Taux : leur baisse (...)

Taux : leur baisse prévisible n’est pas forcément une bonne affaire...

L’économie ralentit dans la zone euro, surtout en Allemagne qui en a été longtemps le moteur. La BCE tente de relancer la machine, mais gare aux dommages collatéraux sur les épargnants.

Des hauts et des bas

Les financiers scrutent avec intérêt - et maintenant avec un peu d’inquiétude - tous les mois et demi les taux d’intérêt "directeurs" annoncés par la Banque Centrale Européenne (BCE). Ces taux, applicables dans les dix-neuf pays de la zone euro, influent sur le coût du crédit bancaire ainsi que sur le rendement de l’épargne. En gros, des taux bas facilitent les investissements et relancent l’activité, mais ce n’est pas si simple...

Pauvres banques

Alors qu’au milieu des années 80 les ménages empruntaient encore avec des taux supérieurs à 10% pour de l’immobilier à 20 ans, aujourd’hui les intérêts réclamés sont très faibles (de 1 à 2% selon la qualité des dossiers). Une baisse qui compense... la hausse du prix du mètre carré. Au final, l’effort réclamé est un peu moindre, mais...
Ce qui a changé, c’est surtout pour les banques qui gagnent (beaucoup) moins.

Des euros dormants

Et pourtant, nos établissements bancaires se financent eux-mêmes à... 0% depuis mars 2016 et à -0,5% depuis la semaine dernière. Ils sont cependant taxés à 0,4% pour leurs "liquidités excédentaires" qui sont stockées à la BCE faute d’avoir été placées dans l’économie.
Il y avait ainsi 1 800 milliards d’euros "dormants" au début du mois de septembre. En clair, les banques ont intérêt à prêter aux entreprises et aux ménages, même à faible taux, plutôt que de payer pour ces abondantes "liquidités excédentaires"...

Compensation

Les banques dépendant des prêts et dépôts souffrent particulièrement de cette conjoncture, bien plus que celles qui ont diversifié leurs offres vers l’assurance et les services financiers.
La concurrence est donc rude entre les établissements, qui doivent compenser de faibles marges par du volume.

Épargner rapporte peu

À l’autre bout de la "chaîne", les épargnants ne sont pas à la noce, avec des taux d’intérêts eux aussi historiquement bas : 0,75% pour le livret A (bloqué depuis quatre ans), 0,50% pour le CEL...
Le risque d’une nouvelle baisse en 2020 est bien réel. Les fonds en euros
de l’assurance-vie ont rapporté en moyenne 1,83% en 2018, deux fois moins qu’en 2009. Et ne comptez pas sur les livrets bancaires, fiscalisés, pour vous refaire une santé : ils ne rapportent plus que 0,11% en moyenne selon les calculs du site CBanque...

Risque

Cette baisse généralisée des rendements conduit certains - comme les futurs retraités allemands - à prendre des risques excessifs sur les marchés, d’où la crainte d’une nouvelle bulle qui pour en être cyclique pourrait aussi devenir inévitable...

Fluctuat...

Les banques sont dans l’obligation de renforcer leurs capitaux propres pour parer à de nouveaux chocs financiers. Rappelons-nous que, sans l’intervention massive de la BCE et des États, nombre d’entre-elles se seraient effondrées lors de la grande crise, alors que seules les plus fragiles avaient sombré sans heureusement entraîner tout le système dans leur déconfiture.

Bye Bye super Mario !

Les taux bas - voire négatifs -permettent à des pays dont la France de se financer à bon compte sur les marchés. Mais si la croissance de la zone euro n’atteint pas les 2% - seuil considéré comme celui de la stabilité des prix, ce qui est prévisible avec le ralentissement allemand - la BCE pourrait reprendre son programme d’achat des dettes d’entreprises et dettes publiques pour faire baisser les taux et permettre aux agents économiques d’emprunter plus facilement.
C’est le dernier message de Mario Draghi, qui vient de quitter la gouvernance de l’établissement.

Photo de Une DR

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