William Siksik co-président de la FNAIM-06

Passé le confinement, les doutes ont été vite levés : après deux mois de "ventes à zéro", les acquéreurs ont repris sans tarder le chemin des agences immobilières après le 11 mai. À un niveau ayant surpris les professionnels, qui ne pouvaient préjuger des effets psychologiques de cette crise sur les comportements. "La reprise est très forte, elle est le fait à 80% des locaux et des primo-accédants. Nos carnets de rendez-vous pour des visites sont pleins et il y a beaucoup de compromis de vente" se réjouit Cyril Messika, co-président de la FNAIM-06. Le point en vidéo avec notre journaliste Julie Druot et en détail avec Jean-Michel Chevalier.

La demande évolue sensiblement après le confinement

Reste maintenant à savoir si cette tendance va se poursuivre, ou si le soufflet ne risque pas de retomber après l’emballement des premiers jours de délivrance... Les effets du Covid-19 ne sont pas allés jusqu’à bouleverser les prix. Pour le premier semestre (du 1er janvier au 18 juin), ils ont fléchi de 0,5% sur Cannes et légèrement augmenté sur Antibes (+0,2%), Menton (+0,4%) et Nice (+0,6%). Rien de très significatif.

Logiquement, les volumes des reventes ont fondu de 28% à 35% sur ces mêmes villes au plus "dur" du confinement, pour reprendre maintenant leur vitesse de croisière.
Pendant la crise, des ventes ont malgré tout pu être actées avec la signature à distance. "Les notaires et les banques ont joué le jeu, ce qui a notamment permis de sortir les dossiers préparés auparavant" poursuit le co-président William Siksik. Toutefois, des retards - voire des blocages - ont été causés par la fermeture de la Publicité foncière et par le DPU.
"Aujourd’hui, après l’expérience du confinement, nous constatons un certain regain d’intérêt pour la maison individuelle avec un jardin tandis que d’autres acheteurs privilégient le centre-ville pour éviter les transports, une chambre supplémentaire à transformer en bureau pour le télétravail" observe de son côté Cyril Messika. Pour la FNAIM des A-M, tous les signaux seraient au vert s’il n’y avait la menace d’une nouvelle vague de l’épidémie qui viendrait briser l’élan. Devant les incertitudes sanitaires, les banques ont durci leurs conditions de prêts, actuellement moins facilement
octroyés aux non-salariés. "Quant aux salariés, cela dépendra de la situation sociale et économique au cours du second semestre, lorsque les mesures d’aide gouvernementales (chômage partiel, etc.) seront terminées. Cette situation est surtout préjudiciable pour les primo-accédants et pour les temps partiels".
Pour les professionnels de l’immobilier, le gouvernement "ne pourra pas faire l’économie d’un plan de relance du logement".
La Fédération fait un certain nombre de propositions : étendre le dispositif Denormandie à toutes les villes (actuellement limité à Grasse et Vallauris). Les investissements permettraient de changer la vie des quartiers ; simplifier la rénovation énergétique pour les ménages et les aider à le financer ; lever les obstacles au crédit avec un taux zéro considéré en apport pour les
primo-accédants, soutenir les petits bailleurs en ne cédant pas à la tentation de taxer la pierre.

Agences : ma petite entreprise, a traversé la crise, mais...

Les signatures actuelles de compromis ne donneront lieu à passation d’actes définitifs, donc à perception d’honoraires, au plus tôt que dans deux ou trois mois, le temps de purge du Droit de Préemption Urbain (DPU) existant dans la plupart des communes, et le temps d’obtention du prêt.
Les agences immobilières qui ne font ni administration de biens ni syndic de copropriété - et qui n’ont de ce fait pas de revenus réguliers - subissent donc un décalage dans leur trésorerie. Pour elles, la crainte d’un "effet ciseau" est réelle au sortir de l’été.
Cela concerne 800 TPE/PME dans les Alpes-Maritimes.

Mesures temporaires : points d’actualité

Un certain nombre de "mesures temporaires" produisent encore des effets sur les ventes :
- "Contrairement à ce qui avait été annoncé, la date d’expiration du droit de rétractation de dix jours en cas d’acquisition n’a pas été impactée si ce délai expirait pendant la période d’urgence sanitaire, ainsi que pour le délai de réflexion de dix jours pour l’acceptation du crédit" note la FNAIM.
- Le DPU a repris à partir du 24 mai pour la durée restant à courir à la date du 12 mars. Pareil pour les recours contre les autorisations d’urbanisme affichées après le 12 mars mais avant la fin de la période d’état d’urgence sanitaire.
- Les notaires peuvent proposer la vente définitive de manière électronique jusqu’au 10 août.
- L’obligation de payer les loyers commerciaux demeure même si des poursuites ne peuvent être engagées avant le 10 septembre.
- Jusqu’au 31 décembre, les copropriétaires peuvent assister aux AG par visioconférence.

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