Maison des Femmes des Alpes-Maritimes : « Une réponse nécessaire et globale »
- Par Sébastien Guiné --
- le 29 novembre 2024
Hébergée chaque jeudi de 9h à 17h au sein de l’hôpital L’Archet 2 depuis septembre, la Maison des femmes emménagera en 2026 dans les locaux du CCAS avenue Félix Faure à Nice.
« Un lieu d’espoir, de solidarité et de réparation pour les femmes victimes de violences ». C’est en ces termes qu’Othman Nasrou, secrétaire d’État chargé de la Citoyenneté et de la Lutte contre les discriminations, a présenté la Maison des Femmes des Alpes-Maritimes qu’il est venu inaugurer le lundi 25 novembre, journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Il était accompagné du préfet Hugues Moutouh, du président du conseil départemental Charles Ange Ginésy, du maire de Nice Christian Estrosi, du directeur de l’ARS PACA Yann Bubien, du directeur général du CHU de Nice Rodolphe Bourret et d’Élisabeth Moreno, marraine du nouveau lieu et ancienne ministre. M. Nasrou a rappelé qu’en 2021, plus de 320 000 femmes majeures avaient été « victimes de violences physiques, sexuelles, psychologiques ou verbales » et que moins d’une femme sur cinq seulement avait porté plainte. « Dans les Alpes-Maritimes nous n’échappons pas à cette réalité. Les services de police et de gendarmerie ont enregistré en 2022 4 645 plaintes pour des violences intrafamiliales et en 2023 5 222 plaintes », a-t-il ajouté. « Derrière les chiffres, il y a des vies brisées, des drames humains, des histoires tragiques », a relevé le secrétaire d’État alors qu’il a été rappelé qu’en France une femme meurt tous les 2,5 jours sous les coups de son partenaire.
« Un refuge »
« La Maison des Femmes des Alpes-Maritimes incarne cette réponse urgente, nécessaire, globale, avec des soins médicaux, avec un soutien social, avec un soutien juridique. Ce n’est pas seulement un lieu de soin, c’est aussi et surtout un refuge, une lueur d’espoir pour celles qui n’en peuvent plus de vivre dans la peur », a complété Othman Nasrou.
Ces Maisons, qui s’inspirent de la première d’entre elles lancée à Saint-Denis par le Dr Ghada Hatem, s’inscrivent dans le cadre du plan interministériel 2023-2027 « Toutes et tous égaux » et dont l’objectif est d’avoir une structure de ce type dans chaque département de France. Celle des Alpes-Maritimes a été financée par l’ARS PACA à hauteur de 200 000 euros et par le département à hauteur de 90 000 euros. La ville de Nice a apporté 15 000 euros et mettra à disposition un local en 2026, réunissant ainsi la Maison des Femmes et l’accueil de jour Pass’R’Elles (ex Abri Côtier) créé en 2013. « C’est un accueil pluridisciplinaire pour les femmes qui ont subi ou qui subissent des violences. Il y a des médecins, des sages-femmes, des psychologues, des assistantes sociales, des psychiatres. On travaille aussi avec les associations pour proposer un accompagnement vers le dépôt de plainte, vers les différentes procédures judiciaires », a expliqué le Dr Marie Cid, gynécologue obstétricienne et médecin référent de la Maison des Femmes. « Avec le ministre de l’Intérieur nous sommes très attachés au recueil de leur parole, à la capacité de déposer plainte en dehors des murs des commissariats et des casernes de gendarmerie », a précisé à ce sujet Othman Nasrou.
« Une cause sociétale »
« C’est quelque chose que nous voulons développer et dans une Maison des Femmes cela s’y prête tout à fait. Il y a un travail en cours là-dessus avec la police et j’espère que quand il y aura l’installation définitive dans les nouveaux locaux en 2026, ce sera le cas ». La marraine, Élisabeth Moreno, a dit combien ce fléau ne concernait pas que les femmes et qu’il s’agissait d’une « cause sociétale ». « Ces femmes ont besoin d’une prise en charge à 360 degrés. Il ne faut pas seulement les éloigner du domicile de leurs souffrances, il faut également leur donner la possibilité de se reconstruire avec leurs enfants, il faut leur donner la possibilité d’être suivies médicalement, d’avoir accès à des psychologues, à des travailleurs sociaux, à des personnes qui les entendent et qui les réhumanisent. C’est cela même qui est proposé au sein de cette Maison des Femmes, non seulement aux victimes mais aussi aux enfants qui sont des co-victimes directes, pas collatérales. Ces femmes parfois n’osent pas aller dans les commissariats ou dans les gendarmeries pour déposer plainte mais elles osent, parce qu’elles n’ont pas le choix, aller dans les hôpitaux pour se faire soigner ».