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Covid-19 : prévenir et convaincre, le double défi de la vaccination

La France s’attaque au défi d’une vaccination à grande échelle qui apparaît comme le seul espoir de victoire sur l’épidémie. Mais un Français sur deux est encore réticent.

En l’absence de traitement contre le coronavirus, la vaccination constitue le seul moyen d’endiguer l’épidémie. Et l’unique espoir d’un retour à une forme de normalité dans notre quotidien. Une cinquantaine de vaccins est actuellement en test dans le monde, mais la France n’a pour l’instant autorisé, via la Haute autorité de santé (HAS), qu’un seul produit, celui mis au point par Pfizer et BioNTech, dont le taux d’efficacité est annoncé à 95%. Combien de Français devront se soumettre à la piqûre pour que la campagne de vaccination atteigne son objectif ? En tenant compte du fameux R0 (le nombre qui quantifie la reproduction du virus à partir d’une personne contaminée), de l’efficacité du vaccin et de l’immunité déjà acquise par 10% de la population, selon l’Institut Pasteur, les scientifiques estiment que la vaccination doit être réalisée sur 60% d’entre nous. Selon les chiffres annoncés par le Premier ministre Jean Castex, la France va disposer de 200 millions de doses, ce qui lui permettra de vacciner 100 millions de personnes, deux injections à trois semaines d’intervalle étant nécessaires. La campagne a débuté le 27 décembre dans un hôpital de Seine-Saint-Denis, où des soignants et des personnes âgées sont entrés dans l’histoire en devenant les premiers vaccinés contre la Covid-19 du pays. La France, comme la plupart de ses voisins européens, a choisi de protéger en priorité les seniors et les personnes à risque.
Le R0 est variable. Certaines personnes propagent en effet le virus plus que d’autres, soit pour des raisons biologiques, qui tiennent à leur charge virale, soit parce que leur activité les met en contact d’un grand nombre de personnes. Si la campagne de vaccination ciblait en priorité ces super contaminateurs ou super propagateurs, le taux de la population à vacciner serait moindre (43%).

Calendrier

La première phase de vaccination va réellement se dérouler en janvier et février auprès des résidents des Ehpad, dont l’âge les expose à un risque de forme grave. Leur vie en collectivité est aussi un critère de priorité retenu par les autorités sanitaires. Seront également concernés les personnels vulnérables de ces établissements, soit un total d’un million de personnes. En mars débutera la deuxième "vague" de vaccination, dont bénéficieront les plus de 75 ans, les plus de 65 ans présentant des risques et les soignants de plus de 50 ans, soit 14 millions de Français.
Il faudra attendre la fin du printemps pour que le vaccin soit accessible à l’ensemble de la population, sur la base du consentement et non de l’obligation. Il sera gratuit, le gouvernement ayant budgété 1,5 milliard d’euros pour assurer l’approvisionnement. L’Agence nationale de sécurité du médicament a promis des rapports hebdomadaires sur les effets secondaires.

Effets indésirables

Il faudra patienter jusqu’à la mi-janvier pour que l’Agence européenne du médicament, puis la HAS en France, émettent leurs avis sur le vaccin du laboratoire Moderna, déjà autorisé aux États-Unis. En attendant cette potentielle deuxième arme, seul le vaccin baptisé Comirnaty, développé par Pfizer et BioNTech, est administré dans notre pays. À court terme, les effets indésirables sont connus et rappelés par la HAS, à savoir des douleurs au point d’injection et un petit syndrome grippal avec céphalées, fatigue et gêne articulaire. Ces effets sont "pour la grande majorité légers" et ne durent pas. L’agence européenne du médicament a documenté quelques cas plus graves : 4 paralysies faciales et 2 réactions allergiques.

Malgré les discours rassurants, un Français sur deux n’entend pas se faire vacciner contre la Covid-19. Dans un entretien à France Info, la présidente du collège de la HAS, Dominique Le Guludec, a souligné que cette défiance est habituelle en France. Et peut-être due à la vitesse à laquelle les vaccins ont été mis au point. Et de rappeler que "la science s’est mobilisée d’une façon incroyable, ce qui explique cette rapidité". Elle n’est malheureusement pas encore en mesure de dire si les personnes vaccinées, qui ne souffriront donc d’aucun symptôme en cas de contact avec le virus, seront ou pas contagieuses. Sur une éventuelle inefficacité face aux mutations du SARS-CoV-2, la communauté scientifique se veut, à ce jour, rassurante.

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