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Grand débat national et crise des « gilets jaunes » : un patron de PME s’engage

Si on peut déplorer la violence de certains de ses dérapages, la crise des « gilets jaunes » aura au moins eu le mérite de permettre aux français d’exprimer leurs principales préoccupations. Et le Grand Débat national lancé par le gouvernement devra accoucher de mesures tangibles en mars prochain, sous peine de voir le mouvement se crisper à nouveau, se radicaliser et impacter durablement l’économie et la société tout entière. Un chef d’entreprise niçois apporte une contribution originale, courageuse et fédératrice à la problématique.

« L’éruption de violence de ce mouvement citoyen spontané m’a fait mal car elle exprime le malaise de cette France qui se lève tôt, travaille dur, paie des impôts, contribue au premier chef à la prospérité de la communauté nationale et n’arrive plus à joindre les deux bouts. J’en suis issu, je suis à son contact quotidien et je trouve que son ras-le-bol est légitime  ».
Fondateur du premier groupe indépendant de carrosserie français, Albax, Max Alunni s’engage. Comment contribuer à rendre le sourire aux salariés dont les soucis de fin de mois sont la première préoccupation ?
Le dirigeant revendique que l’humain est au coeur de son entreprise et qu’elle n’est que la résultante des hommes et des femmes qui la constituent. « Car un employé heureux, c’est un client heureux ». Il estime qu’il faut saisir l’occasion de ce Grand Débat national pour faire immédiatement des propositions concrètes.
En intervenant dans la sphère sur laquelle il a la main : son entreprise. Il crée donc un projet collectif auquel faire adhérer ses forces vives, tout en prenant un pari sur l’avenir.

Un projet ambitieux, étalé sur quatre ans

Son engagement ? Devenir l’entreprise de carrosserie française :
- Qui va embaucher au moins cinquante personnes dans les 4 prochaines années
- Où le pouvoir d’achat évolue en moyenne de 5% par an, sur 4 années.
- Où des personnes qui s’impliquent peuvent évoluer jusqu’à devenir leur propre patron au sein d’un établissement.
- Qui a une gouvernance actrice du changement, acceptant le droit à l’erreur de chacun.
- Qui est la plus attractive car il fait bon y vivre.

L’engagement d’un patron atypique

Dirigeant d’une PME de 230 salariés répartis sur 16 sites dans les Alpes-Maritimes et sur Paris Île-de-France, son engagement patronal - Président du Centre des jeunes Dirigeants, membre actif de l’Union Pour l’Entreprise, enfin juge au Tribunal de Commerce - ne le prédisposait pas d’emblée à la rébellion. Mais la détresse que révèle cette poussée de fièvre citoyenne lui parle d’autant plus qu’il est autodidacte. « À seize ans j’étais apprenti boucher, j’ai été successivement livreur, coloriste, peintre automobile, responsable d’atelier avant de créer ma première entreprise dans la restauration à vingt-deux ans, puis Albax en 1978 ».
Il avait déjà créé le buzz en 1988 en révolutionnant le métier de la carrosserie avec son concept de « Carrosserie rapide ». Puis, en 1998, en anticipant la mise en place des 35 heures dans son entreprise, ce qui lui avait valu l’honneur des journaux télévisés de l’époque, en compagnie de Martine Aubry.

Agir malgré les contraintes du marché

Il fallait d’autant plus vite réagir que la marge de manoeuvre se réduit progressivement, dans les PME déjà très exposées à la conjoncture.
A titre d’exemple, dans le secteur de la carrosserie :
- Le coût des seules pièces détachées pour les réparations a augmenté de 40% au cours des cinq dernières années.
- Les nouvelles technologies dans la conception des véhicules, notamment les systèmes avancés d’assistance au conducteur, rendent les véhicules plus rapidement non réparables, augmentent significativement les investissements en outillage et formation, ce qui entraine une augmentation substantielle des coûts de réparation.
- La pénurie de main-d’oeuvre qualifiée ne fait qu’exercer une pression supplémentaire sur les coûts de main-d’oeuvre qui ont également explosé sur ce marché.
Conséquence logique : 20% des ateliers de carrosserie ont disparu ces dix dernières années.
Pour sa part, le Groupe Albax a adopté la stratégie la plus classique pour diminuer ses coûts de revient dans un univers de plus en plus concurrentiel : la croissance. Il a opté pour le développement sur Paris en rachetant les principales carrosseries de la capitale. Il y a appliqué sa recette : la réparation rapide en 24/48 heures pour 80% des sinistres. Puis il a repris l’une des références mondiales de restauration des voitures de collection : La Carrosserie Lecoq. Tous ces investissements lourds sur l’avenir se sont accompagnés de construction d’ateliers neufs, de modernisation des anciens locaux, d’acquisition d’outillages de pointe et aux normes, de formation de haut niveau pour le personnel.
Coincé entre les contraintes du secteur et une réglementation de plus en plus coercitive, condamné à diminuer les coûts structurels et optimiser la
mutualisation des ressources, Max Alunni fait malgré tout le pari de croire en l’homme, en ce qui le meut.

La part du colibri aura-t-elle valeur d’exemplarité de sortie de crise pour les autres patrons ?

A la question : « Proposez-vous à vos confrères, les autres patrons, d’agir de la sorte ? », il répond sans se départir : «  Je l’espère car, reproduit à l’échelle de la majorité des PME, ce serait une contribution décisive à une
sortie de crise de société par le haut. Mais je ne peux me mettre à leur place. Moi je suis juste un colibri. Vous savez, cette jolie légende amérindienne citée par Pierre Rabhi, du petit oiseau qui fait des allers-retours entre la rivière et la forêt en flammes pour jeter de son bec minuscule quelques
gouttes d’eau dans le brasier ? Je fais ma part.
 »

LE GROUPE ALBAX EN CHIFFRES

- 1er Groupe indépendant de carrosserie français
- 41 ANS d’existence (créé le 17 janvier 1978)
- 15 points de vente
- 9 dans les Alpes Maritimes,
- 6 à Paris Île-de-France
- 230 salariés
- 27 millions € de chiffre d’affaires en 2018
- 2 marques Carrosserie Albax & Carrosserie Lecoq, la griffe la plus prestigieuse des passionnés, des collectionneurs et des musées, un monument français qui bénéficie depuis 2016 du Label EPV
(Entreprise du Patrimoine Vivant).

Visuel de Une : Max Alunni (DR et courtesy Albax)

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