L'edito de JMC - Protégez

L’edito de JMC - Protégez-moi de mes amis...

S’il est entendu depuis Clemenceau que la guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée aux militaires, peut-on pour autant confier nos destinées aux politiques qui nous gouvernent ? La question mérite d’être posée pour l’Ukraine, qui se bat depuis deux ans contre une invasion russe. Alors qu’elle est en grande difficulté devant un agresseur plus puissant en nombre de soldats et en matériels, elle ne sait pas toujours jusqu’à quel point elle peut compter sur la fidélité (et la fiabilité) de ses alliés.

Par exemple, pour débloquer les 50 milliards promis par l’Europe, il fallut insister lourdement auprès de la modeste Hongrie de Viktor Orban dirigeant le plus proche de Vladimir Poutine. Par son possible véto, il pouvait en effet bloquer le versement indispensable à Kiev. Heureusement, les 26 avaient quelques arguments à avancer : le non-virement des subventions européennes à Budapest qui en a besoin pour boucler son budget. Si le Premier ministre hongrois a fini par céder, ce n’est sûrement pas pour défendre les Ukrainiens : la solidarité de son pays, qui doit tant à l’Europe, n’a rien d’évident. Les enseignements de la lutte des générations précédentes, qui s’opposèrent en 1956 au joug russo-soviétique, sont oubliées sur les rives du Danube.
La Pologne et les Pays baltes, qui sont aux premières loges de la guerre, se montrent les plus généreux envers leur malheureux voisin : ils fournissent des armes en quantité et font rougir leurs cartes bancaires. Ces pays savent qu’ils pourraient être les prochains sur la liste de l’ogre de Moscou si par malheur la Russie l’emportait...
Les Allemands, dont l’histoire du XXe siècle est également liée à l’Ukraine, apportent un soutien raisonnable, même si les chars Leopard livrés s’avèrent être en piteux état (une douzaine seulement seraient opérationnels…). La France reste forte en paroles mais modeste en aides. Elle a promis la livraison d’une quarantaine de canons Caesar supplémentaires, dont elle espère partager la facture avec d’autres pays européens.
L’Amérique de Joe Biden fait ce qu’elle peut. Elle a déjà donné du matériel et de l’argent, mais le robinet est pour le moment tari. Les Républicains les plus conservateurs mégotent sur le versement attendu par Kiev pour acheter de nouvelles munitions. Il conditionnent leur accord à… la construction d’un mur anti-immigration à la frontière mexicaine (vous voyez le rapport ?).
L’on peut craindre le pire si Donald Trump devait être réélu en novembre prochain. Il est navrant, pour ne pas dire plus, de constater à quel point il s’éloigne de ses alliés européens. Il va jusqu’à menacer d’encourager la Russie de « faire ce qu’elle veut » avec les pays de l’Otan qui ne paieraient pas assez pour leur défense. Il n’a pas dit un mot sur la mort d’Alexeï Navalny dans sa prison russe (sauf après coup à se comparer à lui lorsque le tribunal de New York l’a condamné pour fraude à 355 millions de dollars d’amende). Même Poutine n’en espérait pas tant...
Il faut craindre qu’un Trump réélu ne s’accorde avec Poutine sur le dos de l’Europe. Cette dernière ne doit plus être naïve et se mettre en condition d’assurer sa propre sécurité. Il y a urgence, chaque jour qui passe le montre davantage encore.

Jean-Michel CHEVALIER

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