
Kit de survie pour séjour aux États-Unis
- Par Jean-Michel Chevalier --
- le 25 juillet 2025
À la faveur d’un voyage aux États-Unis, je trinquerais bien volontiers à la santé de Donald Trump si la taxe de 30 % infligée aux produits européens importés à partir du 1er août ne venait renchérir le prix de mon verre de Sancerre ou de Chardonnay. Avec cette pénalité sur le vin, l’affaire tourne vinaigre pour la filière viticole tricolore, les US étant notre premier marché avec 22 % de nos exportations pour un chiffre d’affaires de 3,6 milliards. Grâce à leur président à casquette, les riches New-Yorkais en goguette paieront plus cher leur bouteille au restaurant ou au bar – ils en ont les moyens – quand les moins fortunés devront se rabattre sur une piquette locale plus « compétitive » à défaut d’être meilleure. Et si Trump préfère le bourbon du Kentucky, je ne ferai pas preuve de radinerie en prenant pour l’accompagner un bon vieux whisky écossais, dont la nouvelle et inique taxe ne saurait gâcher le goût.
Bien sûr, pour me rendre à Washington, je privilégierai une compagnie qui me fera voler sur Airbus plutôt que sur Boeing. Pas pour des raisons de sécurité, encore que, mais parce que j’ai là un moyen facile de soutenir à ma modeste échelle l’industrie du Vieux Continent injustement frappée par la taxe Trump. L’avionneur européen n’a d’ailleurs pas attendu Donald pour chiper la première place mondiale à son principal concurrent, preuve qu’il y a bel et bien une justice sur Terre comme… au ciel.
Sur place, pour me rapprocher de la Maison Blanche, je louerai évidemment à l’aéroport une Mercedes ou une Volkswagen, les voitures françaises ne circulant qu’à dose très homéopathique sur les routes américaines. Nos modèles européens valent bien tous les SUV à la taille et à la consommation surdimensionnées. Je veillerai à ce que ma monture soit équipée de pneus Michelin (français) ou Pirelli (italiens), à la rigueur asiatiques, car ils sont aussi touchés par cette taxe… à la gomme.
Bien sûr, j’apporterai un petit cadeau à la présidence pour tenter d’entretenir une amitié vacillante entre les deux côtés de l’Atlantique. Passage obligé donc dans une maison de luxe française, où je constaterai que pour les Américains fortunés nos produits sont encore plus désirables depuis qu’ils sont devenus encore plus chers avec la taxe. Pour leur petite eau de toilette désormais inabordable, les bourses modestes se rabattront sur les créations chimiques locales pour « sentir bon » le matin. Mais j’aurai beau chercher, je ne trouverai pas dans les rayons du bon goût une cravate assez flashy à offrir au président.
D’ici là, par crainte de me voir refoulé à l’entrée du territoire comme un « vulgaire » Mexicain, Philippin, woke, scientifique (liste à compléter...), je n’aurai pas manqué d’expurger les réseaux sociaux de toutes les vilenies que j’ai écrites sur Donald depuis son retour aux affaires. Car, dans l’ambiance actuelle, émettre la moindre critique, c’est comme faire du vélo en Iran : cela peut vous envoyer pour des années derrière les barreaux.