Un retour espéré à la (...)

Un retour espéré à la diplomatie

Comme elle ne peut peser sur le cours des événements au Proche-Orient, la France envoie au large de Gaza deux porte-hélicoptères transformés en navires hôpitaux pour apporter une aide humanitaire à la population gazaouie. C’est le moins que l’on puisse faire même si cela demeure très insuffisant par rapport aux besoins humanitaires sur place. Le petit territoire, n’offrant par sa taille aucun refuge sûr, sur lequel survivent 2,4 millions de personnes, est méthodiquement pilonné par des bombardements. Ils font de nombreux « dégâts collatéraux » comme disent cyniquement les chancelleries. Aujourd’hui Tsahal assure être au cœur même de la ville.
Bien qu’une grande partie de la population civile se soit réfugiée dans le sud de la bande ainsi que le recommande Israël, elle ne se trouve nulle part en sécurité. On prend avec précaution les chiffres des victimes annoncés par le Hamas qui est, pour l’instant, la seule source « d’information » sur place, mais il est certain que les blessés et les tués se comptent par milliers.
Une fois de plus la spirale de la violence est enclenchée. Comme un siphon d’eau, elle attire tout le monde vers le bas et n’entraînera que du malheur sans rien régler sur le fond du problème, insoluble à défaut d’être indolore. Le Hamas a pris il y a un mois l’initiative d’une barbarie indicible en commettant des atrocités d’un autre âge. Il se mêle à la population gazaouie prise elle aussi en otage, la transformant au besoin en bouclier humain. Il s’agit bien de « terrorisme » et de « crimes de guerre », au-delà de la « simple » lutte armée d’un peuple.
De son côté, Israël est un État démocratique qui ne peut être mis à égalité avec une organisation totalitaire et sanguinaire. Pour autant, cela ne signifie pas que son droit à assurer sa sécurité et à se défendre soit sans limites. Ses plus fidèles alliés appellent Benyamin Netanyahou à la retenue, pour le moment en vain. Ce n’est pas faire preuve d’antisémitisme que de critiquer le jusqu’au boutisme du Premier ministre israélien, les bombardements et leurs terribles conséquences sur la population civile de Gaza. Quel que soit son camp, une victime qu’elle soit palestinienne ou juive en vaut une autre, et réciproquement.
Beaucoup s’inquiètent d’une possible extension du conflit. De bons amis en coulisse soufflent sur les braises. Les opinions publiques ne comprennent pas où Israël veut aller alors que l’offensive terrestre en cours est présentée comme un piège, un bourbier, aux retentissements internationaux certains et déjà visibles. La guerre des images est à l’œuvre depuis le 7 octobre 2023. Il est loin d’être certain que l’État hébreu en sorte gagnant s’il continue dans cette voie.
Quant à la France, elle joue un rôle de médiateur bien modeste dans ce conflit qui heurte toutes les sensibilités. Elle n’est hélas pas en mesure d’entrouvrir une porte de sortie dans la guerre qui enflamme la planète et pour laquelle se joue davantage que le contrôle d’un tout minuscule territoire.

J.-M. CHEVALIER

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