
Pierre Saulnier, un homme passionné de fers à repasser !
- Par Gilles Carvoyeur --
- le 15 avril 2025
À 88 ans, Pierre Saulnier, figure emblématique de la teinturerie et du blanchissage, se remémore un parcours riche en expériences et en passions. Ainsi, il possède une incroyable collection de fers à repasser qui compte plus de 1 000 modèles !
Dans les années 1954-1955, cet homme féru de fers à repasser a fait son apprentissage, chez ses cousins en Algérie, dans une teinturerie comptant une cinquantaine d’employés. Devenu un collectionneur passionné, il précise que la teinturerie concerne le nettoyage à sec, le nettoyage aux solvants et la blanchisserie est le lavage à la lessive.
De retour en France à cause des événements dans ce pays, Pierre Saulnier a travaillé dans une grande usine parisienne, traitant jusqu’à 16 tonnes de linge par semaine, utilisant des machines sophistiquées et divers solvants comme le perchloréthylène, la benzine, le trichloréthylène, l’essence F.
Il se souvient : « Les employés de la teinturerie faisaient le circuit à Paris, en allant chercher le linge sale dans les différents magasins qui leur appartenaient et l’apportaient, ensuite, à l’usine pour que nous le traitions ».
PROFESSIONNEL ET COLLECTIONNEUR
De retour en France en 1962, Pierre et son épouse ouvrent un pressing à La Valette-du-Var, après avoir géré un établissement au Mourillon, à Toulon. Il partage, également, son savoir en tant que professeur à la Chambre des Métiers du Var, où il forme de nombreux apprentis.
Au-delà de son métier, Pierre nourrit une histoire singulière avec son exceptionnelle collection de fers à repasser. Cet engouement familial remonte à ses grands-mères, l’une repasseuse en Seine-et-Marne et l’autre blanchisseuse et brodeuse. Il a récupéré des fers anciens, témoins d’un savoir-faire d’antan.
Pierre se souvient avec émotion : « Ma grand-mère maternelle, blanchisseuse et brodeuse, confectionnait des nappes, des pièces pour les futurs mariés. J’ai récupéré les fers qui chauffaient sur la cuisinière au bois et au charbon de ma grand-mère paternelle. Elle avait une grande table à repasser et mettait chauffer ses fers sur la cuisinière et repassait le linge. J’ai récupéré tout le matériel de mes grands-mères et j’ai fait le métier de 15 à 65 ans ».
Au fil des années, Pierre a participé à plus de 250 expositions en France et à l’étranger, mettant en avant sa collection impressionnante de plus de mille pièces. D’autres pièces complètent la collection de fers à repasser comme un agitateur de lessive, une machine pour amidonner les cols, une machine pour repasser les rubans, un poêle de blanchisseuse avec les fers à repasser autour, des fers à repasser chinois pour la soie.
PLUS DE 1 000 PIÈCES
Chaque pièce livre une histoire, illustrant l’évolution des techniques et des matériaux au fil du temps.
« Ma première exposition date de 1985 à Toulon. J’ai adhéré à un club de fers à repasser. J’ai plus de mille pièces de toutes les époques, de toutes les nationalités et de différents fabricants (Godin, Camion Frères). Les différents modèles ont suivi l’évolution de la société, la transformation des matières. Suivant le tissu et les époques, le fer était de différentes formes et fabriqué avec différentes matières. Pour les tailleurs militaires, c’étaient les fers à braises par exemple » raconte le collectionneur.
Aujourd’hui, Pierre souhaite céder sa collection, espérant créer un musée dans le Var pour préserver ce patrimoine et le transmettre aux jeunes générations.
« C’est un héritage à conserver et à montrer », affirme-t-il avec conviction. Son rêve est de voir sa collection exposée dans une commune, afin que chacun puisse découvrir l’évolution de ce métier fascinant.
Propos recueillis
par Laurette PARAY