Avocats : oui à la retrait

Avocats : oui à la retraite... de la réforme

Les barreaux de Nice et de Grasse poursuivent leurs actions : occupation pacifique, pique-nique, blocage de la machine judiciaire. Pression maximale.

Ils n’ont pas "tombé la chemise" comme dans la chanson, mais accroché leurs robes aux grilles du palais de justice de Nice. Un geste symbolique fort. Et organisé un pique-nique sur le parvis du vénérable bâtiment, avec merguez, chipolatas, ketchup ou mayonnaise, le tout arrosé d’un petit rosé de Provence ou de bière pression. Mais si l’ambiance ce lundi midi était bon enfant à Nice, elle n’était pas pour autant festive, puisque les Avocats du barreau avaient décidé à l’unanimité quelques instants auparavant de poursuivre leur mouvement, et même de le durcir. Pour obtenir le retrait pur et simple de la réforme des retraites qui pénalise la profession.

La bâtonnier Thierry Troin n’y va pas par quatre chemins : "Le projet, s’il est adopté, va entraîner la disparition de beaucoup d’entre nous. Nous ne comprenons pas une réforme injuste, qui va supprimer des Avocats et qui restreindra l’accès du justiciable face au juge. Moins il y a d’Avocats, moins il y a de démocratie, moins il y a de protection des libertés".
Derrière lui, de nombreux professionnels protestent contre l’augmentation des cotisations alors même que les régime des Avocats est auto-suffisant et qu’il participe à la solidarité en versant aux régimes déficitaires. "Il y a une volonté de supprimer les Avocats de proximité, ceux de province, qui sont au contact des justiciables, qui protègent les plus faibles. C’est une réforme dogmatique".

Bloquer le système pour être enfin écoutés

Les modalités précises du mouvement ont été votées en conseil de l’Ordre. "Nous nous orientons vers le dépôt d’actes bloquant l’institution judiciaire - demandes de remise en liberté, demandes de copies de dossiers au pénal etc. - pour que le gouvernement puisse enfin écouter nos difficultés".
Selon le bâtonnier, un jeune Avocat, qui n’a pas encore une clientèle constituée, gagne entre 20 et 30 000 euros par an à Nice. Pour vivre, il "fait" donc de l’aide juridictionnelle et de la commission d’office. "Avec cette réforme, leur cotisation retraite est augmentée de 14%. Dans ces conditions, ils ne pourront plus exercer leur profession. C’est pourquoi cette grève est dure. Elle défend aussi les cabinets qui ont des salariés et des collaborateurs, et qui demain devront licencier". Représentant du jeune
barreau au conseil de l’Ordre, Maître Xavier Fruton (Vice président UJA) considère que les Avocats devront subir "un doublement des
cotisations pour une pension à terme qui sera quasiment inexistante.

Aujourd’hui, pour 45 000 euros de recettes, ils paient environ 3 000 euros pour les retraites. Demain, nous serons à 7 000 euros. Pour compenser, il faudra une augmentation du chiffre d’affaires et donc des impôts. Nous devrons augmenter nos tarifs, ce qui impactera forcément le justiciable".
Tous les barreaux de France restent vent debout contre la réforme. À Grasse également, le bâtonnier Fabrice Maurel a mobilisé les Avocats de son barreau qui ont occupé les marches du palais de justice lundi, mardi et mercredi avec les mêmes revendications. Banderoles, panonceaux... Une pression maximale est exercée sur le gouvernement qui a déjà dû lâcher du lest sur sa copie initiale. Sera-ce suffisant ? Pendant plusieurs semaines encore, il est à prévoir de nombreux renvois, dont celui des procès d’assises, du jamais-vu encore dans les Alpes-Maritimes...

Visuel de Une : (Les avocats du Barreau de Nice manifestant devant le palais de justice cette semaine) DR JMC

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