Technologies : les paysans de plus en plus appelés à se transformer en agrinautes

L’e-révolution verte

L’angélus de Millet ou les toiles de Brueghel nourrissent notre imaginaire mais, sauf le respect dû à ces immenses artistes, leur vision de la campagne et des paysans appartient définitivement au passé. Désormais, l’agriculture se sert au quotidien des nouvelles technologies pour produire plus et mieux. Un phénomène aussi irréversible que dans d’autres domaines (finance, LegalTech, circulation, énergie etc).

Investissements massifs

Bien sûr, tout part des États-Unis, où de grands groupes investissent déjà
massivement dans des startups orientées vers la production agricole.
Ainsi Google a placé 100 millions de dollars dans "Farmers Business Network", plateforme qui fédère entre 7 000 et 8 000 cultivateurs, lesquels utilisent désormais le net pour négocier le prix d’achat en (très) gros de leurs semences, gérer les approvisionnements, etc.

La course aux brevets

Grands espaces, variétés des climats et des cultures, puissance de la capacité de financement, filière tech inventive : les USA ont des atouts indéniables pour inventer l’agriculture 4.0 de demain.
D’autant que les lois et règlements sont bien plus "permissifs" qu’en Europe où nombre d’innovations sont encadrées, comme pour les produits génétiquement modifiés. Moins "frileux" ou plus "inconscients" (au choix de chacun) les Américains prennent en ces domaines une longueur d’avance et déposent quantité de brevets.
Ce qui est en jeu, c’est de nourrir plus de 7 milliards d’individus dans le contexte du réchauffement climatique. Pour les ingénieurs comme pour les financiers américains , il y a donc un gros marché à prendre.

Phénomène mondial

Spécialiste de l’Intelligence Artificielle, IBM soutient "Hello Tractor", application... nigérienne qui veut mettre la blockchain au service des paysans. Et Dubaï n’est pas en reste puisque l’Émirat a investi 250 millions de dollars dans "Indigo", qui vient de racheter... un satellite chargé de surveiller du ciel les cultures et leurs besoins. Quant à la Chine, elle achète partout des terres cultivables, la nourriture étant l’une de ses préoccupations immédiates.

Météo et algorithmes

Ici, il existe déjà des applications pour aider les agriculteurs et les maraîchers à cultiver dans les meilleures conditions. Ils peuvent ainsi savoir quand et comment lutter contre les ravageurs et les maladies, obtenir des conseils de dosage pour leurs traitements grâce à des algorithmes qui "traduisent" les relevés météo, etc.

Tombé du ciel

Même les drones sont de la partie, comme cet appareil d’une envergure de deux mètres, qui est capable d’ensemencer un champ avec un chargement de 10 kilos par vol : gain de temps, de matériel, précision de l’épandage, la terre n’est pas tassée par le passage des roues des tracteurs...

Boîte à outils 4.0

L’Europe bouge aussi sur ces secteurs.
Elle a ainsi financé la R&D de "Sweeper", un robot ramasseur de légumes produits dans les serres. BASF a développé un programme basé sur un satellite pour analyser en permanence et en temps réel l’humidité et la température de chaque parcelle pour calculer le juste dose des intrants. Au salon de l’Agriculture à Paris, il y a depuis 2016 un espace consacré à
ces nouvelles technologies, à leurs applications pratiques. Objets connectés, big data font désormais partie de la boîte à outils de nos agriculteurs.

Des initiatives

En France, plusieurs initiatives intéressantes. Comme celle de "La ferme digitale", une association 1901 fédérant des startups autour de l’innovation numérique : pour être plus respectueux de l’environnement, pour permettre aux agriculteurs de regagner leur indépendance et de se rapprocher des consommateurs en leur redonnant confiance, pour promouvoir des applications pratiques ayant un impact sur la pérennité de notre agriculture et de notre environnement.