La Mutualité Française veut réduire le déficit de la Sécurité sociale en agissant sur son efficience
- Par Gilles Carvoyeur --
- le 6 novembre 2024
Pour Dominique Viot, président de la délégation du Var de la Mutualité Française, les mutuelles ne doivent pas devenir les variables d’ajustement des déséquilibres budgétaires de l’Assurance maladie.
Dans le projet de loi pour le financement de la Sécurité sociale (PLFSS), les complémentaires santé devraient assumer près de 20% des économies annoncées par le gouvernement pour réduire le déficit de l’Assurance Maladie en 2025. D’où la question : « À quelle sauce vont être mangés les assurés sociaux ? En effet, Michel Barnier a révélé ce que tout le monde pressentait : Les comptes de la France sont au plus mal et cela ne vas pas s’arranger ! Il faut donc fournir des efforts pour redresser les comptes »
CONSULTATION MÉDICALE PLUS CHÈRE
Le tarif de la consultation médicale est passé de 26,5€ à 30€ au 1er novembre 2024 (il était de 25€ en début d’année). Le gouvernement prévoit dans le PLFSS un nouveau transfert de charge en faisant passer le ticket modérateur de 30 à 40% sur les consultations. À compter de 2025, les complémentaires santé devront couvrir 12€ par consultation, au lieu de 7,5€ actuellement. L’augmentation de leur prise en charge sera alors de 60 % », prévient Dominique Viot.
Mécaniquement, ce transfert de dépenses va se répercuter sur le porte-monnaie des Français, mais ne réglera pas le problème de fond du système de protection sociale. Ainsi, avec les hausses de la prise en charge des consultations médicales, c’est un reste à charge de 1,1 milliard d’€ qui devra être payé par les assurés sociaux.
« Toutefois, depuis de nombreuses années, les dépenses de santé sont constamment sous-évaluées pour cacher l’énorme trou de la Sécurité Sociale. Pourtant, des éléments restent incontournables tels que l’augmentation de la consommation de soins et le vieillissement de la population », rappelle Dominique Viot.
Il ajoute : « Les mutuelles sont dans l’obligation d’être à l’équilibre, elles n’auront pas d’autres choix que de répercuter ce transfert sur les cotisations ».
Mais chaque année, en tant qu’organismes à but non lucratif, nos résultats économiques sont à peine à l’équilibre (entre 0,1 à 0,2 %) et les cotisations sont fixées en lien avec les hausses de dépenses de santé. Une telle mesure touche l’ensemble des populations et plus particulièrement les personnes qui consultent fréquemment des médecins telles que les seniors ou les personnes souffrant d’une affection longue durée (ALD). En effet, les patients en ALD bénéficient d’une prise en charge intégrale par l’Assurance maladie uniquement pour les soins et les consultations liées à leur ALD ».
Autre point dénoncé par le responsable varois : « Le PLFSS prévoit une baisse du plafond des indemnités journalières versées par la Sécurité sociale en cas d’arrêt maladie de 1,8 à 1,4 SMIC. Cette mesure d’économie, qui devrait rapporter autour de 600 millions d’€, va entraîner une hausse des prestations prévoyance, sans agir sur la dérive des prestations. De plus, avec une revalorisation de 5€ de la consultation médicale et une prise en charge mutuelle qui passe de 7,5€ à 12€, ce sont les complémentaires santé qui financent à 90% la revalorisation du prix de la consultation médicale ».
Pourtant, ce n’est pas le premier transfert de dépenses vers les complémentaires. Déjà en 2023, 500 millions d’€ ont été transférés lorsque le ticket modérateur est passé de 30 à 40 % pour les soins dentaires. En réalité, les transferts relèvent d’une logique de vase communiquant entre la dépense publique et la dépense privée mais ils ne règlent pas le problème de fond et ne répondent pas au besoin d’une réforme structurelle.