Ville de Nice : Un budget pour rassurer
- Par Sébastien Guiné --
- le 20 décembre 2024
Le budget 2025 de la ville de Nice a été voté mercredi 18 décembre en conseil municipal malgré la farouche opposition de conseillers écologistes.
« Opposer à l’instabilité nationale notre solidité municipale »
Avant de procéder au vote du budget primitif, le maire de Nice Christian Estrosi a commencé par dépeindre un tableau peu réjouissant de la situation politique et financière de la France. « Les signaux négatifs s’accumulent », a-t-il affirmé en référence à la nouvelle dégradation de la note par l’agence Moody’s. « Face à cette situation, j’ai une responsabilité : rassurer les Niçois, les soutenir et opposer à l’instabilité politique nationale notre solidité municipale. Notre devoir est de soutenir le pouvoir d’achat des familles dans les moments les plus compliqués. C’est ce que nous faisons avec ce budget. Nombreuses seront les familles niçoises qui bénéficieront d’un coup de pouce, avec à titre d’exemple le trousseau de rentrée scolaire », a-t-il poursuivi. Il s’est également félicité de « maintenir l’enveloppe de subventions aux associations à hauteur de 25 millions d’euros » pour 1 200 associations, « à l’heure où les financements dédiés au monde associatif sont réévalués voire supprimés ».
Mais sa présentation n’a pas convaincu la conseillère municipale écologiste Juliette Chesnel-Le Roux : « Votre budget et vos choix budgétaires sont consternants. Cette mauvaise gestion s’est déjà traduite par une augmentation brutale des impôts qui s’est ajoutée cette année à l’augmentation du coût de la vie. Il y a eu la hausse du coût des transports et une dégradation de certains services publics ». Elle a également évoqué le montant très important selon elle de la dette par habitant, de 1 560,93 euros.
Colère
Vendredi 13 décembre, sur le plateau de France 3 Côte d’Azur, le député niçois Éric Ciotti avait lui aussi formulé des critiques identiques : augmentation de 25 % de la taxe foncière cette année, hausse de 15 % de la taxe sur les ordures ménagères l’année dernière et hausse des tarifs pour les transports en commun. Il a, lui, parlé d’un endettement de près de 4 600 euros pour chaque Niçois, en incluant la Métropole et les budgets annexes. Au sujet de la dette, mercredi lors du conseil municipal, Juliette Chesnel-Le Roux s’est un peu embourbée après avoir reproché à l’équipe municipale en place d’emprunter à un taux d’intérêt moyen « élevé », de 3,90 %, alors que le taux moyen annuel de l’encours des emprunts bancaires et obligataires est en fait de 2,75 %. Cette erreur a provoqué la colère du maire, accusant alors la conseillère écologiste de divulguer de fausses informations. Certains échanges qui ont suivi, notamment au sujet de la répartition de la dette par habitant, avaient plus leur place dans une cour de récréation que dans une salle de conseil municipal.
Le débat a été clos par les explications limpides, bien qu’inévitablement un peu techniques, de la part de Philippe Pradal, expert-comptable et président de la commission des finances.
« L’un des meilleurs »
Au sujet de la dette, Christian Estrosi a ensuite rappelé que la capacité de désendettement de la ville se situait aux alentours de huit années, soit sous le seuil d’alerte de 12 années. La semaine dernière,il avait confié à la presse que ce budget était « l’un des meilleurs », « si ce n’est le meilleur », « paradoxalement, dans cette période d’instabilité ». Il s’était réjoui de pouvoir le présenter « avant Noël » et en prenant en compte le « coup de rabot » attendu en cas de vote du budget de la France pour 2025 et calculé à 18 millions d’euros. Celui-ci n’est plus d’actualité en raison de la motion de censure à l’encontre du gouvernement Barnier mais personne ne sait ce que réserve le gouvernement Bayrou à ce sujet.
À Nice en 2025, il est prévu plus de 124,2 millions d’euros de dépenses d’investissement, dont 37,6 millions d’euros pour le verdissement de la ville, 16,4 millions pour la vie scolaire et 16,4 millions pour le rayonnement culturel. Les trois priorités du budget 2025 pour la cinquième ville de France sont la sécurité, la proximité et le pouvoir d’achat des Niçois ainsi que la santé et la cohésion sociale.
D’où viennent les économies pour 2025 ?
Afin de boucler un budget avec des investissements en hausse de quatre millions d’euros par rapport à 2024 (124,2 millions d’euros contre 120,2 millions d’euros) tout en tenant compte d’un « coup de rabot » de 18 millions, il a fallu faire des économies. « Nous tenons compte des résultats du budget 2024 qui sont bons », a expliqué Christian Estrosi vendredi 13 décembre lors d’une conférence de presse à l’hôtel de ville. « Nous avons, dès 2024, serré la vis sur un certain nombre de sujets : la réduction de la flotte automobile, des personnels partis à la retraite non renouvelés, ce qui nous permet d’améliorer notre autofinancement », a-t-il poursuivi. Il a également mis en avant les « bons résultats qui sont les nôtres en matière de taxe de séjour, des économies supplémentaires que nous faisons sur la maîtrise de la masse salariale et sur les gains de productivité liés à la dématérialisation et sur des taux favorables que nous avons renégociés avec des intérêts à payer plus faibles ».
« Sans endettement »
Le directeur général des services, Bastien Nespoulous, a ajouté dans ce volet des économies réalisées la baisse des prix de l’électricité. Vincent Foucher, directeur général adjoint, a assuré que les efforts de gestion avaient porté « principalement sur les frais de fonctionnement ». « Nous n’avons pas sacrifié les investissements et les ventes de biens communaux sont tout à fait la marge. Aujourd’hui nous arrivons à financer nos investissements grâce à notre autofinancement. C’est un élément essentiel : des investissements sans endettement », a-t-il assuré. Au cours de cette conférence de presse, Christian Estrosi avait tenu à rappeler n’avoir « jamais été de ceux des élus locaux qui ont dit que ce qui nous est promis est une horreur et que c’est impossible d’y arriver », précisant que beaucoup avaient reporté à janvier, février voire avril le vote de leur budget. Si Toulouse, Marseille et Paris ont déjà voté leur budget, Nantes ne le fera que fin janvier et Lyon en mars.
- La sécurité : 92,9 millions d’euros avec notamment la poursuite du financement de l’hôtel mutualisé des polices, près de 300 caméras de surveillance en plus, environ 150 boutons d’alerte supplémentaires et le recrutement de 50 policiers municipaux.
- La santé et la cohésion sociale : 78,6 millions avec notamment l’ouverture de deux maisons de santé supplémentaires, une rue d’Italie et l’autre à Nice-Est, et des travaux de rénovation de certaines crèches.
- L’environnement et l’aménagement du territoire : 78 millions avec, entre autres, la fin de l’aménagement de la Promenade du Paillon, le verdissement du boulevard de la Madeleine, la requalification de l’avenue Notre-Dame et la mise en service du grand parc paysager de la Plaine du Var.
- L’éducation : 118,1 millions d’euros, notamment pour le programme 100 % culture à l’école, la poursuite des travaux d’isolation, de chauffage et de climatisation des établissements et les fournitures scolaires pour la rentrée 2025.
- La culture, le sport et les loisirs : 178,3 millions d’euros qui serviront pour la livraison de la bibliothèque Louis Nucéra, totalement rénovée, pour la Biennale des Arts pour le sommet de l’Océan, pour la réfection du muséum d’histoire naturelle ainsi que pour le dojo du Ray, le terrain de sport des Eucalyptus et la piscine Saint-François.