Cannes Lérins : nouvelle avancée dans la réutilisation des eaux usées traitées pour sécuriser la ressource en eau

Par Valérie Noriega --
le 25 juillet 2025

Vendredi 25 juillet, l’Agglomération Cannes Lérins a annoncé une nouvelle étape dans sa stratégie de réutilisation des eaux usées traitées (REUT), en précisant que celles-ci serviront désormais à soutenir le débit du fleuve de la Siagne, notamment en période estivale, pour renforcer l’approvisionnement en eau potable.

Cette annonce s’inscrit dans le prolongement d’un programme lancé en 2023, après plus de dix années de démarches administratives, et s’insère dans le mandat porté par David Lisnard, président de l’Agglomération Cannes Lérins et maire de Cannes. Elle marque une accélération notable de la transition hydrique dans le bassin cannois et grassois, avec pour ambition de mobiliser jusqu’à 15 millions de m³ d’eaux traitées chaque année, aujourd’hui encore rejetées en mer.

Présentation du programme REUT par David Lisnard,
Sébastien Leroy, Jean-Michel Sauvage
et Florence Simon ©CACPL

« Soutenir le débit du fleuve de la Siagne grâce aux eaux usées traitées est une mesure aussi bien stratégique qu’environnementale. D’une part, nous sécurisons durablement l’approvisionnement en eau potable du bassin cannois dans un contexte de changement climatique. D’autre part, nous participons à la préservation des milieux aquatiques et de leurs écosystèmes », a expliqué David Lisnard, soulignant également la création d’une « quatrième ressource en eau » en complément de la Siagne, du Loup et du lac de Saint-Cassien.

Gestion circulaire de la ressource

L’initiative repose sur le renouvellement anticipé de la délégation de service public (DSP) de la station d’épuration Aquaviva, située à Cannes-Mandelieu. Cette station, déjà équipée d’un système de traitement avancé (membranes ultrafiltrantes et désinfection aux UV), va bénéficier d’un dispositif complémentaire destiné à abaisser les concentrations d’azote et de phosphore, tout en éliminant les micropolluants. L’objectif : garantir une qualité d’eau conforme aux exigences environnementales pour l’alimentation du fleuve.

Jean-Michel Sauvage, président du SICASIL, a salué « un projet à forte portée territoriale, environnementale et stratégique » précisant que ce soutien à l’étiage représentait « une nouvelle étape vers une gestion sobre, durable et résiliente de la ressource ».

Outre son apport pour la biodiversité aquatique, ce dispositif vient renforcer la résilience hydrique d’un territoire soumis à une pression croissante, en raison du réchauffement climatique et de la raréfaction des ressources. Florence Simon, maire de Pégomas et vice-présidente de la Communauté d’agglomération du Pays de Grasse, a rappelé que « face au réchauffement climatique, il est nécessaire aujourd’hui de développer cette seconde vie des eaux usées et de diversifier leurs usages ».

Dans ce cadre, la nouvelle DSP prévoit également un pilotage dynamique des réseaux d’assainissement, un renforcement des capacités de traitement des eaux par temps de pluie (notamment via la construction d’un décanteur lamellaire), ainsi que la valorisation des déchets de la station en biogaz pour accroître l’indépendance énergétique locale.

Pour Sébastien Leroy, premier vice-président de l’Agglomération, cette politique incarne l’innovation à l’échelle locale : « La Réutilisation des Eaux Traitées (REUT) a ouvert la voie à de nouveaux champs des possibles : après le nettoiement de l’espace public et l’arrosage des espaces verts, cette technologie assure à la Siagne une réserve de grande capacité dans un contexte de fragilité de la ressource. »

En s’attachant à faire de l’eau un élément clé de sa stratégie de durabilité, l’Agglomération Cannes Lérins entend s’imposer comme un modèle de gestion circulaire de la ressource, anticipant les défis hydriques à venir dans les Alpes-Maritimes.