Edito - Passagers payants mais clandestins
- Par Jean-Michel Chevalier --
- le 17 mai 2024
Il fut un temps où il suffisait de se rendre à la gare pour acheter un billet qui, pour le même trajet, avait toujours le même tarif, quels que soient le jour et l’horaire du train emprunté. Les ventes « super promo » n’existaient pas. Les réductions concernaient les familles nombreuses et les cartes d’abonnement. On était contrôlé à l’entrée du quai sans être obligé de composter. C’était simple...
Aujourd’hui, comme pour le transport aérien, le passager assis auprès de vous n’aura pas payé le même tarif selon qu’il a été prévoyant ou pas, connecté à internet pour repérer les bonnes affaires ou pas, chanceux ou pas. Les différences de prix sont astronomiques. Ainsi, le même aller-retour Paris – Rotterdam en Eurostar peut coûter de 60 euros à 280 euros selon votre degré d’anticipation et votre baraka à la roulette tarifaire.
De la même façon qu’un billet d’avion ne reflète pas le prix de revient réel du voyage, la différence de prix des billets de train est devenue incompréhensible pour l’usager.
Les algorithmes du défunt « Socrate » et des autres logiciels de la SNCF intégrant les heures de pointe du trafic et les périodes creuses ont bon dos pour justifier des hausses de tarif parfois faramineuses. Il suffisait aussi autrefois de montrer son billet au contrôleur pour prouver que l’on était en règle. Il faut désormais être aussi en possession d’une pièce d’identité pour justifier de cette dernière à l’homme à la casquette étoilée. Faute de quoi, le voyageur s’exposera à une amende de 120 euros si elle est payée sur le champ et de 170 euros pour un paiement différé. Et attention : il faut présenter un document original, pas une photocopie ou une capture de la CNI sur smartphone. Sans oublier d’étiqueter chacun des bagages.
Pour le moment, nous sommes encore dispensés de montrer nos certificats de vaccination et les passagers « clandestins » ne sont pas encore jetés par-dessus bord.
Mais au… train où vont les choses...
Lorsque l’on reçoit une invitation, il est courtois d’y répondre. Éventuellement en déclinant. L’ambassadeur de France à Moscou a ainsi été convié à la cérémonie d’investiture de Vladimir Poutine, lequel pourra se maintenir à la présidence jusqu’en 2030 (au moins) après sa réélection triomphale obtenue à 88,5 % des voix sans réel adversaire.
Contrairement aux diplomates de la plupart des pays occidentaux, notre ambassadeur s’est rendu au pince-fesse du Kremlin alors qu’aucun autre pays du G7 n’a participé à cette petite sauterie organisée en l’honneur de quelqu’un faisant l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour de justice internationale pour « crimes de guerre ».
Convoqué à trois reprises depuis le début de l’année pour des « explications » après les déclarations d’Emmanuel Macron sur la possibilité d’envoi de troupes au sol, la présence de l’ambassadeur de France a surpris, à tout le moins.
Il faut croire que la politique a des raisons que la morale ignore.
J.-M. CHEVALIER