2 octobre 2025
C’est certainement le village de la Vésubie qui a le plus souffert de la violence de la tempête
260 millions d’euros ont déjà été investis dans les travaux de reconstruction.Il en faudra encore 150 pour parvenir au bout de ce chantier titanesque.
Focus sur un village particulièrement touché : Saint-Martin-Vésubie. C’est certainement le village de la Vésubie qui a le plus souffert de la violence de la tempête Alex avec 90 maisons détruites et 73 autres démolies par la suite et c’est sans compter les ponts, les routes, la zone artisanale... À lui seul, il concentre 180 millions des investissements de la vallée.
Éric se promène le long de la rivière, le regard perdu dans le lit du torrent. « J’ai 70 ans, je pense que je ne reverrai plus jamais le paysage que j’ai connu, ça prendra 15, 20 ans. Je sais qu’ils font ce qu’ils peuvent mais c’est long. » À Saint-Martin, les habitants vivent avec un bruit de fond presque permanent depuis 5 ans : celui des camions et des véhicules de chantier mais personne ne s’en rend plus vraiment compte.
Ces derniers mois, la physionomie du village a beaucoup évolué. Ivan Mottet, le maire, a
retrouvé une certaine sérénité : « Aujourd’hui je suis moins inquiet parce que le contour du
village a été bien enroché. Il y a beaucoup moins de risques que des parties du village soient
emportées. » D’autres chantiers ont avancé, les abords du Vesúbia Mountain Park, le Boréon, le vallon du Vernet. Des échéances sont connues pour les ponts de Venanson et Maïssa : livraisons
prévues au premier trimestre 2027.
Saint-Martin a désormais une station-service et la caserne des pompiers sera implantée à l’entrée du village.
La route de la Madone, 11 km pour accéder au sanctuaire, reste fermée. « Un gros point d’interrogation : l’enquête sur les travaux réalisés par les entreprises est toujours en cours. On est obligé d’attendre que les experts décident ce qu’il en est. On est encore dans le domaine du judiciaire. La Métropole ne peut engager de nouveaux chantiers tant que le résultat de l’enquête n’est pas connu. » Le cimetière, autre épine dans le pied des décideurs publics, devrait être reconstruit à côté de l’ancien, sur des jardins potagers en partie à l’abandon mais des verrous restent à débloquer. « On devrait voir le bout du tunnel dans un an. » Même cas de figure pour la gendarmerie : un terrain en plein centre du village doit accueillir le projet mais le maire déplore de nouvelles entraves : « tout est signé, les travaux doivent commencer mais on a un recours… C’est ça qui ne va pas. L’État devrait intervenir en envoyant quelqu’un examiner les conditions sur le terrain pour dire si le recours est valable ou pas. C’est anormal ces histoires de recours parce qu’on en a sur tout et c’est pour ça qu’on met 5 ans pour réaliser quelque chose et quand on arrive au bout, on peut encore avoir des recours. » Il y a aussi la zone artisanale que les entreprises locales attendent toujours et dont le choix du nouvel emplacement se heurte à une question d’interprétation de sa position par rapport à la loi Montagne.
Le maire est épuisé de cette inertie et de ces délais à rallonge. « Ils ont tellement de services et ils ouvrent tellement de parapluies au-dessus d’eux qu’avant qu’on fasse quelque chose, il se passe des années avant d’obtenir satisfaction donc c’est compliqué. »
Depuis le début de sa mandature, Ivan Mottet a cumulé : « J’ai eu à gérer la Covid, les tempêtes Alex et Aline… et les tempêtes politiques. Le maire aujourd’hui fait un travail qui n’est pas le sien. Ce n’est pas une mission de maire que je fais, 80 % du travail depuis 5 ans concerne les suites des tempêtes Alex et Aline. »