A Hyères, une piste (...)

A Hyères, une piste cyclable sur la route des Loubes, mais pas seulement !

Depuis longtemps, le Comité de quartier des Loubes réclame une piste cyclable sur la route des Loubes pour sécuriser les usages des cyclistes et protéger les piétons.

En soit, c’est une excellente idée mais il faudrait également évoquer les conditions de circulation des voitures et des camions et ne pas réduire le débat aux seuls cyclistes ou piétons.

Certes, il faut faire de la place aux piétons et aux cyclistes sur la route des Loubes, comme le clame Hélène Hermieu, présidente du CIL des Loubes. C’est un sujet qui lui tient à cœur depuis plusieurs années et qu’elle s’impatiente de voir avancer. Mais, il faut aussi penser aux exploitations agricoles qui bordent la route de part et d’autre et qui génèrent un trafic, lié à leur activité économique qui ne peut être passée sous silence.

FORTE CIRCULATION

« Il faut reconnaître que cette route de campagne entre La Moutonne (La Crau) et le rond-point Saint-Martin connaît une très forte circulation. Plusieurs questions doivent néanmoins être posées avec des réponses concrètes à la clé pour éviter des conséquences néfastes quant à l’utilisation et au partage de cette route et de ces futurs aménagements  », constate Max Bauer, le président de la Coordination Rurale du Var qui habite à proximité.

En utilisateur quotidien de l’axe, le syndicaliste ajoute : «  Certes, la route des Loubes est très dangereuse actuellement, autant pour les piétons, avec des accotements étroits plus ou moins entretenus et sans éclairage, que pour les poids lourds qui sont obligés de l’emprunter pour effectuer leurs livraisons  ».

Bernard, un autre riverain, enfonce le clou : «  Cette route entre La Crau et Hyères est même indigne d’une Métropole et le Département, plutôt que d’investir massivement dans le haut Var ces dernières années, aurait mieux fait d’aménager une route essentielle à la vie du bassin métropolitain  ». Ce qui est vrai !

Mais, on peut compter sur le pragmatisme de Jean-Louis Masson, le président du Département, pour apporter une solution concrète à ce dossier.

LA QUESTION DES TROTTOIRS

« Aussi, même en créant une piste cyclable, pour sécuriser les piétons, il faudra vraiment que sur cet espace, chacun sache faire preuve de civisme, ce qui n’est pas gagné quand on connaît l’égoïsme grandissant des Français et la montée des incivilités  », déplore, aussi, Max Bauer.

Selon la loi, une piste cyclable est exclusivement réservée aux vélos et donne la priorité aux cyclistes et non aux piétons. Toutefois, l’article R412-35 dit que les piétons peuvent marcher sur une piste cyclable, lorsqu’il ne leur est pas possible d’utiliser les emplacements qui leurs sont réservés ou en l’absence de ceux-ci. Il convient donc de respecter le passage des piétons sur les pistes lorsqu’il n’y a pas de trottoirs disponibles pour eux.

En cas d’un éventuel aménagement, des trottoirs seront-ils prévus à côté de la piste cyclable pour plus de sécurité pour les piétons, tout en sachant que la piste pourrait aussi accueillir d’autres utilisateurs (trottinette, mono-roue, gyropode, etc.).

Dans la loi, une piste cyclable est séparée de la route par un muret en béton tandis qu’une bande cyclable est sur la même route que les voitures et délimitée simplement par des marquages peints au sol. Avec une bande cyclable, le risque est d’être frôlé par les autres utilisateurs (voitures, camions, tracteurs, motos). Voire être empruntée ce qui est interdit par ces véhicules.

Le syndicaliste agricole avance également des arguments juridiques très pertinents : «  Depuis la loi Badinter de 1985 sur les accidents, il y une présomption de responsabilité de l’automobiliste. Cela signifie que dans la grande majorité des cas, l’automobiliste est tenu comme responsable de l’accident et doit en assumer les conséquences. Toutefois, un cycliste n’a aucune obligation à emprunter une piste cyclable. Il peut rouler en toute légalité sur la route, même en présence d’une piste cyclable. Cette éventuelle future configuration ne changera donc rien au principe de présomption de responsabilité. C’est pourquoi, il faut engager une très large concertation avec les professionnels locaux, les nombreuses entreprises, les agriculteurs, les usagers, y compris les conducteurs des véhicules agricoles, et les services de secours pour mesurer les conséquences des aménagements envisagés  ».

ECOULEMENT DES EAUX

L’exploitant ajoute : «  Il est impératif que les dispositions et les dimensions des ouvrages destinés à établir la communication entre la route et les propriétés riveraines soient fixées par voie de permission de voirie. Ces ouvrages doivent être établis de manière à assurer le maintien de la capacité du trafic sur la voie concernée, assurer la sécurité des usagers, ne pas déformer le profil courant de la route, ne pas entraver l’écoulement des eaux dans les fossés et ne pas créer d’apport d’eau supplémentaire sur la chaussée  ».

« Pour les propriétaires, en cas d’emprise sur des terres agricoles, celles-ci doivent être correctement indemnisées. Les poses de hautes clôtures doivent être aussi prises en charge par la collectivité ainsi que la plantation et l’entretien des haies pour éviter les éventuelles dérives de traitements agricoles des exploitations longeant la route et ces éventuels aménagements » avertit Max Bauer.

« Enfin, une véritable étude hydraulique, qui définit les caractéristiques des ouvrages de rétention ou de traitement, doit être menée afin de palier à l’impact de l’imperméabilisation des sols. En cas de rebouchage des caniveaux, il ne faut pas sous-dimensionner les buses et s’assurer que les terrains en contre-bas de la route et qui vont jusqu’au marais de l’Estagnol et la voie de la SNCF ne soient pas inondés en cas de grosses pluies », prévient Max Bauer, avec l’intelligence et la clairvoyance qui le caractérisent et qui manquent parfois aux décideurs politiques et aux fonctionnaires chargés de l’aménagement des routes.

Photo de Une : max Bauer ©PRESSE AGENCE

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