Joan Mitchell, influenceuse avant l’heure...


Culture


21 septembre 2025

Des oeuvres à redécouvrir pour le centième anniversaire de la naissance de Joan Mitchell.

Le FAMM - le musée des femmes artistes de Mougins - et la Fondation Maeght de Saint-Paul-de-Vence célèbrent conjointement le centième anniversaire de la naissance de Joan Mitchell. Cet événement fera du bruit sur trois continents, car il s’inscrit dans un vaste cadre réunissant les États-Unis, l’Australie et la France autour de l’artiste et de son œuvre.
Initiée par la Joan Mitchell Foundation située dans le quartier de Chelsea à New York et son antenne à La Nouvelle-Orléans, cette série d’expositions, de conférences et de publications s’exerce en partenariat avec 70 musées.

Avec une forte présence en France, où Joan Mitchell a vécu et travaillé une grande partie de sa vie. Aux États-Unis, ces musées possèdent une autonomie suffisante pour le
moment, sans que les mesures politiques restrictives de l’administration Trump sur la culture aient d’impact sur ces commémorations.

Si nous revenons sur la vie remarquable d’une peintre, et sa carrière déroulée sur quatre décennies, c’est pour évoquer l’influence que cette femme d’envergure a exercée autour d’elle, et quelques figures qui brillent autour d’elle. Joan Mitchell a fait l’objet de son vivant et depuis sa mort d’une reconnaissance institutionnelle, à travers des expositions majeures, comme celle qui fut abritée en 2022-2023 à la Fondation Louis Vuitton. L’artiste mettait en regard la vision de ses paysages intérieurs avec les paysages impressionnistes de Claude Monet. La Fondation Maeght conserve quant à elle « Mon paysage », une huile sur toile de 260 sur 180 cm, vigoureusement peinte en 1967. Les amateurs azuréens retrouveront aussi « Rufus Rock », peinte en 1966, exposée toute l’année au musée FAMM de Mougins, qui exprime la fascination de Joan Mitchell pour les éléments naturels, le vent et la
lumière. On retrouve aussi d’autres œuvres au Centre Georges-Pompidou et au Musée d’Art moderne de Paris.

Langages

À Paris justement, elle croise de nombreux artistes dans les cercles de l’abstraction et de l’expressionnisme abstrait.
Jean-Paul Riopelle fut son compagnon. Elle entretient des liens artistiques productifs avec Sam Francis et Shirley Jaffe.
Les deux Américaines, Shirley Jaffe et Joan Mitchell, se retrouvent donc à Paris, fréquentent les mêmes ateliers. La première sous-loue celui de Louise Bourgeois, la seconde n’est pas très loin, elles exposent dans les mêmes galeries. Toutes deux se retrouvent dans l’admiration de Kandinsky, de Bonnard et de Matisse, toutes deux discutent de couleur mais travaillent de manière différente leur propre langage.
Shirley Jaffe, référence de la peinture abstraite au tournant du XXe et XXIe siècle, avait fait l’objet d’une exposition au musée Matisse en 2024. Joan Mitchell maintient également des liens avec Willem de Kooning, Franz Kline et Philip Guston. Les influences entre peintres se croisant sans cesse, c’est Guston qui influence Mitchell par son approche de la couleur et de la forme. Par un juste retour des choses, c’est Mitchell qui apporte à Guston une sensibilité particulière à la lumière et au paysage. Guston, à la différence de Mitchell, reviendra à la figuration dans les années 60.
À l’occasion de l’exposition « Couleurs ! » au forum Grimaldi à Monaco, « La Peinture au lit » de Guston exploite avec brio, et une certaine audace, la couleur rose, si difficile et si symbolique, que redoutent en général les peintres parce qu’elle peut facilement faire basculer dans le kitsch, le sentimental, la naïveté.

Ces événements offrent une bonne occasion d’approfondir la connaissance et l’étude de la vie et de l’œuvre de cette artiste majeure, en mettant en lumière son influence durable sur ses contemporains.

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Marie Lesimple