L'Océanie au bout du (...)

L’Océanie au bout du cours Saleya à la Galerie Lapita à Nice

Galerie Lapita vous propose une exposition exceptionnelle d’objets d’art
océanien en tridacna gigas ou bénitier fossilisé depuis le 10 février.
Des trésors, mais aussi un livre, « Tridacna gigas : objets de prestige en
Mélanésie » écrit par Didier Zanette et Eric Lancrenon. Le temps d’une
dédicace, l’explorateur passionné a dû s’envoler de nouveau pour la
Nouvelle-Calédonie. Nous l’avons saisi au vol…

Didier ZANETTE était venu de Nouméa où il dirige d’ailleurs une galerie
d’art réputée dans tout le Pacifique. Dans son livre, il dévoile le caractère
emblématique de ces objets rares, véritables oeuvres d’art. En Mélanésie,
le bénitier fossile, fait de matériau rare et incroyablement façonné,
trouve son utilité dans le reflet du prestige des chefs. Cinq et sept ans
de travail pour sculpter certaines pièces, l’auteur nomade nous en livre
les secrets…

Le Pacifique, une terre d’exploration ?
Didier Zanette : Initié à l’art africain dès mon plus jeune âge, c’est tout
naturellement que mon intérêt se porte vers des pièces océaniennes. Spécialiste
des arts premiers du Pacifique, je mène une quête depuis de
nombreuses années à travers les pays de l’Océanie, en Mélanésie, en
Australie, en Indonésie et en Asie du Sud-Est. J’ai passé ce début de millénaire
à collecter, au plus profond des forêts et des vallées, auprès des
populations vivant encore aujourd’hui en harmonie avec leurs traditions,
des pièces utilisées pour des besoins usuels ou rituels.

Votre livre a été présenté au Salon International du Livre Océanien en
novembre dernier, comment est né ce livre ?

L’envie de partager mon attachement à la culture océanienne se traduit
par l’édition d’ouvrages centrés sur la culture mélanésienne. Je me suis
lancé dans une collection intitulée « Et si nous parlions l’Océanien ? », en
2008 est paru le premier volume : 100 kundu papous ; en 2009 : 100
objets de navigation de Mélanésie et en 2010 : le Bestiaire mélanésien,
100 représentations. Le quatrième volume dédié aux ustensiles de cuisine
doit paraître en mi-2012. Chaque livre est décliné sur le même concept
et s’adresse autant au grand public qu’aux amateurs d’art océanien. La
présentation de 100 spécimens d’une même famille d’objets est une invitation
à voyager sur une zone géographique peu connue, à s’imprégner
de modes de vie traditionnelle oubliés, à remonter dans le temps. Je tente
de donner aux lecteurs une vision élargie des aptitudes artistiques et de
la vivacité des créations océaniennes. Sur le terrain, je prends de nombreuses
photographies qui viennent témoigner du contexte dans lequel
les objets vivent encore aujourd’hui.

Les bénitiers sont de véritables trésors, pourquoi ces objets ? Pourquoi
vous intéressent-ils ?

Ces objets incroyables risquent de tomber dans l’oubli, ce livre est destiné
à rendre aux objets en tridacne la place qu’ils méritent au panthéon
des oeuvres d’art océaniennes. Le nombre des anciens qui possèdent
la mémoire des faits et des savoir-faire se réduit d’années en années.
Les générations d’aujourd’hui ne sont plus systématiquement porteuses
des histoires du clan. Sans écrit, de nombreuses traditions risquent de
tomber dans l’oubli. Ce livre conservera pour les générations futures,
une part importante des connaissances liées aux objets en bénitier, aux
moyens mis en oeuvre pour les élaborer, à leur utilité, aux messages
qu’ils véhiculent. C’est une démarche d’ouverture et de démocratisation
du savoir, qui participe à la sauvegarde du patrimoine de l’oralité, à la
découverte des peuples mélanésiens dans l’expression de leurs arts et
coutumes ancestrales.

Outre une convalescence forcée, quels sont vos projets ?
Je retourne en Papouasie très prochainement et à mon retour, j’organise
début avril une grande exposition d’art aborigène à Nouméa avec la
venue de deux grandes artistes de Papunya Tula, originaires du désert
central. Mon ambition est de faire la même chose à Nice pour faire découvrir
cet art ancestral à la fois spirituel et contemporain.

Visuel : « Anneau barava zaru », avec étonnant personnage central vu de face et accroupi, Choiseul, Iles Salomon © Galerie Lapita

Galerie Lapita, 1 place Charles Félix à Nice au bout du cours Saleya.
http://www.lapita-oceanicart.com/ho...

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