Egalité des sexes : (...)

Egalité des sexes : le long combat des personnes différentes

Le monde du sport est régulièrement traversé par des polémiques sur la "nature" des compétiteurs. Des questions complexes, qui interrogent aussi la société civile

Les nageuses, les lanceuses de poids et de javelot de l’ancienne Allemagne
de l’Est avaient des carrures de forts des Halles. Le régime communiste
voulait alors exporter l’image de sa puissance et faisait de chaque réunion sportive internationale un rendez-vous de propagande. On se doutait bien que ces athlètes ne consommaient pas seulement de l’eau minérale et il fallut attendre les années 2000 pour "découvrir" les dérives que l’on n’a pas eu envie de voir auparavant.
Les mordus de ski alpin se rappellent le cas de Erika Schinneger, skieuse autrichienne médaillée d’or en descente en 1966 au Chili devant Marielle Goitschel. À l’époque, la championne olympique était surnommée Antoine car elle avait une apparence physique masculine et ressemblait au chanteur à chemise à fleurs. L’année suivante, un test salivaire confirmait qu’elle était en fait un homme. Sportivement, elle a rendu la médaille "imméritée" à sa concurrente française et les deux sportives sont depuis restées amies. Volley, athlétisme, ski, judo...
Toutes les disciplines ou presque ont été un jour concernées par les différences de la biologie et l’état civil. En 2016, le CIO a autorisé des personnes "intersexuées", nées hommes et devenues femmes, à participer à des compétitions féminines sous réserve d’un contrôle du niveau de leur taux de testostérone, hormone stéroïdienne. Le débat reste ouvert dans les fédérations sportives - et même au sein d’états - pour permettre aux compétiteurs de se trouver en harmonie avec la perception de leur corps
en évitant d’arriver à un déséquilibre entre les deux sexes, étant entendu que les hommes sont évidemment plus "rapides" et plus "forts" pour des raisons qui tiennent à la physiologie. La frontière est ténue pour éviter les discriminations. Il est admis qu’une concentration élevée de testostérone procure un avantage. Les tricheurs y ont recours, l’exemple le plus célèbre étant celui du Canadien Ben Johnson, bourré de stéroïdes, déchu de sa
médaille d’or du 100 mètres à Séoul en 1988 après un scandale planétaire. Un arbre, qui cache une forêt...

La participation de sportifs intersexués relève d’un règlement éthique qui à ce jour ne fait pas l’unanimité. La solution passe t-elle par une troisième catégorie "neutre" comme déjà envisagé en Australie, en Allemagne, en Inde par les législations de ces pays ?

Le tribunal fédéral suisse vient de rejeter le recours de Caster Semenya, championne olympique du 800 mètres, athlète "hyperandrogène" dont le taux de testotérone est naturellement aussi élevé que chez un homme, qui refuse de "se droguer" pour revenir au standard féminin classique. Par équité pour les autres concurrentes, la juridiction helvète l’empêche désormais de concourir sur les distances comprises entre le 400 m et le mille. "Je continuerai le combat pour les droits des athlètes femmes, sur la piste et en dehors de la piste, jusqu’à ce que nous soyons libres de courir comme nous sommes nées" a réagi Caster Semenya.

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