Réutilisation des eaux usées traitées : Absence totale de cohérence de l’État alerte l’Agglomération Cannes Lérins


Politique


22 décembre 2025

Cannes Lérins affirme vouloir poursuivre le développement de la réutilisation des eaux usées sur son bassin de vie

Dans un communiqué adressé à la presse ce 22 décembre, l’Agglomération Cannes Lérins tire la sonnette d’alarme après la décision prise ce lundi par la Commission locale de l’eau (CLE) de la Siagne. La CASA explique que la CLE, suivant la position des services de l’État représentés par le sous-préfet de l’arrondissement de Grasse, a choisi de ne pas considérer la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) comme une ressource à part entière dans la stratégie de préservation de l’eau, privilégiant à la place une politique de restriction des usages.

Une orientation que la collectivité juge « incompréhensible » et en totale contradiction avec les engagements nationaux en matière de gestion de l’eau, alors que les tensions sur la ressource s’accentuent sous l’effet du changement climatique.

Une solution déjà opérationnelle sur le territoire

Dans son communiqué, l’Agglomération Cannes Lérins rappelle qu’elle a été l’une des premières collectivités françaises à déployer la réutilisation des eaux usées traitées à grande échelle. Depuis l’été 2023, cette eau est utilisée pour des usages non potables tels que le lavage des voiries, l’arrosage des espaces verts ou des terrains sportifs. En 2025, environ 170 000 m³ d’eau traitée ont ainsi été réutilisés sur le territoire.
Ces projets, développés après plus de dix ans de démarches administratives, reposent sur des équipements de traitement de haute technologie et sur des études scientifiques attestant de leur sécurité sanitaire, souligne l’agglomération.

Une position jugée contradictoire avec les objectifs nationaux

La CACPLpointe une contradiction entre la position défendue localement par l’État et les orientations affichées au niveau national. La collectivité rappelle que le président de la République s’est engagé, dans le cadre du Plan Eau, à porter la part de réutilisation des eaux usées traitées à 10 % d’ici à 2030, notamment dans les zones littorales. Elle souligne également que plusieurs pays européens, comme l’Espagne, l’Italie ou l’Allemagne, ont déjà fait de la REUT un outil structurant de leur politique de l’eau, sans difficulté sanitaire, tandis que certains pays du Proche-Orient recyclent une très large part de leurs eaux épurées.

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Des conséquences financières et stratégiques

Selon l’agglomération, la décision de la CLE pourrait avoir des conséquences concrètes, en limitant l’accès à certaines subventions pour l’Agglomération Cannes Lérins et ses partenaires, dont la Communauté d’agglomération du Pays de Grasse et le SICASIL, alors que des projets d’ampleur sont développés à l’étranger autour de cette ressource alternative.
Malgré cette position, l’Agglomération Cannes Lérins affirme vouloir poursuivre le développement de la réutilisation des eaux usées traitées sur son bassin de vie, en complément des actions de sobriété déjà engagées. Elle met en avant un projet présenté comme inédit à l’échelle européenne, qui permettrait, à terme, d’apporter davantage d’eau aux milieux naturels et à la Siagne que l’ensemble des autres mesures prévues dans le SAGE. Un débat qui, selon la collectivité, ne relève plus d’un choix idéologique mais d’une adaptation pragmatique face à la raréfaction de la ressource en eau.


Valérie Noriega