Immigration : Le préfet

Immigration : Le préfet défend son bilan dans les Alpes-Maritimes

Hugues Moutouh s’exprimait après la publication de la circulaire du ministre de l’Intérieur demandant aux préfets d’être plus stricts dans l’application des conditions de régularisation.

«  Le bilan 2024 montre, avant même l’entrée en vigueur de cette circulaire, que nous avons délibérément anticipé cette limitation des régularisations qui nous est demandée. En 2024, les Alpes-Maritimes est l’un des départements à avoir le moins régularisé d’étrangers en situation irrégulière », a assuré le préfet le 11 février lors d’une conférence de presse. Sur 2 420 dossiers déposés, nous avons procédé à 127 régularisations, soit un taux de régularisation de 5,25 %  ». Concernant les éloignements, ils sont passés de 344 en 2023 à 486 en 2024, soit une hausse importante de 41 %. Sur ces 486 expulsions, 12 concernaient des individus qualifiés de ’radicalisés’.
Le préfet a fixé un objectif de 600 expulsions pour 2025. Par ailleurs, selon Hugues Moutouh, en poste depuis l’automne 2023, les régularisations de travailleurs dans les métiers dits en tension, principe de la loi immigration de janvier 2024 repris par la circulaire de Bruno Retailleau, ne sont pas à privilégier.

Bon sens

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«  Nous ne procédons pas à des régularisations importantes de travailleurs, d’abord parce que nous n’en avons pas tant que cela par rapport à d’autres départements et parce que je n’en vois pas l’utilité. (...) Il faut d’abord traiter la question du sur-chômage des étrangers en situation régulière (deux fois supérieur à la moyenne nationale), qui proviennent des pays hors UE. Donc, avant de régulariser un étranger en situation irrégulière, proposons un travail aux demandeurs d’emploi étrangers en situation régulière. Ils sont 40 % dans les métiers du BTP, de la construction, des travaux publics, 18 % dans l’hôtellerie, la restauration, les loisirs et 20 % dans les services à la personne et à la collectivité. (...) C’est une question de bon sens  », a-t-il expliqué. Avec un taux de réussite de 7 %, les OQTF (obligations de quitter le territoire français) posent évidemment question. Pour les Alpes-Maritimes, le préfet revendique un taux deux fois supérieur à la moyenne nationale : « On essaie d’être exemplaires, c’est difficile, parce qu’éloigner un étranger en situation irrégulière, c’est un véritable parcours d’obstacles juridiques et diplomatiques pour obtenir un laissez-passer consulaire du pays d’origine ».

Patrouilles avec l’Italie

Pour cette année, une première tendance se dégage : les forces de l’ordre ont déjà procédé à 45 éloignements (soit 50 % de plus que l’an dernier à la même période). Le préfet annonce encore plus «  de rigueur et d’intransigeance par rapport à l’immigration irrégulière (...) mais il faut hiérarchiser nos objectifs. On ne reconduit pas à la frontière tous les étrangers en situation irrégulière. En revanche, on reconduit systématiquement tous ceux qui posent un problème pour la sécurité de notre pays et de nos concitoyens  ».
Onze points de passage font l’objet d’une surveillance. Le partenariat avec l’Italie se matérialise par des patrouilles mixtes et des points sur la situation toutes les semaines à Vintimille.

« En 2024, nous avons intercepté 15 000 personnes à la frontière, un chiffre en baisse de 64 % par rapport à 2023, du fait de moins de débarquements en Italie. » Mais les arrivées par la mer en Italie sont de nouveau en hausse de plus de 80 % en ce début d’année du fait d’une météo clémente. S’il est trop tôt pour savoir si cette tendance va se confirmer, le préfet, lui, est déterminé à ce que la frontière ne soit pas « une passoire  » en 2025.

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