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L’armistice payée au prix fort dans les Alpes-Maritimes

Neuf mille Poilus originaires du département ont laissé leur vie sur les champs de bataille et des milliers de civils sont morts de la grippe espagnole.

11 novembre 18, le soulagement.

Lorsque le clairon a sonné dans les tranchées ce matin du 11 novembre 1918, lorsque les cloches ont annoncé à grande volée l’Armistice dans toutes les villes et villages de France, les soldats ne sont pas rentrés dès le lendemain à la maison... Il fallut le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, pour que la paix revienne enfin dans cette Europe meurtrie par quatre années de conflit. Les Poilus survivants du XVème corps durent attendre juillet 19 pour commencer à regagner leurs foyers...

Le télégramme maudit

Inauguré en 1927, le monument aux morts d’Antibes dit "Le Poilu" a coûté 243 818 francs.
Il est l’un des plus imposants de France.
Plus de deux cents noms sont gravés dans la pierre pour l’éternité... (DR)

Même éloignées du front, les Alpes-Maritimes n’ont pas traversé indemnes cette tragédie. Ses 163ème et 363ème régiments d’infanterie auront perdu près de trois cents officiers et des milliers de soldats tués en
Alsace, en Champagne, dans les Ardennes, au chemin-des-Dames, à Verdun...
Les chasseurs alpins des 6ème BCA de Nice, du 23ème de Grasse, du 27ème et ceux de Villefranche-sur-Mer et les marins paieront aussi le prix du sang.
C’était il y a un siècle, c’était hier.

La grande Histoire vécue par les Poilus, dont chaque famille française conserve la mémoire et une affection particulière. Mille, cent mille, des millions de petites histoires personnelles, de destins abîmés ou brisés.

Ces années de souffrance ont profondément modifié la société. Dans les villages de nos montagnes, les monuments aux morts témoignent que les Azuréens n’ont pas été les derniers à se sacrifier. Les gendarmes ont
régulièrement apporté le télégramme maudit -souvent plusieurs fois dans la même famille- pour annoncer que le père, le fils, l’oncle ou le cousin sont "morts pour la France".

Seize tués à Illonse. Cinquante-neuf à Roquebillière (dont douze patronymes
Corniglion et huit Fassi). Soixante-quatorze à Saint Martin-Vésubie. Huit à Saint Dalmas-le-Selvage, quarante-deux à Tourrette-Levens. Cinquante deux à Levens... Un nombre proportionnel à la population de chaque clocher. Parmi eux, des paysans, des artisans, des commerçants, des instituteurs, des
curés...
Au total, la guerre fit 9 120 tués originaires de notre département.

Après l’Armistice, tant espérée, plus rien ne fut comme avant : les femmes avaient eu beau travailler à la ferme, les campagnes manquaient de bras. Ce fut le début de l’exode rural, de la désertification, des restanques abandonnées.

Le 11 novembre, vers midi...

Entre 1911 et 1921, Puget-Théniers et son arrondissement perdirent 3 000 habitants, celui de Grasse 6 000, quand dans le même temps Nice en gagnait 10 000... La fin d’une époque, qui ne fut pas toujours belle.
Sur Nice, justement, de grands hôtels furent transformés en hôpitaux, même le Negresco et le Parc Impérial, pour soigner les gazés, les blessés, les gueules cassées.
Plus qu’une explosion de joie, ce fut surtout un grand soulagement de Menton à Théoule, de Saint Martin-du-Var Valdeblore, de
Saint Etienne-de-Tinée à Rimplas, quand les cloches annoncèrent le 11 novembre 18 vers midi la fin des hostilités. Un drapeau tricolore hissé sur la mairie, une Marseillaise, l’attente impatiente du retour des soldats, pour ceux qui eurent la chance de revenir.
Quelques années plus tard, les villages se cotisèrent pour construire leur monument sur lequel est gravé, pour l’éternité, le nom de ces héros anonymes qui nous disent encore aujourd’hui "plus jamais ça !"

Photo de Une : Un bataillon de chasseurs alpins du 23ème BCA de Grasse : les Maralpins furent aux "premières loges" pendant toute la durée du conflit. (DR)

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