologique qui considère que "ce n’est pas aux paysans et paysannes biologiques de faire les frais de la pollution générée par d’autres" et que le principe pollueur-payeur doit s’appliquer.
Enfin, pour la bonne bouche, l’ONG Générations futures se basant sur les chiffres de la DGCCRF annonce que "71% de fruits et 43% de légumes non bio contiennent des résidus de pesticides, cerise et céleri-branche étant parmi les plus touchés" (période 2012-17).
Si le seuil limite maximal en résidus fixé par l’Europe est dépassé, cela ne signifie pas pour autant un danger pour les consommateurs mais ces produits doivent être retirés de la vente.

Photo de Une : DR

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