Barreau de Nice : Maîtres

Barreau de Nice : Maîtres Verrier et Schwal, bâtonniers de la modernité

Maître Adrien Verrier sera le futur bâtonnier du Barreau de Nice. Dès le 1er janvier 2022, l’avocat pénaliste succédera à Thierry Troin. Il sera épaulé par Maître Cécile Schwal, une experte en droit social, qui prendra la suite de Nathalie Beurgaud au poste de vice-bâtonnier.

Une fois à la tête de l’Ordre, le duo entend mettre sa complémentarité au service de la profession, moderniser les outils dont elle dispose, accompagner les confrères fragilisés par la crise pandémique mais aussi œuvrer à l’amélioration des relations que les avocats entretiennent avec les justiciables et les autres acteurs de la chaîne judiciaire, en particulier les magistrats.

Qu’est-ce qui a motivé votre candidature ?

Cécile Schwal - J’ai toujours aimé aider mes confrères, mais le bâtonnat impliquant des responsabilités de haut niveau et un engagement très important, j’ai pris ma décision à l’issue d’une profonde réflexion. L’an dernier, j’ai participé au mouvement de grève contre la réforme des retraites aux côtés d’Adrien Verrier. Il a su trouver les mots et me convaincre d’en faire davantage pour la profession.

Adrien Verrier - J’ai prêté serment en 2002 et, dès 2003, j’ai fait partie du Conseil de l’ordre au sein duquel j’ai siégé dans différentes commissions. J’ai été particulièrement actif ces deux dernières années, suite à la désignation à la tête de l’Ordre de Thierry Troin et Nathalie Beurgaud, qui m’ont confié la lourde responsabilité de gérer le groupe de défense pénale. Cette mission, qui s’est inscrite dans le cadre de leur mandat, du contexte de grève et de la Covid, m’a motivé à poursuivre mon engagement et à servir différemment l’Ordre.
J’ai eu le sentiment que ma proposition était accueillie favorablement, mais il m’était impossible de l’envisager sans Cécile Schwal, sans son assistance et sa compétence pour compléter ce que je peux apporter. Cette candidature, nous souhaitions donc la présenter à deux.

Quelle est votre conception de la fonction et, justement, de l’exercice du bâtonnat en duo ?

Cécile Schwal - Nous avons énormément travaillé en amont sur cette complémentarité voulue. Nous avons deux façons d’exercer notre métier et nous avons pensé que cette différence devait être une force pour notre barreau, un moyen d’être plus réactif.

Adrien Verrier - Notre vision de la double fonction, c’est de ne pas prendre des décisions à deux sur tous les sujets, mais de disposer, chacun, d’une autonomie dans les domaines de compétence qui sont les nôtres.

Vous avez axé votre campagne sur le soutien des avocats et la modernisation du barreau. Quels sont vos projets dans ces domaines ?

Cécile Schwal - Nous voulons travailler sur la refonte du site internet de l’Ordre. C’est une demande des avocats et c’est important vis-à-vis des justiciables, aux yeux desquels il constitue la vitrine de notre barreau.
Nous avons également le projet, pour faciliter le quotidien de nos confrères, de créer une application leur permettant de gagner du temps. On y trouvera tous les services qui leur sont fournis par l’Ordre, mais aussi la fiche d’identité de l’avocat, les liens vers les différents organismes... Nous souhaitons en outre œuvrer pour l’image du barreau en améliorant notre communication.

Adrien Verrier - L’image de l’avocat par le justiciable n’est pas pleinement satisfaisante. Nous n’allons pas changer cette image au plan national, mais nous souhaitons l’améliorer au niveau local. Nous devons être irréprochables et réactifs dans l’accueil des justiciables, dans le traitement des contestations...
Pour promouvoir la profession et mettre en lumière sa proximité avec les citoyens, nous envisageons également un partenariat avec des médias. Il est primordial de démontrer cette accessibilité de l’avocat.

L’affaire Sollacaro a montré que les relations entre avocats et magistrats ne sont pas toujours apaisées. Comment comptez-vous les améliorer ?

Cécile Schwal - Nous avons conscience que ces relations ne sont pas au beau fixe, c’est pourquoi nous avons travaillé sur ce sujet avant cette triste affaire. Sur suggestion d’un magistrat, nous avons prévu d’organiser des rencontres entre les deux professions pour partager nos problématiques, nos ressentis d’audience et viser à l’amélioration en remettant l’avocat au cœur du système judiciaire.

Adrien Verrier - L’objectif de ces rencontres tend à quitter un instant la solennité de l’enceinte judiciaire pour se poser et échanger sur des sujets qui sont en général tabous, que nous ne pouvons pas évoquer lors des audiences. C’est le cas par exemple de la question des remboursements d’honoraires à l’avocat dans le cadre des décisions de justice, de la gestion des renvois en correctionnelle ou en matière prud’homale notamment, du temps accordé à la plaidoirie, du dépôt des dossiers...

Vous avez sondé les avocats pour recueillir leurs doléances. Qu’avez-vous appris des attentes de la profession ?

Cécile Schwal - Ce qui fait sens, pour la majorité d’entre eux, c’est que leur profession soit utile aux autres. C’est aussi ce qui formalise notre engagement.
Ils nous ont également dit qu’économiquement, nous sommes pour l’instant préservés. Les cabinets en difficulté bénéficient encore des aides, des reports de cotisations..., mais nous devons rester vigilants, car nous savons que les problèmes sont devant nous. Les avocats attendent plus d’écoute et de modernisation, confirmant que ce que nous avions préparé en amont est en phase avec leurs besoins. Les confrères ont par ailleurs relevé le poids de la dimension administrative de leur métier, qui fait d’eux des avocats mais aussi des chefs d’entreprise. Ces deux casquettes sont lourdes à porter au quotidien.

Adrien Verrier - Le soutien des confrères qui risquent de se retrouver en difficulté en 2022 ou 2023 est un point important de notre programme. Nous serons ultra-dynamiques sur cette question. Nous allons créer au Conseil de l’ordre une commission dédiée qui aura des pouvoirs décisionnaires pour agir en urgence quand il faudra éventuellement avancer des fonds ou mobiliser un professionnel en mesure d’accompagner l’avocat durant la période délicate. Nous disposons d’une caisse de secours pour cela et nous envisageons de nous rapprocher de l’Ordre des experts-comptables en vue d’un partenariat réciproque.

Vous entamez une période de passation avec Maîtres Troin et Beurgaud. Quel regard portez-vous sur leur mandat ?

Cécile Schwal - Ils ont fortement contribué au retour d’un barreau apaisé et uni. Tout ce qu’ils ont accompli a grandement participé à notre décision.
Nous nous inscrivons dans leur continuité avec un très beau regard sur leur action, d’autant qu’au-delà du contexte difficile dans lequel ils ont pris ce mandat, ils se sont heurtés à la grève et à l’épidémie.

Adrien Verrier - Avant l’élection, les candidats au bâtonnat ont participé à un débat. Et tous ont été d’accord sur un point : la qualité du travail de Thierry Troin et Nathalie Beurgaud.

Propos recueillis par Jean Prève

Photo de Une : Adrien Verrier et Cécile Schwal, binôme gagnant des récentes élections du bâtonnat au Barreau de Nice. DR J.P

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