Au secours, les sondages

Au secours, les sondages sont de retour !

Les sondeurs français n’avaient pas plus vu venir l’éviction de Lionel Jospin du second tour en 2002 que leurs collègues américains l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Parce qu’au final, ce sont quand même les électeurs qui décident, et que même s’ils se retrouvent matraqués à longueur de journée sur les radios et télés des "tendances" du moment, il reste toujours cette glorieuse incertitude du sort avec quelques pour cents imprévisibles qui font l’élu et le battu. Alors à chaque loupé des sondages, nous assistons au même discours : "plus jamais ça, on fera de la politique autrement". Les journalistes sont les premiers à entonner ce refrain. Ce qui ne les empêche pas de retomber aussitôt dans les mêmes travers parce qu’il faut bien apporter du grain au moulin des émissions et articles. Regardez ce qui se passe en ce moment : le duc de Bordeaux, qui était tellement favori des sondanges il y a encore un mois qu’on se demandait même pourquoi on organisait des primaires, se ferait soudain remonter sur sa droite et son centre par un François Fillon qui, en bon pilote du Mans, aurait enclenché une irrésistible dynamique. Et certains d’en conclure que l’ancien hôte de l’Elysée pourrait enfin quitter sa banlieue de Neuilly en se qualifiant in-extremis pour le second tour, surtout que le chevalier blanc Emmanuel Macron a décidé de se lancer dans l’arène...
Tout cela n’est évidemment pas très sérieux. Et l’on plaint les sondeurs de devoir "lire" dans le marc de café sachant qu’on... ne sait qui va aller voter (des gens de droite, du centre, de gauche ?). Tout cela fait frissonner les états majors des candidats et discuter au comptoir du bar du commerce. Dès dimanche soir, les instituts nous expliqueront doctement qu’ils avaient bien vu venir Sœur Anne - et ce ne sera pas NKM - et que si les résultats ne sont pas conformes à leur boule de cristal, ce sera de faute des électeurs décidément imprévisibles.

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