Maires : les nouvelles

Maires : les nouvelles équipes à l’aube d’un mandat déterminant

Nouvellement élus ou reconduits, ils ont leur commune chevillée bien au cœur et sont prêts à la servir malgré les difficultés. Rencontre avec ceux de Rimplas, Tourrette-Levens et Aspremont

En se rasant ou en se coiffant ces petits matins frileux de l’hiver 2019-20, ceux qui envisageaient de se présenter aux élections municipales n’imaginaient pas qu’ils devraient aussi faire face à la plus grave crise du siècle en s’installant dans le fauteuil de maire. Car le virus a tout bousculé sur son passage, jusqu’au plus modeste village de montagne, qui a dû s’adapter avec les moyens du bord. La plupart des nouveaux conseils ont été élus dès le premier tour, mais il reste encore quelques communes qui devront attendre le 28 juin pour confier leur sort pendant six ans à une équipe, plus ou moins renouvelée.

Difficulté de la charge

Les sombres prédictions de l’ancien préfet des Alpes-Maritimes Georges-François Leclerc ne se sont pas vérifiées : il y a bien eu des candidatures dans tous les villages, et souvent même avec plusieurs listes en piste. Ce qui prouve la vitalité de cette démocratie dont nous serions paraît-il plus ou moins en désamour, mais qui à l’évidence sait se régénérer.
Il reste que la mandature qui s’ouvre ne sera pas un long fleuve tranquille pour les élus de terrain que sont les maires. Car la crise risque de mettre encore plus à mal les aides de l’état. Les citoyens mécontents - si, si, il y en a... - viendront encore toquer à la porte des mairies après avoir accroché leur gilet (jaune) au porte-manteau pour "faire remonter" leurs problèmes.
La crise, qui aura des répercussions financières inéluctables sur les finances communales (baisse de la DGF, des droits de mutation), sera encore plus prégnante dans les villes du littoral, où les taxes et les redevances (droits de terrasses, plages, marchés, etc.) pèsent leur poids dans les budgets communaux.
Un "manque à gagner" certain, qui se traduira par moins de marges de manœuvre pour les investissements, tandis que les dépenses de fonctionnement devront être plus que jamais comprimées pour l’équilibre des comptes... Il n’y aura, finalement, que la taxe d’habitation et la taxe foncière qui assureront un matelas stable et prévisible, pour le reste... Ceux qui, par jalousie ou démagogie de bistrot, critiquent les élus de terrain, n’ont pas la moindre idée de la difficulté de la charge. S’ils n’avaient pas leur commune dans la peau, les 153 "nouveaux" et leurs centaines d’adjoints et de conseillers municipaux resteraient à la maison, et ce serait dommageable pour toute la société !

Christelle d’Intorni : vibrant plaidoyer pour Rimplas

Christelle d’Intorni DR

Vous cherchiez à rencontrer Christelle d’Intorni ces dernières semaines ? Pour la trouver, il fallait "monter" à Rimplas dont elle est maire depuis 2014. Elle avait en effet choisi de se confiner avec les 130 habitants de ce village dominant la Tinée dont elle est issue, quatre générations côté maternel, où elle a grandi et passé ses week-ends et vacances avant de "descendre" à Nice pour exercer sa profession d’avocate.
Ce samedi après-midi, elle était en pleine préparation du budget communal. Des chiffres pour l’investissement, d’autres pour le fonctionnement : des arbitrages pour un juste équilibre.
"Je regarde partout où il est possible de faire des économies. Lors des élections précédentes, j’avais fait peu de promesses et j’ai tenu celle qui me tenait le plus à cœur : non seulement les impôts locaux n’ont pas été augmentés, mais en plus ils ont baissé".
Ce n’est pas si fréquent, qu’il convient de le souligner.
Malgré ces contraintes, la rénovation du village a été entreprise "en conservant son authenticité". Les anciennes écuries, la salle des fêtes, les deux chapelles et la sacristie, un bâtiment communal abritant deux logements mis en location ont été restaurés. Ainsi que le four communal et le bar-restaurant dont les murs appartiennent à la mairie.

Dans la lignée du premier mandat
À Rimplas, il n’y aura pas de second tour : toute l’équipe municipale a été élue dès le mois de mars avec un taux de participation de 90%, nonobstant la crainte du Covid, et Mme le maire a obtenu 97% des suffrages
exprimés. Un score qu’elle explique d’abord par la proximité qu’elle entretient avec les habitants.
"Pendant le confinement, j’avais les gens au téléphone ou par SMS chaque jour. Cette relation est très importante, surtout dans un endroit isolé". La commune l’est un peu moins désormais, avec une autre initiative municipale : la mise en service d’une petite navette qui conduit les habitants à Roquebillière pour les courses et pour le médecin.
Pour ce nouveau mandat, Christelle d’Intorni va poursuivre l’aménagement du fort de Rimplas, premier ouvrage de la ligne Maginot. Il a été rétrocédé à la commune par le Conseil départemental pour un euro, le monument historique présentant un intérêt touristique et patrimonial. "Ses abords ont déjà été aménagés sous le précédent mandat – parking, jeu d’enfants etc. – et maintenant c’est au tour de l’intérieur".
Travail à son cabinet de Nice, activité municipale, vie familiale avec une petite fille de quatre ans... L’emploi du temps de la maire de Rimplas est particulièrement chargé et elle ne compte pas ses heures pour mener de front toutes ses responsabilités !
Pas de quoi effrayer cette jeune femme débordant d’énergie.

Tourrette-Levens : Bertrand Gasiglia joue à domicile

Les Tourrettans de 50 ans et plus se souviennent d’avoir vu leur nouveau maire, Bertrand Gasiglia, courir en culottes courtes dans les rues du village. Et pour cause : ce fils et petits-fils d’épiciers - son papa, 72 ans, et son frère Benoît tiennent toujours l’affaire familiale - a fréquenté l’école maternelle, puis la primaire et enfin le collège René-Cassin dans ses jeunes années. Avant de s’envoler vers d’autres cieux, mais sans jamais s’éloigner de Tourrette-Levens, qu’il porte en bandoulière dans son cœur. "Côté paternel, j’appartiens à une ancienne famille du village. J’y ai des racines très fortes, mon père y est né, mon grand oncle y tenait un hôtel-restaurant" explique celui qui est entré au Conseil municipal en 1995 dans l’équipe du docteur Alain Frère à qui il vient de succéder.

Un parcours "politique"
Avant de s’engager dans la vie de sa commune, Bertrand Gasiglia s’est investi dans la vie associative. Jeune, il a revêtu le maillot de l’équipe de foot de l’AOTL (association omnisport de Tourrette-Levens) dont il fut le gardien de but. Puis, il a entraîné les débutants, tout comme son père l’avait fait avant lui. Une passion pour le ballon rond qui en a fait un fervent supporter des Aiglons !

Bertrand Gasiglia (dr)

Lycée Calmette à Nice, classe "prépa" à Masséna, Institut d’Études Politiques de Grenoble. Au sortir de cette formation, le voici repéré par un certain Christian Estrosi qui en fait son attaché parlementaire. Nous sommes en 1998, et depuis Bertrand Gasiglia n’a plus quitté le domaine "politique" pour se consacrer aux autres. Il suivra le futur président de la Métropole au Conseil régional à Marseille, puis au Conseil général à Nice où il sera son collaborateur de cabinet. Depuis, il est resté fidèle à cette assemblée, sous les présidences d’Éric Ciotti puis de Charles-Ange Ginésy.
À ce poste "tour de contrôle", il a acquis une connaissance fine de toutes les communes du département, des hommes et femmes qui les dirigent. Une expérience qui lui permet maintenant de prendre sereinement les rênes de sa commune puisqu’il maîtrise parfaitement le "mode d’emploi". Bertrand Gasiglia a fait des débuts modestes de conseiller en 1995, chargé de la rédaction du bulletin municipal, avant de devenir premier adjoint en 2008 pour les deux mandats qui suivirent. Douze années pendant lesquelles il avait la délégation des finances, un poste qu’il surveillait avec la même attention que jadis sa cage de gardien de but. Réaliste, prudent, le nouveau maire n’a pas l’intention de se lancer dans des projets mirifiques, surtout à une époque où plane l’incertitude. Il prévoit tout de même quelques équipements, comme l’aménagement d’un parc municipal et celui d’un espace sportif et ludique. Une gestion en bon père de famille, pour piloter un budget de fonctionnement de près de quatre millions d’euros.
Au service des (presque) 5 000 habitants du chef-lieu de canton.

Aspremont : Pascal Bonsignore engagé pour son village

C’est un enfant du pays. Soixante deux ans qu’il parcourt les "drailles" d’Aspremont, mettant ses pas dans ceux de ses ancêtres du côté maternel. élu au premier tour, Pascal Bonsignore n’est pas un novice de la gestion municipale. Il est entré au Conseil en 2001, en qualité de premier adjoint, avec comme délégations les finances, l’urbanisme et la communication. Il a accompagné pendant ces années l’ancien maire, Alexandre Ferretti qui, à 86 ans, avait envisagé de se retirer avant de finalement se représenter, mais dont la liste n’est arrivée qu’en troisième position.

Pascal Bonsignore (DR)

Pascal Bonsignore a fait toute sa scolarité dans le département, ses études à la faculté de Science éco (diplôme de 3ème cycle) suivi d’une école de commerce. Le voici armé pour entrer dans la vie professionnelle, comme manager d’équipes dans une banque "verte", jusqu’à sa récente retraite qui lui permettra de consacrer toute son énergie à Aspremont.
"Pour moi, l’engagement associatif a toujours été important. Dès l’âge de 16 ans, je suis entré au comité des fêtes du village" annonce le nouveau maire qui a aussi, plus tard, été vice-président du syndicat intercommunal de Val de Banquière sur les douze communes de l’ancien canton de Tourrette-Levens.
Huit élus "sortants" de l’ancienne équipe l’ont accompagné dans l’aventure des dernières municipales. "Ils apportent l’expérience, la connaissance du terrain et des gens. Les nouveaux arrivent de différents horizons et sont tous motivés pour mettre leurs compétences au service d’Aspremont".
Pascal Bonsignore a voulu "associer les habitants au projet municipal. On l’a présenté, on a écouté, on l’a fait évoluer en retenant les propositions". Quelques lignes fortes du programme : "pas d’augmentation de la fiscalité locale, même si l’on sait qu’avec la crise les temps vont être difficiles pour tout le monde". Mais aussi la volonté de rendre "la commune attractive et dynamique en s’appuyant sur les associations, en créant un square où se rencontrer près de la place principale, en développant le marché local".
Le nouveau premier magistrat veut aussi surélever le parking du centre du village pour ajouter une quarantaine de places supplémentaires. D’autres projets sont dans les tiroirs, comme celui de créer une navette entre Aspremont et Tourrette-Levens qui permettra ensuite de se "connecter" avec les lignes de bus qui vont sur Saint André-de-la-Roche et Nice. Ou celui de permettre l’installation de nouveaux maraîchers ou agriculteurs sur un terrain de 15 000 mètres.
Pascal Bonsignore assure qu’il ne sera pas un maire bétonneur. "Les surfaces constructibles sont peu nombreuses, de grandes zones sont concernées par les plans de prévention des risques incendie et glissement de terrain".

Visuel de Une : La plupart des conseils sont déjà en ordre de marche. Ci-dessus, une partie de celui d’Aspremont autour du nouveau maire Pascal Bonsignore. (DR Mairie d’Aspremont)

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