Edito - De l'influence et

Edito - De l’influence et de l’autorité

Avant de quitter ce monde, le pape François aura réussi à transmettre sa ‘lignée’ spirituelle en la personne de son successeur, puisque Léon XIV fut l’un des derniers cardinaux à être nommés par le défunt pontife. À 69 ans, son héritier sur le trône de Pierre va maintenant ‘régner’ sur 1,4 milliard de catholiques, auprès desquels il exercera une influence et une autorité morale certaines. Il serait indispensable qu’elles se manifestassent aussi dans les décisions de nos grands dirigeants pour les appeler à la sagesse, à la retenue et à la paix, des ‘valeurs’ qui n’ont guère plus cours en ces temps troublés. Le nouveau pape, gardien du dogme, se doit maintenant d’être aussi un « influenceur » efficace pour parler au cœur et à la raison de ceux – la liste est longue – qui utilisent les armes pour dominer dans le sang des territoires et leurs populations.

Au même moment, une autre succession ne semble pas être encore tout à fait à l’ordre du jour. C’est celle de Marine Le Pen. Elle se débat comme une diablesse après sa condamnation à cinq ans d’inéligibilité « avec exécution immédiate », susceptible de la priver de présidentielle en 2027. Fidèle à son caractère combatif, elle est loin de s’avouer vaincue avant d’avoir combattu. Elle place ses espoirs dans la décision de la cour d’appel, en août prochain, pour retrouver une chance de briguer l’Élysée. D’ici là, dans sa traversée du purgatoire, elle ne manque pas une occasion d’exercer son influence et son autorité sur les fameux « onze millions d’électeurs » du RN. Elle marque à la culotte Jordan Bardella, que d’aucuns dans le parti considèrent maintenant comme leur meilleure carte pour accéder à la magistrature suprême. Elle le suspecte, malgré une allégeance apparente et souvent réitérée, de vouloir « tuer » la mère. Tu quoque mi fili…

Les socialistes préparent leur congrès. Dans la douleur, comme à chaque fois. Le Premier secrétaire Olivier Faure n’aura réussi à imposer à son parti ni son influence ni son autorité (le fameux ni, ni cher à François Mitterrand). Il n’a pas plus réussi à concilier les inconciliables ‘idéologies’, sur fond d’ambitions personnelles d’éléphanteaux se croyant légitimes à incarner la candidature rose en 2027. Pour l’heure, le PS est encore loin d’apparaître comme un probable « recours ».

Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez livrent leurs derniers assauts pour convaincre les 120 000 Républicains devant élire leur président ce week-end. Après l’épisode Ciotti, attiré très à droite par une irrépressible force centrifuge, le vainqueur du duel devra réunir cette famille politique, déboussolée d’être écartée du pouvoir depuis si longtemps. Depuis le Général, elle avançait toujours soudée, au pas, derrière un chef incontestable, dont la figure indiscutable fut longtemps incarnée par Jacques Chirac. Une certaine « chienlit » en interne a semé la zizanie en même temps que le doute. Retailleau ou Wauquiez, et le futur président devra ressouder la famille autour de sa personne pour apparaître comme le candidat naturel du parti en 2027. Retailleau ou Wauquiez devra asseoir son influence et son autorité pour battre Édouard Philippe, l’actuel chouchou des sondages de la droite modérée, sans parler de Marine Le Pen ou Jordan Bardella. La route est encore longue...