Clans : Maria, pauvre

Clans : Maria, pauvre cloche, victime d’un gros coup de foudre...

Finalement, rien ne vaut un paratonnerre... Malgré les aléas du temps, le petit village de la Tinée a fini par réinstaller "Maria" dans le clocher de l’abbatiale.

À Clans, on est fou de sa cloche. La belle "Maria" a longtemps fait l’orgueil de ce village médiéval de la vallée de la Tinée. Haute de 72 centimètres, elle en impose par le raffinement de son ornementation, avec des inscriptions en caractères gothiques, des tableaux moulés comme celui qui représente la vierge tenant l’enfant Jésus dans ses bras.
Elle fut fondue en 1582, hissée dans la collégiale. C’est la doyenne des cloches de l’ancien comté de Nice.
Représentant l’esprit du christianisme, elle a accompagné la vie des Clansois pendant trois cents ans. Des générations ont entendu avec émotion son timbre se propager dans le village et les montagnes environnantes, égrener les heures. Elle était aussi chargée de prévenir les villageois de l’orage, on lui attribuait le pouvoir d’éloigner la foudre lorsque les fidèles se regroupaient sous le porche de l’église pour prier…

Mais, hélas, malgré les incantations et la ferveur, un jour, elle fut... foudroyée et fendue.
La légende locale fixe cet événement à la date du 11 novembre 1918, alors qu’elle sonnait l’armistice. La mention "a glorieusement
terminé sa mission sacrée le jour de l’armistice" atteste en tous cas de son état de service patriotique.

L’abbatiale sainte Marie de Clans. (DR Mossot)

Pendant 73 ans à Nice...

Dans la vérité des faits, la voix de "Maria" s’est cassée le 3 mai 1924. Sa réparation, décidée en conseil municipal le 28 juillet 1928, s’est avérée impossible. On demanda alors un devis pour refondre une nouvelle cloche.
4 070 francs : trop cher pour le village. Le conseil municipal décida alors de la faire fondre, mais les Clansois s’y opposèrent.

Le clocher de la collégiale ne resta cependant pas silencieux puisqu’elle fut remplacée par une sœur parfaitement jumelle. Il faut préciser que la population, fine et éclairée, s’est toujours mobilisée pour préserver son patrimoine et ses œuvres d’art : déjà, en 1796, les biens de l’église avaient été soustraits au vandalisme des révolutionnaires...

"Maria" a donc trouvé refuge au musée Masséna à Nice, où elle resta pendant 73 ans. Ce n’est qu’en 2002, avec le concours de James Dauphiné, maire de Clans à l’époque, qu’elle retrouva son village pour s’y reposer définitivement.
Touchée par la foudre, envolée et finalement revenue : l’histoire de la cloche de Clans est la même que celle de Pomponnette dans "La femme du boulanger"…

"Maria" avait la réputation de protéger son village de la foudre depuis 1582. Mais le 3 mai 1924... (DR Mossot)

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