Grasse : La ville qui (…)

Grasse : La ville qui ose un musée à ciel ouvert

Depuis deux ans, le commissaire d’exposition Pascal Langlais et le graffeur Nasty ont entrepris la métamorphose d’un quartier de Grasse avec le concours de la municipalité.


Pascal Langlais, commissaire d’exposition
du festival « poésie urbaine »
devant l’œuvre de Seth ©ME

Le rendez-vous est fixé avec Pascal Langlais quartier Martelly, à la sortie du parking souterrain Notre-Dame des fleurs. Plutôt inhabituel. Et pourtant, il suffit de lever les yeux pour voir ce gamin qui semble escalader la spirale colorée de la rampe du parking de 15 mètres de haut…

C’est comme si on était passé de l’autre côté de cette porte franchie par Alice au pays des Merveilles pour pénétrer dans un monde de fantaisie et de rêve.
Ce sont les Gouzou de Jace qui s’amusent sur les murs de l’ancien garage Rolland, les chats énergiques et colorés de Chanoir qui sourient avec malice. Quelques figures emblématiques du Street Art ont créé des œuvres XXL en quelques jours voire quelques heures, parfois, sur les murs du quartier : Seth, Nasty, Pro176, Aéro, Malfi… Pascal Langlais et Nasty orchestrent le festival « Poésie urbaine » pour surprendre mais pas seulement : « C’est un quartier en plein centre-ville où les gens se garent et qui a un peu été laissé à l’abandon. On a transformé le quartier Martelly, le but c’est de le rendre beau. Beaucoup de gens ne seraient pas venus à Grasse si on avait pas créé ces œuvres. Maintenant certains touristes font le détour pour voir les œuvres de Seth et des autres graffeurs et découvrir Grasse par la même occasion. »

Une oeuvre de pro 176 pour Poésie urbaine ©ME

Une expérience artistique offerte aux Grassois

La terrasse du garage Rolland ©ME
Olalarte devant une de ses œuvres pour Poésie urbaine ©ME

«  Par exemple, ça là-haut, je ne l’avais pas vu encore. On trouve toujours un nouveau détail. À chaque fois, ça nous fait un sujet de conversation à mon fils et moi. C’est agréable d’avoir l’art dans la rue sans avoir à se déplacer au musée. » Priscilla et Mael prennent plaisir à cette contemplation quotidienne des murs du quartier. Marie-Catherine, Grassoise de naissance, apprécie également «  toutes ces couleurs. Ca fait du bien.  » Il y a cet homme qui se balance sur son scooter et qui trompe l’ennui en lisant les inscriptions sur le mur ou cette dame qui marche vite en lâchant : «  Je pense que c’est affreux, y’a aucune harmonie dans les couleurs.  » On ne peut pas plaire à tout le monde… Olalarte, artiste polonaise installée à Grasse depuis neuf ans, s’est, elle, laissée happer par l’expérience. Habituellement adepte du pinceau et des tout petits formats, elle a dit mille fois oui quand Pascal Langlais et Nasty lui ont proposé un changement d’échelle :

« J’ai eu cette sensation de peindre avec tout mon corps. C’est le mouvement du bras qui compte, pas juste la main ou le poignet ; j’étais épuisée le soir avec des douleurs partout mais heureuse de cet hommage rendu à la ville, à l’humain, à la femme, à l’art et à la poésie. »


En deux saisons, ils sont déjà 27 artistes de renommée internationale à avoir contribué à faire revivre cette partie du centre-ville. Le mouvement pourrait s’amplifier en attendant la réhabilitation du quartier Martelly.
Une oeuvre de Chancir pour Poésie urbaine ©ME
Une oeuvre de Kashink pour Poésie urbaine ©ME
Nasty est bien évidemment présent pour Poésie urbaine ! ©ME

Photo de Une : une des oeuvres phares de cette édition : l’ouvre monumentale de Seth pour Poésie urbaine ©ME