Dans les Alpes-Maritimes,

Dans les Alpes-Maritimes, la nature a ses charmes et ses risques

La tempête Alex restera dans les mémoires. Mais l’histoire nous rappelle que le département, particulièrement exposé aux risques naturels, n’en est pas à sa première catastrophe.

Les Alpes-Maritimes sont une terre de contrastes. L’attractivité du territoire dépend autant de sa frange littorale à l’urbanisation dense que de son arrière-pays peu peuplé, dont le relief tourmenté abrite d’innombrables richesses naturelles. Ces réalités géographiques, géologiques et démographiques exposent particulièrement le département aux risques. Selon les experts, le réchauffement climatique constitue un facteur aggravant.
Inondation, mouvement de terrain, avalanche, submersion marine, incendie de forêt et séisme, le risque naturel a, chez nous, plusieurs visages. Le phénomène le plus récurrent, l’inondation, est lié au caractère méditerranéen des précipitations. Quand l’air chaud et humide venu de la mer rencontre les montagnes, il s’élève jusqu’à heurter des masses d’altitude plus froides. Par effet de condensation, l’abondante humidité devient une forte pluie. Nul besoin de remonter grandement le temps pour trouver un exemple de la sévérité du risque d’inondation. Quasiment jour pour jour, cinq ans avant les ravages de la tempête Alex, l’ouest des Alpes-Maritimes a subi d’intenses précipitations. Le 3 octobre 2015, 195 mm de pluie se sont abattus sur Cannes, dont 175 mm en deux heures. Dans la ville voisine de Mandelieu-La Napoule, les cumuls ont été à peine moins importants. Incapable de s’évacuer et débordant du moindre vallon, l’eau a causé la mort de 20 personnes et démontré la vulnérabilité des zones urbanisées face à la violence météorologique.

Les caprices du Var ne sont pas une légende. Et personne n’a oublié sa crue millénale du 5 novembre 1994, quand le fleuve a envahi le centre administratif départemental, l’aéroport de Nice ou encore le marché d’intérêt national. L’histoire est riche de ces humeurs. En 1807, il a emporté le pont de Saint-Laurent. En 1910, le Var a détruit 200 mètres de la RN 209. En 1951, ses flots ont fait céder le pont Charles-Albert... Quelques exemples seulement...
La vallée de la Vésubie a payé un lourd tribut à la tempête Alex. Un de plus, car le cru a souvent été frappé par les aléas climatiques. Le village de Venanson, situé face à Saint-Martin-Vésubie, a ainsi enregistré un cumul de 750 mm sur le mois de novembre 1926. Les archives de Météo-France mentionnent d’autres pluies diluviennes en novembre 1951 et 2002 à Saint-Martin-Vésubie, avec respectivement 657 et 679 millimètres. Pour rappel, Alex a déversé plus de 500 millimètres sur la commune en... 24 heures ! Un record à l’échelle du département.
De l’aveu du préfet, le risque sismique n’est pas assez considéré dans le département. Il est pourtant réel. Le plus ancien tremblement de terre connu remonte à 1494. Il a touché Roquebillière. En 1564, l’un des plus violents séismes répertoriés en France a eu son épicentre en Haute-Vésubie. Celui de 1887, d’une magnitude supérieure à 6,5, a fait 8 morts et détruit Castillon, entraînant le déplacement du village.
Les intempéries de novembre 1926 sont à l’origine de l’un des plus spectaculaires mouvements de terrain enregistré dans les Alpes-Maritimes. Le 24 novembre, un pan de la montagne s’est décroché pour glisser sur une partie de... Roquebillière. La coulée, estimée à 2 millions de m3 de terre boueuse, s’est étirée sur 1 kilomètre de longueur et 60 mètres de largeur en rive gauche de la Vésubie. 19 personnes ont péri dans cette catastrophe, qui a eu pour conséquence l’édification d’un nouveau village sur la berge opposée de la rivière. Il faut savoir que le plus important glissement de terrain d’Europe (60 millions de m3) est en cours à Saint-Etienne-de-Tinée, sur le site de La Clapière. Très surveillé après une accélération de son mouvement en 1987, il a nécessité la construction d’une nouvelle route d’accès au village et d’un tunnel pour accueillir l’eau de la Tinée et parer à la formation d’un barrage qui, provoqué par un effondrement, créerait un lac noyant le bourg.

Le chaud et le froid

La nature souffle le chaud et le froid sur les Alpes-Maritimes. Les incendies meurtriers de 1986, qui ont brûlé plus de 7 000 hectares de végétation aux abords de Cannes, de Grasse et de Lucéram, mais aussi la grande avalanche de 2008 au Cialancier, à Saint-Étienne-de-Tinée, nous montrent qu’entre verdure, neige et eaux, notre environnement mêle ses charmes à ses risques. Il faut leur ajouter la furie soudaine et récurrente de la Méditerranée. Quitte à sombrer dans la litanie.

Photo de Une DR

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