Prisons : le triste (...)

Prisons : le triste état des lieux des établissements pénitentiaires français

Gardiens en colère, agressions, surpeuplement... La cocotte-minute est sous pression, et le chantier à engager immense, pour rattraper le temps perdu.

Plus de 80 000 détenus écroués

Il existe 186 établissements pénitentiaires en France (maisons d’arrêt, maisons centrales, centres pour peines aménagées, etc.) Ils sont très hétérogènes quant à leur taille, leur architecture, leur ancienneté et... leur état d’entretien et d’accueil.
Au 1er décembre 2017, selon le Ministère de la Justice, l’administration pénitentiaire avait la charge de 80 811 personnes sous écrou et 165 000 suivies en milieu ouvert.

140% de taux d’occupation

Les 82 maisons d’arrêt accueillent les personnes placées en détention provisoire et, en principe à titre exceptionnel, des personnes condamnées à une peine inférieure ou égale à deux ans.
Avec les 49 quartiers "maison d’arrêt", elles abritent 68% des détenus en France pour un taux moyen d’occupation de 140% selon l’Observatoire international des prisons.

La France condamnée

Pays des Droits de l’Homme, la France est cependant régulièrement condamnée - par des instances nationales et européennes - pour l’état calamiteux de ces centres de détention dont certains offrent des conditions "indignes, dégradantes et inhumaines". Le président de la République a indiqué que la prison doit être "profondément modernisée, transformée". Un objectif qui dépasse les 15 000 places supplémentaires promises lors de la campagne électorale.

Climat "explosif"

Selon le Ministère, il y aurait encore actuellement 1 567 matelas au sol, soit + 6% par rapport à l’année passée. La densité d’occupation en maisons d’arrêt et établissements pour mineurs est de 141,6% en PACA, soit le même niveau que la moyenne nationale (139,6%).
Une surpopulation et une promiscuité qui rendent le climat interne "explosif" selon les syndicats.

Ni liberté, si salubrité...

Un tiers du parc carcéral est particulièrement vétuste. Un constat du contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) et même du comité contre la torture des Nations Unies qui, dans son rapport 2016, note "les conditions matérielles inadéquates de détention qui prévalent dans certains établissements, notamment la vétusté et l’absence d’hygiène et de salubrité".

Les gardiens en colère

Suite à plusieurs agressions intervenues ces dernières semaines, les personnels pénitentiaires (39 414 agents, dont 27 849 surveillants) se sont mobilisés dans toute la France, bloquant les accès aux centres de détention et chahutant quelque peu la ministre de la Justice lors d’une visite de terrain dans le nord la semaine passée. À Grasse et Nice, les syndicats UNSA UFAP, CGT et FO ont bloqué les établissements, ne laissant passer que les urgences médicales.

Toujours plus de détenus

Jusque dans les années 2000, les prisons disposaient encore de cellules vides pour recevoir les détenus. Les mesures de détention provisoire étaient moins
appliquées qu’aujourd’hui. Mais, pour l’Observatoire International des prisons, tout a changé avec les différentes réformes pénales qui eurent pour conséquence de voir davantage de détenus emprisonnés et un allongement des peines sans que, dans le même temps, une vraie programmation de construction et de rénovation soit lancée par l’État. C’est cette situation que nous "payons" aujourd’hui.

Une nouvelle prison pour Nice

Patrick Mounaud, directeur interrégional des services pénitentiaires, confirme que la construction d’une nouvelle prison de 350 places sur la rive droite du Var est bien actée.
Mais ce projet, pour lequel l’État et les élus locaux se sont longtemps renvoyés le mistigri, ne sera pas opérationnel avant 2023, au mieux.

Photo de Une : l’entrée de la prison de Nice bloquée durant les manifestations de janvier 2018. DR JMC

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