Le niçois Guillaume Néry : l’homme profond

Plutôt beau gosse. Avec un physique longiligne et sec, il aurait très bien pu s’orienter vers une carrière de mannequinat. Il s’est forgé progressivement une musculature à force de tutoyer les abysses maritimes. Le Niçois Guillaume Néry, 29 ans, est un phénomène dans sa discipline : 4 records du monde. Et un titre de champion du monde acquis en 2011. Pourtant, Guillaume Néry n’était pas prédestiné à l’apnée. Les autres maîtres de la discipline ont souvent débuté par la natation. Pas lui.

C’est à l’adolescence que tout a débuté. « J’ai commencé par hasard l’apnée à 14 ans en faisant un concours avec un de mes copains de classe. Nous devions éviter de prendre notre respiration pendant le maximum de temps, le tout était chronométré. Ce jour là, il m’a battu », s’amuse-t-il. Vraisemblablement piqué dans son orgueil, caractéristique des très grands champions, Guillaume « a tenté de s’améliorer tout au long de l’année et de battre le record de son ami, une fois rentré à sa maison ». Ce qu’il a réussi.

La patience, clé de la réussite

Sa préparation ne consiste pas seulement à descendre dans les profondeurs. Quelques sports, comme le cyclisme ou le ski de fond, qu’il pratique sont essentiels dans l’entraînement de ce jeune homme « passionné par la nature ». Un travail tout en amont dont on soupçonne l’existence. Pour arriver à ce niveau, il a pu compter sur ses capacités innées. Mais il est arrivé au sommet surtout grâce à un énorme travail. « J’aime repousser mes limites, mais j’ai su être patient pour ne pas brûler les étapes ». La patience est le maître mot pour sa réussite. « Cette activité peut être très dangereuse si on veut tout faire rapidement. Il faut avoir le respect de la mer, un élément très difficile à apprivoiser », confie le jeune Niçois.

La performance n’est (plus) une fin en soi

Ce sportif accompli ne recherche pas les performances. « J’aime plonger dans la grande bleue, pour réaliser un voyage à l’intérieur d’un univers infini ». Son objectif aujourd’hui est de prendre le maximum de plaisir à continuer son sport, sans cibler les records. Plonger rationnellement. C’est comme ça que Guillaume fonctionne. « Il n’a jamais été question de jouer avec les éléments. Viser les records pour les records ne m’intéresse pas. Je garde l’idée de pureté et d’harmonie qui sont l’essence même de la discipline ». Guillaume Néry, devenu père il y a deux mois, a toujours eu la tête sur les épaules.