FORÊTS : L'impact dévastate

FORÊTS : L’impact dévastateur du changement climatique

En se promenant en forêt, sauf à être aveugle, on ne peut que constater les effets des sécheresses qui se sont succédé ces dernièces années. On y voit des arbres dont la cime est grillée par les ardeurs du soleil, des branches n’étant plus alimentées en sève qui ont pris dès juillet les couleurs de l’automne. Les sujets les plus faibles ne vont sans doute pas résister. Même des résineux comme les épicéas sont menacés par cette « grande soif ».

Si un léger manque de pluie ne présente pas de difficulté particulière pour l’écosystème, en revanche un arrêt prolongé des précipitations constitue un réel danger pour les fo- rêts. Le stress hydrique concerne quasiment toutes les régions, même celles qui étaient plutôt « arrosées », même en été, comme les pays de la Loire, d’ailleurs toujours placés en « alerte maximum » pour le remplissage des nappes phréatiques.
Pour la santé de nos bois, le réservoir en eau du sol se doit d’être bien rempli. L’ONF considère qu’à moins de 40 % les arbres sont en danger. Or des régions ont connu des ré- gimes secs en été – ce qui est normal – mais aussi pendant trois hivers de suite avec un déficit très marqué en pluie.

Régime sec

Face à cette situation, la nature fait son œuvre : les arbres puisent dans leurs réserves jusqu’au moment où ils se fragilisent et peinent à se défendre contre les attaques d’insectes et les maladies. Un forestier explique avoir ainsi abattu une forêt d’épicéas dont la densité n’était plus que de 350 kilos alors qu’elle aurait dû être du double pour des arbres en bonne santé.
Les saules et les hêtres sont aussi très vulné- rables et seront nombreux à disparaître de nos paysages ces prochaines années. Même es chênes sont en souffrance. En revanche, les cyprès, habitués des climats chauds, sont moins sensibles à ce régime sec.
« Quand le besoin est trop élevé par rapport à l’eau disponible dans le sol, des bulles d’air se forment dans les vaisseaux de l’arbre et empêchent la conduction de l’eau, créant une embolie » annonce l’Office National des Forêts. À terme, c’est la chronique d’une mort annoncée après une phase de dépérissement. Selon les espèces, les arbres se défendent aussi en limitant leur croissance. Ils font sécher et tomber prématurément leurs feuilles, ce qui réduit l’évapotranspiration. Ils « abandonnent » aussi des branches entières qu’ils ne peuvent plus nourrir. Ils vont s’enraciner plus profondément pour aller chercher plus loin l’humidité et leur nourriture. Instinct de survie.

Vers un grand remplacement

Les forestiers plantent de nouvelles essences mieux adaptées au changement climatique. DR ONF

Les amoureux de la nature s’inquiètent à la vue de bosquets prématurément desséchés et de ces effets visibles du dérèglement climatique. Les forestiers se rassurent en constatant que si la sécheresse fait disparaître des individus – parfois les plus vieux et les plus beaux – de nouveaux arbres moins vulnérables et plus résistants vont prendre leur place. À long terme, cette évolution va permettre aux nouvelles générations de développer des particularités (taille, forme, enracinement) adaptées à ce nouvel environnement. On assistera sans doute à un « grand remplacement » d’essences par d’autres, même si ces mécanismes se dérouleront sur une longue échelle de temps qui ne sera pas forcément compatible avec la vitesse d’évolution du climat.
Nos forêts méditerranéennes sont dans l’ensemble moins impactées que celles si- tuées dans le « nord » du pays. Par exemple Tronçais, dans le Bourbonnais, est une chênaie dont les bois sont recherchés (ils habillent les grands vins de Bordeaux et les Cognac notamment). Elle entreprend sa mue avec de nouvelles plantations censées être plus résistantes.
Pareil pour la forêt d’Orléans et celles du bassin parisien. Le phénomène concerne à vrai dire toute l’Europe qui est la zone la plus touchée par le réchauffement. La multiplication du nombre de tempêtes et leur pouvoir dévastateur toujours plus fort constitue l’autre grande problématique du climat. Pour que nos petits-enfants puissent eux aussi se promener à l’ombre des forêts, touchons du bois.

Visuel de Une : En forêt de Tronçais, des tests grandeur nature pour préparer la forêt de demain. DR JMC

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