Salon Objectif Santé (...)

Salon Objectif Santé 2022 : l’essentiel à retenir des interventions

Cette nouvelle édition du Salon Objectif Santé, sous l’égide du Docteur Bernard Flipo, initiateur de la manifestation, organisée par le Rotary du Sud-Est (Alpes-Maritimes, Var, Monaco et Corse), a tenu toutes ses promesses !

Soutenu par le Conseil Départemental des Alpes-Maritimes, la CCI Nice Côte d’Azur, la Ville de Nice et le groupe Nice-Matin, ce rendez-vous santé devenu incontournable, a été inauguré par le professeur Patrick Baqué, Doyen de la Faculté de Médecine de Nice, Michèle Flambart-Griffe, Gouverneur 2022-2023 du Rotary District 1730, le docteur Jean-Pierre Laffitte représentant Charles-Ange Ginésy, Président du Département des Alpes-Maritimes et de la Communauté de Communes Alpes d’Azur, Philippe Pradal, 3ème Adjoint de la Ville de Nice et Vice-Président de la Métropole Nice Côte d’Azur et Barbara Prot, conseillère municipale de Nice, chargée de la Prévention et de l’Éducation à la santé auprès de Christian Estrosi, Présidente de SOS Cancer du sein.

Chacun des élus azuréens a mis l’accent sur l’enjeu prioritaire du sport pour tous et de la prévention sanitaire, quel que soit l’âge.
L’événement accessible à tous publics a rassemblé près de 300 personnes (azuréens, varois, monégasques et marseillais) venus écouter lors des conférences plénières animées par Nancy Cattan, chef de rubrique santé du groupe Nice-Matin, les conseils de professionnels de santé reconnus ainsi que les témoignages de sportifs de haut-niveau (à l’instar de Stéphane Diagana, Charles Rozoy, et Victoria Ravva) et débattre sans tabous avec eux sur des thématiques aussi diversifiées que « les problématiques du handisport », « la femme et la compétition », « Les atouts et dérives du sport business », « Coeur et Sport, amis ou ennemis », « les blessures des sportifs et leur impact dans leur parcours », « le sport et l’inclusion sociale », « l’activité physique, médicament du cancer », « la diététique du sportif au quotidien », « les bénéfices physiques et psychologiques du sport et ses dommages collatéraux », « l’activité physique et la sexualité » « le sport de l’école à la Fac et la reconversion des sportifs professionnels »…

Un tour d’horizon complet sur les différentes facettes du sport, ses bienfaits et les excès à éviter pour rester en bonne santé ! Les thèmes abordés, les animations ludiques (quizz, concours et tombolas), les apprentissages pratiques au sein des espaces exposants, ont séduit l’ensemble des participants.

Le sport et l’économie de la santé : l’essentiel à retenir

Stéphane DIAGANA, aujourd’hui Consultant pour France Télévision et conférencier en entreprise aux côtés de Nancy Cattan, chef de rubrique santé à Nice-Matin. DR

« Le mouvement est essentiel à la vie comme la respiration » rappelle Stéphane Diagana qui stigmatise les nouveaux modes de vie urbains, favorisant tertiarisation, sédentarisation et robotisation. Forts d’une méta-analyse de l’Inserm [Institut national de la santé et de la recherche médicale] révélant en 2008 que 9 millions de personnes sont atteintes de maladies chroniques en France en constante progression, générant 40 milliards d’euros de dépenses médicales, qui pourraient être réduites grâce à une activité physique régulière selon la communauté médicale, Stéphane Diagana et son épouse Odile décident de lancer un projet innovant dans les Alpes- Maritimes : la création d’un campus Sport santé sur la technopôle de Sophia Antipolis. Entourés de médecins, coachs, diététiciens et experts, leur objectif est multiple : accueillir en résidence des fédérations d’athlétisme en vue de la préparation des JO de Paris 2024, proposer un large éventail d’activités physiques à coûts abordables à des patients atteints de maladies chroniques tels que le diabète de type 2 et un accompagnement interdisciplinaire adapté à des sportifs amateurs, adeptes du running, cyclisme, triathlon et trail.

Le sport sur ordonnance : réalité à court terme ou utopie ?


Stéphane Diagana milite pour une meilleure prise en charge médicale financière de l’activité physique prescrite tant du point de vue préventif que thérapeutique afin de réduire le nombre de maladies chroniques. Il a ainsi affiné avec son épouse et l’équipe médicale qui soutient leur projet, un programme de recherche- baptisé « l’As du coeur  » sur une durée de 3 ans (de 2021 à 2023) financée par l’Etat - sur les effets médico-économiques de la pratique d’une activité physique adaptée chez des patients atteints d’affections coronariennes de longue durée. Ce programme a été déployé récemment dans 5 régions-pilotes au sein de 9 centres SSR partenaires et 38 structures APA : AURA, Bretagne, Centre Val de Loire, PACA et Occitanie et 11 départements (02, 06,13,35,37,41,42,63 et 83).
« Grâce au régime social des indépendants de la Côte d’Azur, nous avons eu accès à des données de dépenses de santé. Nous avons ainsi pu calculer l’impact des économies réalisées, rapportées au coût d’intervention. Sur un échantillon restreint azuréen en 2021 de 47 patients coronariens pour un coût forfaitaire par patient sur 5 mois de 592 €, nous avons constaté une diminution de 30 % des dépenses annuelles de santé grâce à la pratique d’une activité physique adaptée, soit 2877 € d’économie par patient. Ces premiers résultats permettent d’ores et déjà de modéliser une prise en charge financière de l’activité physique. Nous avons poursuivi notre étude de juin à octobre 2022 avec un panel expérimental de 585 personnes dans 5 régions-pilotes territoriales. Les patients bénéficient de 40 séances d’activité physique encadrées et 20 séances en autonomie. Les résultats seront publiés en décembre prochain. Une étude nationale à plus grande échelle financée par l’Etat, sur environ 1 700 personnes, sera réalisée en 2023 pour confirmer ces résultats. Les Jeux olympiques offrent par ailleurs une opportunité unique de développement du sport-santé, de l’école à l’Université. Nous devons saisir cette chance pour influer sur les politiques locales et contribuer à l’instauration de nouveaux modes de vie urbains dans tous les secteurs : transports, rythmes scolaires, équipements structurels. »

L’activité physique, médicament du cancer


Le docteur Thierry Bouillet, cancérologue, nous met en garde contre les excès de la sédentarisation, générant surpoids, baisse de la masse musculaire voire atrophie faute d’activité physique et à terme la survenue de cancers du sein et de l’endomètre chez les femmes en période de pré et post-ménopause, de cancers du Colon chez les hommes particulièrement mais également de l’oesophage, des reins, du pancréas et de la vésicule biliaire.
Le surpoids augmenterait chez les adultes le risque de certains cancers de 26 à 32 % et l’obésité de 8 à 17 %.
Inversement, les risques de cancer diminueraient de 5 % avec 2 heures d’activité physique par semaine et de 28 % avec 6 heures environ d’activité physique hebdomadaire. Thierry Bouillet recommande en préventif d’effectuer 30 minutes d’activité modérée 5 fois par semaine ou 20 minutes d’activité physique intense 3 jours par semaine. Les athlètes de haut niveau qui s’entrainent à un rythme élevé au quotidien voient ainsi leur risque de mortalité dû au cancer se réduire de 40%.
L’alimentation joue également un rôle essentiel dans la préservation d’une bonne santé. Un menu équilibré au quotidien induit 32 g de fibres alimentaires par jour, 400 g de fruits et légumes, 500 g de viande rouge et 6 g de sel.

De façon globale, l’activité physique régulière adaptée chez les patients affectés par un cancer améliore la qualité de vie sur les plans physique, psychologique, social et spirituel. Elle réduit la fatigue et les autres risques (diabète, maladies cardio-vasculaires, ostéoporose, troubles neuro dégénératifs).

Coeur et sport : amis ou ennemis ?


Le docteur Alain Ducardonnet, cardiologue, médecin du sport, ancien médecin du Tour de France, consultant BFM sport, nous livre quelques clés sur les bienfaits d’une activité physique ou la pratique d’un sport réguliers. En
réduisant sa fréquence cardiaque (équivalent en moyenne à 60 battements par minute) et en augmentant le débit de sa circulation sanguine moyenne de 25 litres à près de 40 litres (sportif de haut niveau), le pratiquant d’une activité physique apprend à son coeur à travailler à l’économie. En fournissant à son coeur plus de sang tout en battant moins vite, le sportif améliore ses performances et diminue les risques cardio-vasculaires (coronaropathie,
artérite, HTA, insuffisance cardiaque, diabète de type 2).


L’inactivité physique et la sédentarité sont deux enjeux de santé publique importants. Aujourd’hui, 1 adulte sur 3 combine un manque d’activité physique (soit 42 % des femmes et 29 % des hommes) avec une durée des comportements sédentaires trop importante (le temps passé assis chez les adultes atteint 12h les jours travaillés et 9 h les jours non travaillés).

« L’ennemi N°1 du coeur reste l’effort inhabituel, intense, maximal et brutal. Chez une personne qui n’est pas entraînée, le risque d’accident cardiaque est multiplié par 30 tandis que pour une personne pratiquant une activité physique régulière adaptée, le facteur est abaissé à 80%. Le coeur est de plus en plus diesel avec l’âge. 1500 morts subites par an surviennent pendant ou au décours immédiat d’une activité physique intense. Le dépistage des situations à risque est donc prioritaire. Le sportif doit également tenir compte des risques liés à l’environnement : le froid, l’altitude et l’hypoxie, la chaleur (hyperthermie) et le rayonnement solaire, la déshydratation, la fatigue et le stress. Un programme d’activité physique modéré ajoutera de la vie à vos années, autant que des années à votre vie. Par contre, courir trop vite, trop loin ou pendant trop longtemps peut accélérer l’avancée de chacun vers la ligne d’arrivée de sa vie. » conclut-t-il.

Quand le sport dope le cerveau


Les effets de l’activité physique sur le cerveau sont riches et complexes, explique le docteur Renato Colamarino, neurologue, selon l’intensité de l’effort fourni. Le sport bien dosé peut stimuler les capacités cognitives, la mémoire et le désir sexuel en augmentant les taux de testostérone, de dopamine et de sérotonine. Il améliore les conditions cardio-vasculaires, le tonus musculaire y compris pelvien, la confiance en soi et le système immunitaire. Il suscite un effet euphorisant et anti-douleurs, grâce aux endorphines sécrétées par l’activité physique. A contrario, en excès, il peut provoquer du stress, des dépressions, une fatigue générale et l’absence de désir sexuel. Pour rester performant dans tous les domaines, il s’agit donc de préserver un juste équilibre entre activité physique régulière modérée et activité sexuelle, conditions sine qua non d’une bonne santé globale.

La femme et la compétition : parité, maternité, tabous et enjeux financiers

Victoria Ravva, ancienne volleyeuse pro ©DR

« En 1896, lorsque Pierre de Coubertin lance les JO d’Athènes, il les déclare réservé aux hommes uniquement, » raconte Carole Maître, gynécologue et médecin du sport à l’INSEP. Sous l’impulsion d’Alicia Milliat, Présidente de la Fédération des sociétés féminines sportives de France, les femmes sont admises aux JO de 1928, dans 5 disciplines. Ce n’est qu’aux JO de 2012 que 44% des disciplines leur sont officiellement accessibles, 48% aux JO de Tokyo (100 % de parité en 2024 ?), sur fond de tabous non réglés pour préserver les performances : menstruations (84% souffrent de douleurs chroniques), fragilité du périnée et fuites urinaires, grossesses stimulées et avortements provoqués.
De nombreux risques peuvent être évités par un suivi adapté.
Un contexte complexe dont témoigne Victoria Ravva, ancienne volleyeuse pro, dix-neuf fois championne de France et double championne d’Europe avec le RC Cannes, à la longue carrière de 14 à 40 ans, qui explique les coulisses du sport business. « Pour attirer des sponsors dans cette discipline concurrentielle, il est impératif de faire le show, d’assurer un spectacle permanent médiatisé. Sans sponsoring, un club ne peut survivre. L’argent dope le sport et peut le corrompre quand des sommes colossales sont en jeu (transferts de joueurs, jeux en ligne). Il nous permet de vivre de notre passion durant une période éphémère."

Le sport, toutes disciplines confondues, représente un marché mondial de près de 800 milliards d’euros caractérisé par une distribution disparate des richesses.

Les salaires des volleyeuses varient en fonction de l’expérience et du
classement de l’équipe (ligue 1, seconde division) et les carrières sont courtes. Les sportives doivent vite prévoir leurs reconversions professionnelles et suivre des études pendant leur parcours sportif, ce qui est difficile.

Le sport, jeu mature ou immature ?


Pour Claude Maillet, psychiatre, nos 3 cerveaux – le reptilien, le limbique et le néocortex- conditionnent notre état d’être et notre évolution. Si le cerveau reptilien, garant de notre survie, fonctionne de façon primaire (fuir en cas de danger, se nourrir et se reproduire), notre cerveau limbique, siège des émotions, nous piège dans le jeu permanent du Je mature et immature. Le sport est selon lui un jeu immature qui glorifie par la compétition le petit moi, soumis au miroir du monde extérieur, du gain, de la victoire et de la possession s’opposant à la sagesse du sportif mature, en quête d’accomplissement de soi et de bonheur personnel, en toute autonomie, indifférent à l’opinion sociétale.

Les séquelles des blessures jusqu’au handisport


Vivien Laguet, médecin du sport des jeunes recrues de l’OGC Nice, confirme, de son côté, la récurrence de nombreuses blessures traumatisantes, notamment chez les joueurs de 8 à 15 ans, sur-sollicités par des entrainements intenses et affectés régulièrement par des apophysites (pathologies de fatigue mécanique des cartilages de croissance et des cartilages articulaires) généralement au niveau du genou, qui fragilise les sportifs tant physiquement que moralement dès lors qu’ils sont renvoyés sur le banc de touche par leur entraîneur. Quelle solution ? «  Il faudrait sélectionner en priorité des joueurs dotés d’un retard de croissance morphologique car plus résistants à l’effort ou que soient respectés 15 jours d’arrêt en moyenne afin que le sportif ait le temps de récupérer ; mais en fonction des enjeux, ces délais ne sont pas toujours appliqués suscitant un taux de récidive de 15 % et des fractures précoces. »

Comment le sport m’a sauvé la vie : d’un destin olympique à paralympique

Charles Rozoy, champion de natation olympique et paralympique en 2012 ©DR

Le parcours sportif exemplaire de Charles Rozoy, champion de natation olympique et paralympique en 2012, jalonné d’épreuves, de doutes, de volonté et de courage force l’admiration et témoigne des capacités de résilience et du mental exceptionnel des sportifs de haut niveau, en quête avant tout de dépassement de soi pour réaliser leurs rêves. « Dès l’enfance, mon rêve était de devenir champion olympique. J’ai découvert la natation à l’école maternelle et me suis entraîné sans relâche (12 h d’entrainement et 43 kms parcourus chaque jour). Je finis 4ème à mes premiers championnats de France. Viré de l’équipe, je sombre dans la dépression et prends du poids. Peu à peu, je me remets à nager, reprends la compétition et devient en 2008 champion de France de natation du 50m papillon. Malheureusement renversé par un motard la même année, je perds l’usage de mon bras gauche arraché par la glissière avec fracture ouverte de l’humérus. Après une phase de dépression, je me tourne vers l’handisport et me prépare activement aux JO de Londres. La motivation revient et le goût de la compétition aussi, pour moi, pour mon bonheur. Je décroche à 25 ans, la médaille d’or du 100 m papillon aux Jeux paralympiques de 2012.Challenge réussi. »
Aujourd’hui, conseiller au Ministère des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées, Charles Rozoy milite pour les « Jeux de la différence » à parité égale avec les JO, en pool position

JO 2024 : vecteur d’inclusion ou d’exclusion sociétale ?


« Le sport de compétition est avant tout un sport d’équipe donc d’inclusion sociétale par excellence », confirme Philippe Manassero, Président du CDOS06 (comité départemental olympique et sportif des Alpes-Maritimes) depuis 2013. « Porteur de nombreuses valeurs (le respect, la détermination, l’endurance, la cohésion), il stimule les talents, les liens sociaux, dope les bonnes énergies, fédère les joueurs, favorise le bien vivre ensemble dans la diversité, porté par la dynamique du label « génération 2024  » ;

Lancée en association avec le comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, cette initiative invite les écoles et établissements scolaires, de formation professionnelle et les universités volontaires à :
- renforcer l’offre sportive scolaire et la conjuguer avec l’offre sportive en club
- permettre aux clubs sportifs locaux d’utiliser les installations sportives de l’école, ou de l’établissement
- participer à des événements promotionnels olympiques et paralympiques durant l’année scolaire et universitaire
- accompagner, accueillir des sportifs de haut niveau et bénéficier de leur parrainage 2 842 écoles, établissements scolaires et universitaires sont déjà labellisés, soit une participation de plus d’1 L’objectif est d’atteindre 20 % d’écoles et établissements labellisés à l’horizon 2024.
« La France qui a utilisé l’ensemble des infrastructures intra-muros existantes rénovées et réaménagées est bien prête pour les jeux 2024. Reste à stimuler nos jeunes athlètes au travers des maisons santé, pass’sport santé et autres mesures attractives pour les attirer dans nos clubs et préparer d’ores et déjà la génération de l’après 2024. Leur engouement croissant et l’afflux de licenciés confirme cette tendance. »

Photo de Une : (De gauche à droite) : Claude Maillet, psychiatre, Charles Rozoy, médaille d’or aux jeux paralympiques de 2012, Renato Colamarino, neurologue, Philippe Manassero, Président du CDOS06, Vivien Laguet, médecin de la team espoir de l’OGC Nice, Nancy Cattan, chef de rubrique santé du groupe Nice-Matin, modératrice et Bernard Flipo, gynécocancérologue, initiateur et organisateur de la manifestation en synergie avec le Rotary 1730 ©DR

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