Sextape : l'affaire (...)

Sextape : l’affaire Griveaux illustre une forme de "dictature" par la transparence

La déflagration politico-médiatique autour de l’ancien candidat à la mairie de Paris démontre, s’il en était besoin, la puissance des réseaux sociaux. Un cas loin d’être isolé...

"Revenge porn"

Les réseaux sociaux n’ont pas attendu la sextape supposée de Benjamin Griveaux ni celle d’un footballeur de l’équipe de France pour diffuser des scènes à "caractère explicite" sans le consentement de ses "acteurs".
Ce phénomène "revenge porn" est courant sur le net, mais c’est la première fois en France que ses conséquences ont une dimension politique, avec le retrait d’un candidat.

Se faire tailler un costume

Avec le "Pénélope Gate" et ses costumes onéreux offerts par un "ami", François Fillon avait déjà vu sa campagne présidentielle cisaillée par des révélations qui n’avaient rien de graveleux mais qui ont porté atteinte à son intégrité.
L’histoire récente regorge d’exemples de personnalités importantes emportées par une tornade sur les réseaux sociaux.

DSK, déjà...

Le cas le plus proche de Benjamin Griveaux est sans doute celui
de DSK, disparu des radars médiatique et politique, après "l’affaire" du Sofitel de New York. Pendant laquelle le spectateur "lambda" vit le puissant patron du FMI menotté et complaisamment montré aux caméras. Plus récent encore, le cas de Gabriel Matzneff, dont des écrits pourtant anciens viennent lui sauter à la figure après la publication de "Le Consentement" de Vanessa Springora relatant l’emprise que l’écrivain accusé de pédophilie avait alors sur la toute jeune fille.

Violence

Ce qui frappe l’opinion dans ces différentes affaires, c’est la rapidité et la violence avec lesquelles des personnalités sont déboulonnées. Proche du président de la République dont il assurait la garde rapprochée, Alexandre Benalla est tombé de son piédestal dès qu’une vidéo l’a montré dans une intervention musclée (et pour laquelle il n’avait aucune légitimité) contre un couple de jeunes gens à Paris.

Les yeux dans les yeux

Le cas sans doute le plus sensible fut "l’affaire Cahuzac", du nom de l’ancien ministre de l’Économie et des Finances de François Hollande, en charge de la fraude fiscale notamment, qui avait dissimulé des comptes personnels en Suisse pour échapper à l’impôt, et qui mentit avec culot, les yeux dans les yeux, devant la représentation nationale à l’Assemblée.
À la suite de ce scandale, diverses mesures ont été prises pour la transparence de la vie publique, la lutte contre la délinquance économique et les paradis fiscaux, etc.

Jouer avec le feu

En 1999, le préfet de Corse Bernard Bonnet a utilisé la manière forte pour mettre fin à l’installation illégale de paillotes sur le domaine public maritime de l’île.
Des bulldozers sont envoyés devant deux paillottes de la baie d’Ajaccio mais doivent reculer face à la détermination des "paillotiers". Quelques semaines plus tard, "Chez Francis", établissement emblématique, est détruit par un incendie criminel et l’enquête déterminera la responsabilité de l’ancien préfet, depuis condamné définitivement dans cette affaire.

Stupeur et tremblements

D’autres affaires retentissantes ont marqué l’opinion comme celle du "Rainbow Warrior" (1985), coulé par les services secrets français en
Nouvelle-Zélande faisant un mort ; l’affaire "Urba" qui mit à jour un financement occulte du Parti socialiste aboutissant après de nombreuses
péripéties judiciaires à la condamnation d’Henri Emmanuelli, alors trésorier du parti à la rose (deux ans de privation des droits civiques). On peut aussi citer l’affaire des écoutes de l’Élysée sous François Mitterrand, l’affaire Boulin, l’affaire Markovic (ancêtre des sextapes) et quelques autres qui firent trembler les piliers de la République.

Photo de Une : DR Ricardo André Frantz

deconnecte