Voxcracy : la startup

Voxcracy : la startup niçoise contourne le paradoxe de Condorcet

Après trois années de gestation à Pégomas, la startup créée et présidée par Olivier Rocca, spécialisée dans les décisions collectives, démarre une aventure pleine de promesses.

Voxcracy est une startup créée à Nice en 2017 après cinq années de gestation à Pégomas. "Nous avons développé une technologie innovante basée sur un algorithme, explique le président et créateur, Olivier Rocca, dans son bureau de l’avenue de la Californie à Nice. Elle concerne les prises de décisions collectives dans les domaines économique, politique et sociétal".
Docteur en sciences politiques, il a travaillé dans l’ingénierie financière, a créé et déposé le site www.conseil-patrimonial.com. "En 2011, j’ai eu envie de faire plus, de relever un challenge. Je me suis intéressé à l’histoire du paradoxe de Condorcet (*) et j’ai fait le pari de le résoudre par amour pour une étudiante brésilienne docteur en sciences linguistiques. Il s’en est suivi un livre puis un projet d’entreprise. Pour résoudre le paradoxe, je l’ai contourné".

Frilosité des dispositifs d’aide à l’innovation

Après la validation scientifique de sa théorie, Olivier Rocca dépose un brevet
en 2014. Il crée Voxcracy à Pégomas et, après trois années de R&D et un
marathon administratif, s’installe à Nice : "Nous avons autofinancé toutes les premières phases de notre développement, depuis la recherche fondamentale jusqu’aux études de marché et au premier démonstrateur de notre technologie. Les dispositifs d’aide à l’innovation ont une grande aversion au risque et n’interviennent qu’une fois que vous êtes sur le marché. Aujourd’hui, les 800 000 € de la levée de fonds - dont 400 000 € d’un investisseur privé allemand - sont arrivés (début novembre, ndlr). Des devis ont été acceptés, c’est le début de l’aventure".

Voxcracy compte sept associés : Olivier Rocca, Pascal Ruscica, Pierre Corbucci et Yann Soliveres, le docteur Tilman Fischer, un grand physicien allemand, président du comité stratégique, un ancien directeur d’Ernst & Young et un ex-haut cadre de Schneider.

"Nous avons un produit finalisé : ‘’choosr’’, une solution pour faire des choix liés à des problèmes de marketing, de management, de participation citoyenne et de gestion de la data. Ce produit nous permet à lui seul de toucher 80% de notre marché" indique Pascal Ruscica, directeur général et commercial de l’entreprise.

Permettre un choix avec plusieurs options

Voxcracy, qui est en discussion notamment avec les mairies de Cannes, de Grasse, la Métropole Nice Côte d’Azur et des laboratoires pharmaceutiques, se différencie par son offre. Comme l’explique Olivier Rocca, "dans la plupart des votes à forme uninominale, on n’autorise les gens à ne choisir qu’une seule option. Nous, nous allons leur permettre de s’exprimer sur l’ensemble des options qui leur sont offertes en les classant par ordre de préférence. Cela permet d’obtenir des votes plus précis, mieux informés et plus représentatifs qui prennent la mesure des préférences collectives. Jusqu’à présent, il n’était pas possible de mesurer les préférences collectives parce qu’on risquait de tomber dans une boucle logique. C’est le problème soulevé par le paradoxe de Condorcet. Notre travail, validé scientifiquement, élimine les boucles de Condorcet. Cela donne un instrument de décision totalement nouveau capable de représenter les préférences collectives en trois dimensions".

Actuellement dans des bureaux de l’avenue de la Californie, Voxcracy compte embaucher entre cinq et dix employés en 2018.

"Si tout se passe bien, nous nous installerons alors dans un espace beaucoup plus grand toujours dans l’espace azuréen" conclut Olivier Rocca.
Pierre BROUARD

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Le paradoxe de Condorcet

Le paradoxe de Condorcet dit qu’il est possible, lors d’un vote où l’on demande aux votants de classer trois propositions (A, B et C) par ordre de préférence, de se retrouver avec un résultat qui prendra la forme d’une boucle logique dans laquelle A > B > C > A. Les décisions prises à une majorité populaire par ce mode de scrutin ne sont donc pas, dans ce cas, cohérentes puisqu’elles déclarent tous les candidats vainqueurs les uns sur les autres et ne produisent aucun classement susceptible de faire ressortir un vainqueur unique parmi les trois candidats en lice.

Photo de une : une partie des associés à Nice lors de l’interview (PB)

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