Philosophie et art à (...)

Philosophie et art à la Fondation Maeght

Olivier Kaeppelin, directeur de la Fondation Maeght, nous explique rapidement l’esprit de l’exposition, avant la visite détaillée par Bernard-Henri Lévy.

Olivier Kaeppelin, suit toujours le même fil
rouge depuis 15 ans : « il faudrait que l’art
nous permette de comprendre le monde ». Pour
cette grande exposition de l’été, il s’est adapté
aux thématiques de Bernard-Henri Lévy, pour
mieux les rejoindre : la fin des grands récits
(post-soviétisme…), le lien entre les poètes, les
philosophes et l’art. Tous deux ont construit
cette exposition faite de compromis entre leurs
deux personnalités : Bernard-Henri Lévy a
poussé Olivier Kaeppelin à mettre les choses
en contradiction pour mieux comprendre le
monde. De ces échanges est ressortie l’idée
principale de l’exposition qui est « l’art comme
pensée, confrontée à la philosophie ».
Olivier Kaeppelin a également tenu à préciser
le titre de l’exposition, parfois mal perçu. « Les
aventures de la vérité », il s’agit bien d’aventures,
car il est proposé aux visiteurs le rapport
entre l’individu et les oeuvres d’art. En d’autres
termes, il n’y a pas de réponse toute faite, pas
de vérité absolue. Tout un chacun doit faire sa
propre aventure de la pensée.

Bernard-Henri Lévy explique ensuite les 7 séquences
de l’exposition, qui représentent 160
oeuvres en tout.
La 1ère séquence intitulée « La Fatalité des
ombres » explore l’intérieur de la caverne de
Platon et ainsi le rapport de l’illusion au réel.
Ensuite, dans la 2e séquence, « Technique du
coup d’Etat », les peintres se posent la question
de savoir comment dire à la chrétienté
que l’image est quelque chose de positif. Pour
cela, ils inventent la fable de Véronique, jeune
juive, qui a tendu son fichu à Jésus, imprimant
par là même son visage dessus. C’est comme
cela que l’image devient positive aux yeux des
chrétiens.

Puis, « La Voie Royale » (3e séquence) est alors
ouverte : la peinture devient la voie royale pour
accéder aux « choses cachées du monde »
(dont parlait René Girard), pour le pire comme
pour le meilleur. Ici, la peinture a pris sa revanche
sur une philosophie qui l’abaissait. On
pressent aussi le mystère de la mort (plusieurs
oeuvres du dernier souper autour du Christ…).
Pour dépasser cela, la philosophie de Nietzsche
nous éclaire (4e séquence : « Contre-Etre ») :
au lieu d’arpenter le monde balisé par les philosophes
et essayer de l’expliquer, Nietzsche
veut réinventer le monde. Cela comporte des
risques : accoucher du cauchemar, mais aussi
cela peut être la chance d’inventer un temps
avec moins de malédictions.
La 5e séquence (« Tombeau de la philosophie »)
symbolise la lutte entre l’Etre et le Contre-Etre :
en effet, y a-t-il une place pour les deux ? La
peinture ne peut que contempler le cadavre de
la philosophie.
Puis la philosophie prend le dessus sur l’art
dans « La revanche de Platon » (6e séquence),
en « avalant » littéralement l’art, comme très
clairement représenté dans l’oeuvre de Guy
Debord.
Enfin, dans « Plastèmes et philosophèmes » (7e
séquence), l’art et la philosophie arrivent à travailler
ensemble. L’apaisement est atteint. C’est
la fin de la parabole de Bernard-Henri Lévy.
L’exposition est d’une richesse incroyable.
Toutes les époques se côtoient : oeuvres du
XVIe siècle, art contemporain… Les artistes
réunis ici sont extrêmement connus et on ressort
de cette exposition en ayant un sentiment
d’abondance. La profusion des oeuvres est
d’un éclat rarement atteint. Seul bémol, il est
parfois difficile de s’y retrouver parmi tous ces
chefs-d’oeuvre, en particulier l’agencement des
indications sur les oeuvres n’est pas toujours
très clair.

« Les aventures de la vérité » à la Fondation Maeght jusqu’au 11 novembre 2013. Commissariat d’exposition : Bernard-Henri Lévy.

Visuel : Bernard-Henri Lévy, expliquant le sens de son exposition
© Emilie De Freitas

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