Le début du chant du (…)

Le début du chant du cygne ?

Le vent tournera-t-il en Ukraine où l’armée de Volodymyr Zelensky, malgré son courage, est progressivement étouffée par les Russes ? Puisque ces derniers ont loupé leur ‘blitz’ d’envahissement, ils mènent depuis une guerre d’usure, le temps travaillant pour eux. La période des atermoiements et du soutien millimétré à Kiev par des alliés américains et européens ne voulant pas être entraînés dans le conflit est sans doute terminée. Pour Moscou, Donald Trump risque de changer la donne en ayant décidé de faire ce qu’il fait de mieux : frapper lourdement au portefeuille.

L’an passé, la Russie a reçu plus de 190 milliards de dollars pour ses exportations de pétrole, soit les trois quarts de son budget national. Une telle dépendance constitue un tendon d’Achille sur lequel la Maison Blanche compte appuyer pour faire mal, en relançant sa propre production d’hydrocarbures et en exerçant une ‘amicale’ pression sur les pays du Golfe pour faire baisser le prix du baril, donc réduire les recettes de Moscou. L’administration Biden avait sur ce point tergiversé en privilégiant la protection de l’environnement, ce dont le milliardaire à casquette se fiche éperdument.

Pour contourner les sanctions et continuer à livrer son pétrole, la Russie a développé une « flotte fantôme » constituée de vieux tankers qui transportent jusqu’à 90 % de ses exportations. Ils changent souvent de nom, de pavillon, agissent derrière des sociétés-écrans, désactivent leur géolocalisation, transbordent des cargaisons en mer. Bref, ils blanchissent l’or noir. Ce trafic va devenir plus compliqué : l’Inde, la Chine et la Turquie ont déjà annoncé que ces pétroliers fantômes ne sont plus autorisés à rejoindre leurs ports. Un tiers seulement du pétrole russe est transporté dans des navires « légaux ». Ceux-là sont aussi dans le viseur : le G7 et l’UE ont interdit toute assurance et assistance technique aux pétroliers vendant leur cargaison à plus de 60 dollars le baril, ce qui bloque là encore les recettes de Moscou.

Cette politique d’encerclement a certes enquiquiné la Russie, mais pas au point d’arrêter sa guerre en Ukraine… En appuyant sur la gâchette de l’arme économique, Trump vise le cœur du système de Vladimir Poutine. Car les dépenses militaires représentent 40 % du budget de la Russie et les (pétro)dollars lui sont indispensables pour financer le conflit. Dans le pays, les conditions de vie se dégradent, la croissance patine, le rouble s’effondre, l’inflation explose comme la dette, le taux directeur de la Banque de Russie est de 21 % (2,75 % pour la BCE). Les taux d’intérêt pour les prêts varient entre 25 et 30 %. Il y a aussi pénurie de main-d’œuvre avec le départ de centaines de milliers d’hommes au front et la fuite d’autant à l’étranger pour d’autres qui ne veulent pas combattre.

Poutine sait tout cela. Même sans opposant ni opinion publique, il devra se contorsionner pour éviter de perdre le pouvoir. D’où, peut-être, un dialogue possible avec Trump, pour stopper cette guerre meurtrière. Une partie de poker menteur s’engage entre ces deux experts...